logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

«Idukio» de Cheikh mc. Deux concepts opposés au service d’un seul message

«Idukio» de Cheikh mc. Deux concepts opposés au service d’un seul message

Culture | -   Housni Hassani

image article une
«Le» Cheikh propose son cinquième projet qui se veut personnel et universel à la fois, solaire et ténébreux en même temps. Si en matière de prods, on note une marge d’évolution par rapport à Upezo, le précédent, il semble y avoir un air de déjà-vu au niveau de certaines thématiques.

 

Vendredi, le pionnier du rap comorien, Cheikh mc, effectuait son retour avec son cinquième projet, Idukio (composé de iduku = silence et de kio = cri). La collision entre ces deux concepts littéralement opposés dès les premières pistes de l’album annonce la couleur. En effet, le rappeur propose un rap on ne peut plus personnel, un côté qu’on ne lui prêtait pas nécessairement. Dans l’intro, en featuring avec K’poral Chris, Le Cheikh revient sur sa maladie qui l’avait éloigné de l’école, «une allergie non identifiée» à cette époque et qui «touchait la peau», a-t-il confié à nos confrères de Kweli. «Entsihu wandru wakausoma tsikatsibwandaya hodahoni / Mabwade madziro yawungwa na undrwadingoni», chante-t-il. Dans cette lancée du «moi», l’auteur, compositeur et interprète évoque une annonce qui avait défrayé la chronique, pas nécessairement en sa faveur.


En effet, le 20 avril 2020, il annonçait que sa femme avait attrapé la Covid, à l’heure où aucune confirmation officielle sur l’existence de cette pandémie n’avait encore été faite au pays. Arrêté, trainé dans la boue, accusé d’être un «espion» de la France, il avait, manifestement, mal vécu ces évènements. Et il en parle, dans Ndziro, (= dur) non sans dérision. «… Wadjuha wanamia! Anduyi wamwando wahe letwaifa ndami! (…) Kwatsina hidwa watsunikaza / Tsinasibiwa neanduyi mfarantsa / Hadisi itsona koo, itsona ntsa», s’étonne-t-il. Le format de l’oeuvre épouse parfaitement la dualité entre le silence – iduku – et le cri – kio – symbolisé, ici, par des couplets plus ou moins posés qui contrastent avec un refrain où le rappeur crie littéralement en martelant : «badi entsi inu ndziro».

Plus d’une flèche à son arc

Plus personnel encore, le morceau Mhaza, sur le thème de l’amour, «le premier de ma carrière», devait avouer le rappeur. Ecrite sur une même rime(Za), la chanson est une ode à l’amour entre deux personnes qui, à priori, rien ne les rassemble, mais qui parviennent à s’entendre contre vents et marrées. Le fond colle bien à la forme puisque, dans le morceau, des airs de sambe chevauchent la prod de Faraz, harmonisés par des chœurs qui les accompagnent.Visiblement, le Cheikh a plus d’une flèche à son arc. La preuve est faite avec cette facette qu’on ne lui connaissait pas spécialement, la trap. Il en use dans le très sulfureux Ubish en featuring avec Jetcn Balacier, ou encore, dans Ndawe et «Buwe matso» en featuring avec Norena.


Cependant, la plus grande partie de l’album s’inscrit dans la lignée de Upezo, solaire, notamment sur les hits déjà sortis (Ahe, Daima et Gombesa). Ce rap mainstream destiné à la rotation en radio (le monde écoute le bled, ndrl) constitue d’ailleurs la direction musicale entreprise depuis son dernier opus, où il écume les musiques traditionnelles voir ou encore l’afrobeat comme dans le très dansant Molo molo avec Djobandjo, ou encore, Mashaka.Au niveau des thématiques, cet album n’est pas celui de l’innovation pour Cheikh mc. Avec un rap voué à la révolution (Hata ndi, Tabasam), la corruption (Ndziro), il y a comme un air de déjà-vu, une redondance qui, à la longue, ppourrait rendre inaudibles certains morceaux.

Commentaires