En cette période de grave crise économique où on a du mal à voir la présence de l’autorité publique, une pensée va vers l’artiste Cheikh Mc. Celui-là même qui, pendant des années, nous peint un tableau sombre des Comores de la pauvreté, de la corruption, de la dictature, de l’absence de liberté. Celles d’une Education en berne, d’un système de santé à bout de souffle, etc. Dans une société où la liberté d’expression perd de plus en plus du terrain, à en croire le l’Ong Reposter sans frontière(Rsf), le rappeur n’a de cesse de prêter sa plume et son art à la dénonciation, malgré les menaces. Cette longévité dans la dénonciation qui a fait de lui, le rappeur local le plus suivi.
«Naridayi zehaki zahatru
rihundre emastehi yarilazimu.
Ngarandzo mabadilih,
sha nayake harimwa mshidji,
ili rike twamayani ritsitsobaki wamezi,
hawu rikaye mcele
waho wandzo wahundre zeezi.
Msomo ndo wamwando,
no muurende pindo,
Mhomowa emadjando,
hawu bahili na msankado (…)
Msomo muurwaria,
unono wangamia.
Mahakama myarende
djumba la mkarakara.
Eka ngamwadzao ezadjiri mula
leo zitsidjiri munu,
haraka tsina mhula
mfanye zobadili zinu.
Shababi owakati udja,
Mwanantsi owusiku udja,
leo ngarandzao révolution» assène l’auteur de Anyibu dans Révolution sorti en 2014.Bien des années sont passées, mais les textes du Cheikh restent toujours d’actualité. Les mêmes problèmes semblent figés dans le temps. Révolution, Idukio, Enfant du tiers monde, Upezo, tous ces albums à travers ses tubes Hola, Mwambiye, Msadjadja, Kapvu, hamwemwewu, Anyibu ou encore Vulnérable reviennent sur la mauvaise gestion des affaires et des biens publics par l’autorité publique malgré les changements de régime.
Ngarono mayi, urumwa nahu bihwa. Faut-il faire la guerre? Le peuple est à terre. Ngarono mayi urumwa nahu bihwa, Faut-il faire la guerre?». Une interrogation que pose «Le» Cheikh dans Tabasam de son nouvel album Idukio avant de préciser un peu plus loin : «Entsi yahatru karina ulatsa, baishe twamaya wapvuzu wapatsa». Histoire de se soulager des problèmes quotidiens qui hantent les Comores.Pendant plus de vingt ans de carrière, on a l’impression que le rappeur engagé tourne en rond. Il fait appel aux mêmes mots pour décrire les mêmes maux. En écoutant Kapvu sorti il y’a douze ans, on l’impression que le morceau décrit 2022, avec les incroyables ruées sur le riz, en plus.Mais que faire si le changement désiré se fait tant désirer? Circulez, il n’y a rien à voir! C’est juste l’or qui a changé de nom.