La compagnie «Nombaba théâtre» a lancé sa tournée dans les écoles hier, mercredi 19 février à l’école privée Mtsachiwa. Les jeunes comédiens, tous des élèves de l’Ecole communautaire de Singani dans le Hambuu à Ngazidja, ont su conquérir le public avec leur création sur le thème des violences faites aux femmes et aux enfants. Un thème d’actualité dans une société comorienne où ce fléau inquiète.
Forcée à se marier en bas âge, Fatima, l’actrice principale, a épousé Ben Saïd, un neveu de son père, résidant en France. Malheureusement, tout de suite après le mariage, les choses ont dégénéré : le mari se complait à battre sa femme et ses enfants et l’a réduit en esclave, ou presque, à grand renfort de corvées de tout genre. Il a fallu qu’une avocate et amie de Fatima, Me Hadidja, porte l’affaire devant le juge pour que Ben Saïd soit incarcéré et écope d’une lourde amande.
«Dire tout haut ce que certains…»
«C’est une chance pour l’établissement Mtsachiwa d’accueillir des créations sur ces thèmes de très grande actualité partout dans le monde et, depuis quelques temps, également aux Comores. Nous en sommes ravis pour ces présentations plutôt réussies et j’espère que la compagnie Nombaba pourra les proposer dans d’autres établissements scolaires du pays. J’espère, également, qu’elle va prospérer et travailler sur d’autres thèmes tout aussi capital pour la société», s’est réjoui l’enseignant, Saïd Ahamada Tabibou.
La compagnie Nombaba théâtre recourt à tous les genres théâtraux pour faire comprendre que les violences faites aux femmes et aux enfants doivent être bannies de toute société. Dans sa deuxième création, elle a mis en scène une création sur le harcèlement et le viol en milieu scolaire. Les comédiens ont raconté tout haut ce que beaucoup choisissent de taire pour protéger les coupables.
«J’ai bien aimé les prestations. Elles ont montré qu’il y a des lignes rouges à ne pas franchir notamment les violences faites aux femmes et aux enfants. Par ailleurs, la prestation avec les clowns m’a ouvert les yeux sur le fait que lire est bien plus important que de se réfugier dans les écrans. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes ont tendances à se réfugier dans les écrans et ils oublient le plus essentiel dans ce monde. Je souhaite intégrer la compagnie Nombaba et apporter ma pierre à l’édifice», devait déclarer l’élève, Saïd Athoumane Djamil, de la classe de 4e à l’école privée Mtsachiwa.
«Une école, une troupe?»
Le co-metteur en scène de la Compagnie, Irham Tilmidh, pour sa part, a déploré le fait que la Culture soit «aussi délaissée» dans le pays jusqu’au théâtre qui, selon lui, a, par le passé, été une chose essentielle dans la société comorienne. «Je trouve que les jeunes comédiens ont parfaitement assuré, la qualité de leur prestation laisse entrevoir un talent inné. Je pense qu’il faut tout entreprendre pour le professionnaliser. Nous avons été bien accueilli par le public de Mtsachiwa qui nous a suivis du début à la fin. Cela fait plaisir. J’espère que chaque école pourra disposer de sa compagnie de théâtre, de slam ou encore de danse qui pourra sensibiliser sur des thèmes divers et apporter de la joie aux élèves et au public», a conclu Irham Tilmidh.Après l’école privée Mtsachiwa, la compagnie Nombaba théâtre va jeter l’ancre à Singani, ce 22 février, avant de se rendre à l’établissement Emaf de Dzahadjuu la Hambuu.
On ne peut que leur souhaiter bonne route!