Le président de l’Association des personnes en situation de handicap, Ismaël Saïd, a présenté son premier ouvrage, Parcours de vie, handicap, expériences et enseignements, vendredi dernier à l’Alliance française de Moroni. En cinq chapitres, l’auteur présente un récit émouvant sur les personnes à mobilité réduite, dans un pays où elles sont, trop souvent, perçues comme étant des bouches à nourrir et rarement comme des acteurs de la société. Un regard que l’auteur «essaye de faire changer à travers cette ouvrage».
«En CP, l’instituteur avait refusé que je sois admis à l’école pour la simple raison que j’étais handicapé», se remémore Ismaël Saïd. Alors que sa famille et d’autres personnes avaient tout fait pour lui faire changer d’avis à l’instituteur, Saïd a dû attendre jusqu’à l’âge de 9 ans pour y être admis. «J’avais le pressentiment d’être discriminé et d’être responsable de mon handicap. Malgré les limites imposées par la société, je n’ai jamais vu une différence entre moi et les autres. Je me suis toujours dis que je peux faire ce que les autres peuvent», raconte-t-il.
En cent cinq pages, Ismaël Saïd présente son parcours, de l’école jusque dans le milieu professionnel. Le lecteur découvre l’histoire d’une société dans laquelle l’égalité des chances n’a pas son mot à dire entre les personnes en situation de handicap et les autres. «Ce livre est une illustration de la vie de tous ceux qui vivent avec cet état. Ce n’est pas une simple autobiographie mais plutôt un guide. J’ai mis en relief des expériences concrètes qui vont permettre à la société comorienne en particulier d’avoir un autre regard sur les personnes en situation de handicap. J’ai voulu montrer qu’on peut réussir dans tout et qu’on n’est pas naturellement voué à l’échec comme le pense notre société», martèle l’auteur.
«Parcours de vie, handicap, expériences et enseignements», est un appel à la conscience face au mauvais traitement que subissent les personnes handicapées. A travers ses lignes, l’auteur enseigne, conseille et propose ses solutions pour l’inclusion des handicapés dans un pays où il n’y a, encore, aucune structure qui leur est dédiée.
«On ne voit pas des personnes en situation de handicap réussir à l’école pour la simple raison que, souvent, elles n’y sont pas inscrites et ne sont soutenues ni par la famille et encore moins par la société. Elles subissent une discrimination totale bien qu’elles aient des droits qui ne sont, malheureusement, jamais respectés. Au final, elles sont obligées de mendier et sont condamnées à vivre dans la pauvreté. Chaque vie est une vie. On nous appelle «irewe», incapables, en oubliant que la capacité ne se résume pas au physique mais surtout au mental «, a-t-il conclu.