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«Tigre du nord». 36 ans au service des arts martiaux I Un gros succès et des rêves pleins les kimonos

«Tigre du nord». 36 ans au service des arts martiaux I Un gros succès et des rêves pleins les kimonos

Culture | -   Elie-Dine Djouma

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Il peut s’enorgueillir d’avoir lancé la carrière d’un double champion du Monde: Jackson Kambi. Lors de notre reportage, nous y avons constaté une passion certaine, des rêves et des risques pour “Maitre Paul” et ses disciples.

 

Après trente-six ans d’existence, le centre de formation de Karaté et taekwondo Tigre du nord a formé des centaines de jeunes.Aujourd’hui, soixante disciples y sont encadrés et formés par “Maître Paul”. Paul Karim, de son état civil, il porte ce pseudo à son titre de “Grand maitre” d’arts martiaux. A 15h chaque vendredi, entrainement et formation y sont organisés avec l’assistance de “maitre” Omar Mahamoud.

Le vendredi dernier, il accueille une quarantaine de jeunes débutants pour une séance mixte taekwondo-karaté. “On travaille plus précisément le shotokan”, devait indiquer maître Paul. Cela après une longue première séance de réveil musculaire. A notre arrivée, des filles et des garçons de 4 à 16 ans y étaient déjà. Le plus haut gradé est Ceinture noire, mais il est absent aujourd’hui.

Une «influence certaine»

“Moi, je suis ceinture orange”, s’en presse de déclarer Ahmed Hassane, du haut de ses 15 ans. L’élève de 5e au groupe scolaire “Les Oliviers” a intégré Tigre du nord il y a près de quatre ans et projette de se spécialiser en taekwondo, une discipline “qui vous valorise”. “Ici, outre l’idée de pouvoir se défendre, on nous apprend surtout à avoir une maitrise en soi et à gérer son corps”, explique le jeune combattant.


“Tigre du nord” a été fondé en 1985, mais il va rencontrer la notoriété à partir de 1991 et a participé au début des années 1990 à sa première compétition internationale, en France, où il a été représenté par le jeune Awad. Ensuite il va intégrer les activités des instances dirigeantes nationales de karaté et de taekwondo. Il compte, aujourd’hui, un membre au bureau exécutif de la Fédération comorienne de karaté en la personne de Fouad Moindzé qui y assure le secrétariat général.


Le centre accueille des jeunes de toutes les régions de Ngazidja, mais surtout du nord. Ils en viennent de Djomani ya Mbude, Ntsadjeni, Fasi, Ndzauze ou encore de Mwembwapbwani, toutes des localités de la région de Mitsamihuli. L’une de ses principales partenaires est une femme de Ndzauze du nom de Mtsimbili Bled. Tout comme le double champion du monde de karaté-shindokai, Jackson Kanbi, elle fournit le centre en équipement. “Je m’en suis fait un devoir. J’ai intégré ce centre à mes 10 ans et y a passé près de quatre ans. Maitre Paul ne se rend pas toujours compte de sa personnalité et de l’influence qu’il exerce sur la jeunesse de Mitsamihuli. Il mérite bien plus que notre modeste contribution”, précise-t-elle.

Sur les traces de tonton

Le nom de Jackson Kambi est lié, presque à jamais, à Tigre du nord. Son père, Abdallah Kambi, est le président d’honneur de ce lieu de formation où on trouve deux neveux du double champion du monde. L’un d’eux, Nasri, a intégré le centre avec comme objectif affiché de devenir un jour champion du Monde comme tonton. A 12 ans, il voit loin : “Je rêve, mais c’est possible, je bosse dur et mon oncle me conseille beaucoup. Dans mon école aussi on pratique le karaté”, révèle-t-il. Dans son établissement scolaire, le Gs Olivier ouvert par le célèbre feu “fundi” Abdou Mhoumadi, ils sont, en effet, plus de trois cent élèves à suivre des cours de karaté et taekwondo.

 

Ben Walid, 10 ans, est le Vandamme* du centre. “Je suis bon dans le grand écart. Je tape fort”, se vante-t-il. “Ce vendredi, on a travaillé la souplesse. Je m’y sens à l’aise au niveau de la hanche, des mains. Mais aussi des coups de poings et de pieds”. Djawad, Roukaya et Anrafa, 4 ans, viennent au centre pour s’”amuser en apprenant à nous défendre le cas échéant”.Toutes et tous travaillent entre deux et deux heures et demi par semaine. Les frères Moussa, Rabia Manel, 7 ans, et Lael Loukman, 8, trouvent que le temps passe vite au centre. “Nous nous y sommes bien avec Maître Paul. On s’amuse bien”, assurent-ils.

«Des équipements, bientôt»

Les entrainements de “fundi” Paul ont lieu dans la salle de spectacle du foyer de l’association Adcs de la ville. A même le béton. Donc, sans tatami. Le grand maître des lieux est conscient des risques pris à travailler dans ces conditions. Mais, il assure que toutes les dispositions sont prises pour les circonscrire. Sans compter que le sol va “bientôt, être revêtu de tatamis flambant neuf”. L’équipement serait, déjà, au port de Moroni depuis quelque temps et le centre chercherait le moyen de le dédouaner.
L’accès des lieux se fait pieds nus. Même les visiteurs doivent se conformer à la règle. Jackson Kambi, la référence du centre, se souvient : “On a toujours travaillé pieds nus. A mon époque les combats ont été rudes et peu de jeunes résistaient”.


“Tigre noir” est, actuellement, l’une des références en matière d’apprentissage des arts martiaux olympiques à Ngazidja, voire aux Comores. La Fédération comorienne de karaté, dirigée alors par Mohamed Moumine, l’a depuis reconnu et l’a toujours invité le centre à ses compétitions.En attendant, Maitre Paul s’impatiente en attendant le jour où il pourra présenter les benjamins de la bande à Roukaya et Anrafa, à son public.
Tous nos encouragements, “maitre”.

* du nom de l’acteur américain,
Jean-Claude Vandamme

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