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«Zaïma» de Zoub’s Mars I Quand tradition et modernité s’allient

«Zaïma» de Zoub’s Mars I Quand tradition et modernité s’allient

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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La nouvelle œuvre du jeune artiste est un espace d’expérimentation à grand renfort de mémoire, d’identité et d’innovations

 

Avec «Zaïma», Zoub’s Mars vient de signer son premier clip issu de l’album «Univers», en collaboration avec l’incontournable Boina Riziki, véritable légende de la chanson comorienne. Le paysage musical comorien vient, par la même occasion, de s’enrichir d’une œuvre qui a toutes les chances de faire date et pour cause... En effet, plus qu’un «simple» projet artistique, ce titre se présente comme une passerelle entre générations, un dialogue entre mémoire et création contemporaine. En revisite audacieuse du patrimoine, Zaïma n’est pas une chanson totalement nouvelle dans le sens où il est née d’une revisite du classique Miriazame, interprété à l’origine par Soubi et Boina Riziki.


En choisissant de réactualiser ce morceau, Zoub’s Mars prend un pari risqué mais maîtrisé : redonner souffle à l’œuvre emblématique sans, nullement, la dénaturer. Le résultat est saisissant. La production, signée par l’artiste lui-même, mélange rythmes traditionnels comoriens et sonorités modernes, créant un pont entre les racines et des aspirations contemporaines. Les percussions, les chœurs et les sonorités typiques des Comores se marient à une orchestration actuelle et aboutit à une couleur à la fois unique et novatrice.

Riche en symboles

Réalisé avec soin, par Darmi et Miloud, le clip de Zaïma est une véritable fresque visuelle. Costumes traditionnels, danses ancestrales, paysages comoriens : tout s’y est mis pour rappeler l’âme et l’esthétique de l’archipel. Cependant, derrière cette vitrine culturelle se cache aussi une histoire universelle. On y voit un personnage qui, porté par l’orgueil et le besoin d’impressionner, cherche à se donner une image de réussite sociale mais qui, à force de vivre dans l’apparence, finit par tout perdre : ses biens matériels, sa famille, et même le respect de son entourage. Une parabole qui, à certains égards, ferait directement écho à certaines pratiques du Grand mariage (Anda ou Ndola nkuuu) dont le faste et les dépenses ostentatoires peuvent mener, parfois, tout droit à des lendemains difficiles.


Zoub’s Mars part, donc, de l’art pour ouvrir une réflexion sur le social en se basant sur une réalité vécue par des familles comoriennes. La présence de Boina Riziki, figure emblématique de la chanson comorienne, donne au projet une force particulière. En associant un artiste de la jeune génération comme Zoub’s Mars à cette véritable icône, elle incarne une transmission symbolique, l’image d’un patrimoine vivant qui continue de se réinventer.


Cette collaboration a profondément touché plus d’un mélomane. Sur le comorosphère, l’opus est, d’ores et déjà, à la Une. «J’ai toujours rêvé voir, un jour, cette nouvelle génération reprendre le flambeau de notre richesse culturelle, s’inspirer de nos rythmes typiquement comoriens. Zoubs Mars a réalisé ce rêve avec élégance et talent. Oui nous avons une richesse culturelle, c’est à nous de la mettre en valeur. Cette collaboration est juste sublime, il y’a une forme de transmission de savoir», a commenté Négus Négus sur sa page Facebook.

Rejet des standards

Avec ce premier extrait de son album Univers, Zoub’s Mars confirme sa volonté de s’imposer comme un créateur original, refusant de se laisser enfermer dans les standards. Sa musique est un espace d’expérimentation où s’entrelacent mémoire, identité et innovation. A travers Zaïma, il affirme que la modernité n’est pas une rupture avec la tradition, mais une continuité. La richesse culturelle comorienne, souvent menacée par l’uniformisation musicale mondiale, trouve ici une nouvelle respiration.
Zaïma donne déjà le ton et il ne s’agit que d’un avant-goût. L’album Univers promet de poursuivre cette exploration musicale et identitaire. Les mélomanes continuent à gouter à la diversité des sonorités et des thématiques que Zoub’s Mars vient de dévoiler dans la première partie de ce cet album qui va sortir en deux partie.


Dans un contexte où la musique comorienne cherche à se faire une place sur la scène mondiale, ce projet apparaît comme une «œuvre-manifeste», une façon de dire au monde que les Comores ont une voix singulière, enracinée dans l’histoire et ouverte à l’avenir. Zaïma n’est pas qu’un clip, c’est une déclaration d’amour à la culture comorienne, une invitation à la transmission et un appel à réfléchir sur nos pratiques sociales. En réussissant à conjuguer harmonieusement héritage et modernité, Zoub’s Mars et Boina Riziki offrent bien plus qu’un morceau : un véritable hommage à l’identité comorienne. Votre journal se propose, dans des prochaines éditions, de revenir sur l’Univers de Zoub’s Mars. En attendant, il vous invite à gouter à «Zaïma», c’est du bon!.

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