En intro, le nouvel album de Is’sm Bilal fait le tour de nombreux problèmes qui tenaillent la société comorienne. Cela dans les dix-neuf morceaux qui composent la nouvelle oeuvre. La pauvreté, les «mauvaises influences» qu’exercerait la France sur les Comores, un rappel des «prouesses» qui auraient été réussies sous feu le président feu Ali Swalihi Mtsashiwa, le Grand mariage (Anda) et ses «conséquences négatives», le chômage, jusqu’à ces musulmans qui ne seraient «en fait que des mécréants».
Sorti en août dernier, Zinu Ntsapvuho n’a rien d’un jeu ni, seulement, d’un ensemble de rythmes qui fait bouger. C’est un opus qui se veut être un message émouvant, des textes qui appellent à une nécessaire prise de conscience par rapport à certaines choses, et peut-être surtout, une attaque en règle contre certains comportements et mentalités.
«Ngaridjendao
Ngaridjifiao
Reshemeza ngaridjiviao
Ko mwanantsi, hunu, uronfia
Sha rewuzisiwa sitsohamba : «ça va»
Sha ça va, sha ça va, sha ça va
Ngasi hama magondzi yatrilwa ankili
Dje yalola mdrumshe yafuba hamili
Komori mayesha bora, mdru stahamili
Ndomsindiho, kozabadili
Sha ça va, sha ça, sha ça va
Ko madji, ko mawasuliano
sha ça va
Ko mwendje, ko mayendeleo
Wutungu wutsona mwiano
Sha ça va
Tsikaantsi harimwa doleo
Sha ça va, sha ça va, sha ça va
Wahibi emafura, waheza enawili
Ngapvo umasikini sha ngapvo na widzi
Wamba omwambo pvatru riamini
Pwarewa voti kozabadili
Sha ça va, Sha ça va, Sha ça va», s’inquiètent Aydii Lamany et Is’sm Bilal.
Le morceau «Sha ça va», rappelle fortement celui de Claude Chinois, «ça va à la comorienne». Deux ironies pour décrire les maux profonds qui touchent les Comores.
Dans cet opus sorti au studio Eagles Flight Musik de Da Most Wanted, on trouve un peu de tout. De l’Afro music au punchline et au lyric en passant par l’egotrip ou encore le rap.
Des feats haut en couleurs
Côté lyric, la grande qualité des textes semble tout naturel pour ce rappeur qui, depuis tout jeune, a commencé à se faire connaitre avec le slam. Ntsahaya avec Titi Le Fourbe, Sha ça va avec Aydii Lamany ou encore Udi na ambari avec Asam Mungwana. Des titres qui font facilement bouger surtout avec des punchlines faciles à retenir. Que demander de plus pour un album rap?
Côté featuring, on ne peut pas dire que Is’sm Bilal ait joué faux pour y avoir invité des artistes au flow et styles qui font bouger et sentent fort le Game. Ces rappeurs à textes comme Asam Mungwana, Titi le Fourbe, le meilleur rappeur aux Comores musique Awards 2019, Awax Victorius ou encore Aydii Lamany mais pas que. On y retrouve, également, le raga man Da Most Wanted, Rimka, Khegno Black, Nardo et Djoudja, entre autres.Plus original encore, malgré ce grand mélange, chaque invité est resté fidèle à son style de musique, ce qui a contribué à donner plus de couleurs aux dix-neuf titres de l’opus.