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Affaire Nazra Said Hassani I La Banque centrale s’en lave les mains

Affaire Nazra Said Hassani I La Banque centrale s’en lave les mains

Économie | -   Faïza Soulé Youssouf

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Alors que le gouverneur de la Banque Centrale des Comores, Younoussa Imani se trouve en mission à l’étranger, il a tenu une visio-conférence de presse ce 13 avril. L’objectif de l’exercice était, selon lui, de répondre aux questions que se pose l’opinion publique concernant le scandale financier en cours. L’autre objectif était sans doute de laver l’institution dont il est à la tête. Pour le conférencier, la banque des banques n’a rien à se reprocher dans l’affaire Nazra Said Hassani.

 

Le ton était très clair : la Banque Centrale des Comores ne contrôle pas les comptes bancaires appartenant à des sociétés ou à des particuliers. C’est autour de ce message que Younoussa Imani a tenu ce jeudi sa toute première conférence de presse depuis l’éclatement de l’affaire Nazra Said Hassani, survenue il y a une dizaine de jours. Pour le gouverneur, la banque n’a pas failli pour la simple raison «qu’elle a rempli toutes les missions qui lui sont dévolues». La question est simple. Le parquet de la République de Moroni estime que la jeune femme est à la tête d’un système d’escroquerie depuis 2019.


Le Comorien lambda se demande alors comment elle a pu échapper à la vigilance des autorités concernées. Et c’est là que le gouverneur tient un cours magistral sur le rôle de la Banque centrale qui ne contrôle pas les citoyens «mais les banques» et en l’occurrence ici, les banques commerciales. Non sans rappeler le scandale de Bernard Madoff qui a secoué les Etats-Unis en 2008 dont l’entreprise a prospéré durant «40 ans» au nez et à la barbe des autorités américaines. «Nous n’avons pas pour mission de traquer les fraudeurs et les escrocs», devait-il avancer.


Il apparait, selon le conférencier que la jeune femme était perçue comme un modèle du genre, donc crédible avec plus de 5 sociétés opérant dans divers secteurs comme celui sensible du transfert d’argent. Le gouverneur de la banque centrale a cependant tenu à clarifier «qu’elle n’a jamais eu d’agrément de la Bcc». Les mouvements sur les différents comptes bancaires n’avaient, à l’en croire, rien de suspect, la jeune femme collaborant avec des grands patrons de la place, que le gouverneur a rechignés à nommer, faisant d’elle «une infiltrée dans le secteur privé». Le système en lui-même aurait fonctionné la plupart du temps avec du cash, rendant encore plus difficile toute détection.

Une vigilance accrue des banques commerciales

Le conférencier rappelle qu’en février, l’on signale des chèques sans provisions émis par la principale suspecte à différentes reprises. Les banques commerciales sont alertées. Rapidement, celle qui fut la vice-présidente du Conseil d’Administration de la Meck Moroni est interdite de chéquiers. Elle en ressort très affaiblie pour ses opérations. Pour autant, «ce n’est pas parce que l’on est interdit de chéquiers que l’on est un délinquant, loin de là», martèle le gouverneur de la Banque centrale.


Une façon pour lui dire que ce n’était pas une raison suffisante pour investiguer sur la jeune femme. Il y aurait, selon lui, plus de 450 personnes en Union des Comores qui ne peuvent pas émettre des chèques. Younoussa Imani a appelé à une vigilance accrue des banques commerciales sur leurs clients.

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