Tout d’abord, pouvez-vous nous brosser votre parcours ?
Permettez-moi de vous dire que j’étais honoré d’être invité par les propriétaires de la Bfc de venir prendre la direction de la banque. Je suis banquier de profession et j’exerce depuis 1964. J’étais fait grand officier à Maurice par le gouvernement mauricien pour le service rendu dans le domaine bancaire. J’ai débuté ma carrière à la Habib bank en 1964, parce que j’ai établi cette banque à Maurice en cette année-là. En 1975 je suis venu à Moroni et on voulait installer une agence de la Habib bank ici. Parce qu’après Maurice, on avait la Habib Bank aux Seychelles, aux Maldives. Donc on avait pensé établir des agences de la banque dans les îles de l’Océan Indien. Malheureusement, il n’y a pas eu de suite à notre demande de 1975. Mais quand j’ai reçu l’invitation de venir rejoindre la direction de la Bfc, j’ai accepté, vu ma connexion avec les Comores.
Vous semblez bien connaitre les Comores ?
En 1975 quand j’étais venu aux Comores, j’avais vu des jeunes comoriens s’intéressaient à faire du trading (du commerce, Ndlr). Ils souhaitaient importer des produits mauriciens, mais ils n’avaient pas les moyens. Et si je me souviens, il y avait M. Mahmoud Soidik, jeune à cette époque et son épouse, parmi tant d’autres. Et donc, j’ai commencé par aider les exportateurs mauriciens en leur donnant des crédits de 90 à 120 jours, quelque fois, jusqu’à 180 jours à exporter vers les Comores. Et c’est comme ça qu’a débuté ma connexion avec les Comores en utilisant la branche mauricienne.
Quelles sont vos priorités pour redynamiser les activités de la Bfc ?
La banque a une très bonne assise. Nous sommes présents dans les trois îles. Nous avons des Atm internationales. Nous avons des cartes de crédits internationales. Je pense que nous avons suffisamment des atouts pour faire cette banque, une banque de référence. Le personnel est très qualifié. J’aurai souhaité le jour de mon départ mettre un Comorien à la tête de la banque.
A lire votre parcours, vous semblez avoir une carrière diplomatique rempli. Comptez-vous mettre au profit de votre carnet d’adresses international pour redonner l’image de la banque qui a été un peu écornée ?
Vous savez, le travail d’un banquier ne se fait pas entre les quatre murs. Le travail d’un banquier est beaucoup plus. Il nous faut attirer les investisseurs étrangers aux Comores. Il nous faut augmenter le fonds d’investissement direct. Moi, je vois que les Comores ont un atout pour devenir la Suisse de l’Océan Indien. Maurice est devenu financiel hub et je ne crois pas pourquoi les Comores ne vont pas la suivre.
C’est-à-dire ?
C’est-à-dire, il faut développer le secteur bancaire pour améliorer les services et augmenter le banking capital. Et en même temps ouvrir les portes aux investisseurs étrangers.
Le secteur bancaire de la place est soumis désormais à la concurrence. La preuve, là où vous êtes, vous êtes entourés par des banques. Qu’est-ce que vous comptez pour faire face à la concurrence ?
Nous allons faire une campagne de sensibilisation pour l’épargne. Il faudra que les comoriens commencent à épargner. Il aura une vague campagne pour attirer les épargnants. Nous allons aussi nous ouvrir à la diaspora comorienne. Et offrir le service qu’elle attend de nous.
Comme quoi, par exemple ?
Le transfert d’argent qui coûte cher. Première chose pour moi, c’est de rendre le transfert d’argent moins cher et de faire une politique de proximité. D’ailleurs, j’ai déjà commencé le travail. Je suis là depuis le 1er juillet et je me suis déjà mis à l’œuvre. Mais donnez-moi, un peu de temps (…). Hier j’ai eu l’occasion de rencontrer le gouverneur de la Banque centrale qui m’a accueilli avec les bras ouverts. Et il m’a dit ce qu’il attendait de moi. Et j’espère pouvoir être à la hauteur de la tâche qu’on m’a donnée.
Propos recueilli par
M. Mbaé