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Banque populaire des Comores (Bpc) I Les désagréments et les nouvelles commissions irritent les clients

Banque populaire des Comores (Bpc) I Les désagréments et les nouvelles commissions irritent les clients

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Un mois après la mise en place du système «Core Banking», la Banque populaire des Comores fait face à la grogne de ses clients, confrontée à des frais inattendus et à des files d’attente interminables.

 

Le versement des salaires de février a tourné au calvaire pour de nombreux fonctionnaires et agents de l’Etat. Aux guichets de la Banque populaire des Comores (Bpc), les files d’attente s’allongent, les plaintes se multiplient et une commission de 1 000 francs comoriens, imposée sur certains retraits, attise la colère des usagers. En cause : l’entrée en vigueur du nouveau système d’information Core Banking, qui, au lieu de fluidifier les opérations comme promis par les dirigeants au moment de son annonce, semble « avoir généré des dysfonctionnements majeurs », selon des clients excédés.

Des frais jugés «injustifiés»

C’est en se rendant à leur agence pour retirer leurs salaires que de nombreux fonctionnaires ont découvert l’application d’une commission de 1 000 francs sur certaines opérations. «J’ai présenté mon chèque et ma carte d’identité, mais on m’a tout de même prélevé 1 000 francs. L’agent m’a expliqué que c’était parce que j’avais ouvert mon compte à Ndzuani », déplore un agent de l’Etat, visiblement contrarié. Un autre client raconte, lui, avoir été contraint de laisser 1 000 francs sur son compte pour pouvoir effectuer un retrait. «On nous impose ces frais sans explication préalable, c’est injuste », fulmine-t-il. Une pratique qui, selon plusieurs clients, ne faisait pas partie des usages avant la transformation de la Snpsf en Banque populaire des Comores.


Face à la grogne, la direction de la Bpc tente d’apporter des précisions. «Le chèque est un moyen de paiement, pas un moyen de retrait », affirme Hayate Hamadi Soulé, directrice générale de la banque. «Désormais, pour retirer de l’argent, il suffit de présenter une pièce d’identité et son numéro de compte. L’opération est gratuite dans ce cadre. En revanche, utiliser un chèque entraîne une fiscalité ». Une explication qui ne convainc guère les clients, d’autant plus qu’auparavant, la Snpsf appliquait la logique inverse : les retraits avec chèque étaient gratuits, tandis que ceux sans chèque étaient facturés.


Outre la question des frais, les longues files d’attente devant les agences accentuent la frustration des usagers. Les clients doivent patienter plusieurs heures pour accéder aux guichets. «Avant, je n’avais aucun problème pour retirer mon salaire. Maintenant, c’est un cauchemar », témoigne un fonctionnaire.

Attente interminable et guichets saturés

À Mwali, la situation est encore plus critique. «Il faut prévoir la journée entière pour une simple opération », rapporte un employé de la Fonction publique. La cause principale de ces retards ? La mise en place du Core Banking, qui aurait entraîné « des dysfonctionnements informatiques et ralentit l’exécution des opérations bancaires ». Un manque de personnel est également pointé du doigt par les clients. Par ailleurs, la fermeture de certaines agences périphériques, conséquence de la réorganisation entre la Banque populaire et la Poste Comores, complique davantage l’accès aux services bancaires.

Saïd M’madi, de son côté, parle d’un processus long et compliqué au niveau du service commercial. Il lie les files d’attentes à la fermeture des agences périphériques de l’ex-Snpsf. Même dans le service commercial, nous n’arrivons plus à nous procurer de relevés bancaires si facilement. Tout est compliqué. Je dis ça parce que nous autres , nous nous rapprochons beaucoup plus auprès du service commercial pour nos relevés bancaires, consulter nos soldes, avant d’aller effectuer une quelconque opération. Ces derniers temps, cette procédure est devenue très longue”.


Pour sa part, Mhoudini Abdou, qui a l’habitude d’effectuer ses opérations dans une agence périphérique, est cette fois-ci oligé de parcourir des kilomètres et abandonner son travail pour toucher son salaire. «Nous sommes obligés de faire des kilomètres pour atteindre une agence. Et quand nous y arrivons, il faut passer toute la journée», commente-t-il. Face à ces dysfonctionnements, la direction de la Bpc assure travailler à des améliorations. «La transition vers le Core Banking est une phase délicate, mais nécessaire pour moderniser notre système.

Nous comprenons les désagréments rencontrés par nos clients et mettons tout en œuvre pour fluidifier les opérations», indique un cadre de la banque. Reste à savoir si ces promesses suffiront à apaiser la grogne des usagers, qui attendent des mesures concrètes pour retrouver un service bancaire efficace et accessible comme annoncé depuis plusieurs mois dans le cadre de cette scission.

 Youssef Abdou Nazir Nazi, Abdallah Mzembaba

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