Dhoihir Dhoulkamal, deuxième vice-président de l’Assemblée, en même temps membre de la commission de finances.
“La loi de finances 2018 se veut ambitieuse par rapport aux enjeux du pays. Moi je continue à soutenir l’idée selon laquelle, il nous faut une loi de finances ambitieuse pour ce pays. Nous sommes partis de 64 milliards pour arriver à 66 cette année. Je pense que c’est un objectif réaliste, maintenant nous sommes en train de travailler pour cerner réellement si tout est pris en compte, si tous les acteurs de ce budget, notamment ceux qui, au quotidien, sont chargés de percevoir les recettes, ce qu’ils estiment en tenant compte des paramètres, sont en mesure d’arriver à leurs objectifs budgétaires fixés par l’Etat.
Et si tous les enjeux socioéconomiques ont été pris en compte. Aujourd’hui nous avons reçu le directeur général de la Ma-Mwe pour parler du prix de l’eau, de l’électricité et des subventions accordées à la société. Nous sommes en train de veiller à ce que l’équilibre des îles soit respecté par rapport aux différentes entités. Notre pays est très fragile, les indicateurs socioéconomiques sont des plus défavorables.
Nous avons besoin d’investissements et ce budget porte des ambitions sur le volet investissement, sur le plan des infrastructures, notamment la dynamique qui est déjà engagée par rapport aux infrastructures routières. Soutenir l’électricité qui est déjà-là et les hôpitaux qui devraient être construits pour que tous les filets sociaux soient là pour amorcer le choc de la pauvreté. Moi personnellement je pense que le budget est très bon, maintenant reste à voir si tout le monde partage la même réaction. L’ensemble des acteurs, les ministres nous allons les écouter, et voir si chaque secteur de notre économie a été pris en compte, notamment la santé, l’éducation, ainsi de suite”.
Ibrahim Mohamed Soulé, vice-président de la commission de finances.
“Depuis octobre, nous avons reçu le projet de loi de finances 2018, plus la loi de règlement 2016. Et c’est maintenant qu’on a commencé à travailler cette loi parce qu’on avait des problèmes. Nous avons renvoyé la loi de règlement 2015, dont nous avons jugé ne pas être correcte.
Effectivement, la Cour des comptes nous avait donné raison. La loi de règlement 2016 aussi nous l’avons refusée pour les mêmes raisons. En ce début de session budgétaire, nous avons été retenus par la loi de règlement qui n’était pas conforme. Et avant que nous l’adoptions, nous devons obtenir le certificat de conformité de la part de la Cour des comptes au niveau de la Cour suprême. Et tant que ce certificat ne sera pas délivré, nous ne serons pas habilités à valider cette loi.
La loi de règlement 2015, n’a pas reçu ce certificat de conformité, celle de 2016 non plus, cela veut tout simplement dire que l’exécution budgétaire de ces fameuses lois n’était pas conforme. De ce fait nous souhaitons éviter que celle de 2017 ne subisse le même sort.
Quant à la fameuse loi de finances 2018, les ambitions ont été maintenues, en passant de 64 à 66 milliards. Mais en réalité, elles sont revues à la baisse par rapport à la loi de finances initiale 2017. Nous sommes passés de 81 milliards à 64 et aujourd’hui les recettes doivent être de 66 milliards de francs comoriens.
Notre combat, nous qui avons été contre ce budget de 81 milliards, non pas parce qu’on n’aimait pas notre pays, mais parce qu’on jugeait que ce budget n’avait pas été réaliste ou réalisable. Et l’histoire est en train de nous donner raison. Nous sommes partis sur les bases d’un budget tablant entre 50 et 54 milliards de francs comoriens. Et on attend de voir les résultats en fin décembre. C’est ça qui nous permettra de voir les perspectives qui vont s’annoncer.
Pour cette année, nous avons changé de méthodes de travail. Depuis ce matin, nous avons commencé à auditionner les différentes sociétés d’Etats, les différentes institutions et administrations qui sont pourvoyeuses de recettes au niveau du budget de l’Etat. L’objectif de cette méthode est de savoir si les sociétés qui participent aux recettes de l’Etat peuvent nous confirmer si réellement ce qui est affiché comme perspective de recettes pour l’année 2018, partagent les ambitions de la loi de finances 2018 et si elles peuvent atteindre les objectifs fixés.
Nous voulons aussi voir si elles ne peuvent pas mieux faire, puisque suite aux discussions que nous avons eues avec certaines sociétés d’Etats, nous avons découvert qu’il y avait des niches fiscales qui n’étaient pas comptabilisées. Lesquelles auraient dû être prises en compte dans les recettes. Nous députés, ce qui nous fera le plus plaisir, c’est que nous puissions à la fin de cet exercice budgétaire, dépasser les prévisions budgétaires, et non nous retrouver avec un budget déficitaire.
Parmi les remarques faites au ministre des Finances et l’équipe de réalisation du budget, est que nous n’allons pas traiter ce budget tant qu’ils ne nous auront pas dit ce qu’ils ont prévu en matière de recettes. Je pense notamment au pavillon mais aussi à la vente de la citoyenneté économique. Ces chiffres doivent apparaitre nettement et clairement dans la loi de finances 2018. Enfin, s’il y a une réelle volonté politique sans ingérence politique, on peut même aller au-delà de ces 66 milliards de recettes internes”.
Oumouri Mmadi Hassani, vice-président de la commission de production.
“Le budget 2018 est réaliste et réalisable, toutefois il y a deux points qui à mes yeux contreviennent aux règles démocratiques. Premièrement, la notion de la «charge commune», insérée dans le projet de loi de finances 2018 et réservée aux évènements de l’Etat, sans que personne ne sache exactement à quel type d’événements est réservé cette manne financière .Un pays pauvre comme le nôtre ne peut pas se permettre de définir un chapitre budgétaire pour des missions qui ne sont pas clairement définies dans le budget.
Ensuite, étant un des pays les plus pauvres au monde, il n’est pas normal que l’argent de la redevance administrative unique (Rau) ne soit pas budgétisé. Même si je suis de ceux qui bénéficient de la Rau, je ne peux pas accepter le fait que cette manne financière ne soit pas inscrite dans le budget de l’Etat. Et si l’argent en provenance de la Rau qui représente des milliards de francs comoriens n’est pas inscrit dans le budget, je voterais contre la loi de finances 2018”.