La Banque islamique de développement annonce un fonds de 330 millions de dollars au profit des Comores. Dans quel cadre ce fonds a-t-il été octroyé ?
Il est question plutôt de la Société islamique internationale de financement du Commerce (Itfc) qui est la branche commerciale de la Bid. Et c’est un accord-cadre signé avec le directeur de l’Itfc, après de longues négociations. Le Commissariat général au Plan assure aussi un volet mobilisation des ressources financières.
Quelle est la nature de ce fonds ? Est-ce un don ou un prêt ?
Il s’agit d’une garantie financière en partie, comme celle qui existe actuellement avec les hydrocarbures et Onicor. C’est un don, comme celui qui est fait par l’Itfc à travers l’Initiative d’aide au commerce pour les États arabes (Aftias) pour la construction d’une centrale d’achat pour la transformation, le conditionnement, la vente et l’exportation. Un projet qui s’inscrit dans la chaîne des valeurs. Cette centrale d’achat sera bientôt inaugurée par le directeur de l’Itfc qui envisage de venir aux Comores prochainement. Et une partie des 330 millions de l’accord que je viens de signer avec l’Itfc va en partie servir à l’exportation des produits agro-alimentaires.
Quels sont les mécanismes prévus par la partie comorienne pour absorber ces fonds ? Avez-vous déjà identifié les secteurs d’affectation ?
Ces fonds serviront à importer les produits alimentaires de base en vrac (le riz, la farine, le sucre, le maïs) pour une mise en sac sur place. Ce qui suppose la fabrication des sacs également sur place. Les fonds appuieront l’importation du gaz pour une mise en bouteille également sur place. La différence est que cette fois-ci, c’est en grande quantité de sorte à populariser l’utilisation du gaz à la place du bois de chauffe et du pétrole lampant.
Une bonne pratique en faveur du changement climatique, contre le déboisement et l’effet de serre. Ce qui suppose la construction d’unités de production de gaz plus grandes que celles qui existent à Ngazidja, à Ndzuani et à Mwali. Cela nécessite aussi des nouvelles conditions de stockage des hydrocarbures pour augmenter l’importation du pétrole et la diversification de la qualité des commandes actuelles. Ce chantier de remplissage du gaz entraînera également la fabrication des réchauds à gaz sur place et pourquoi pas des bouteilles à gaz.
Les Émirats Arabes Unis ont annoncé 350 millions de dollars lors de la Cpad à Paris. C’est donc 365 millions de dollars. Comment le pays se prépare-t-il à absorber ces fonds ?
Les Emirats ont en effet annoncé 350 millions. Toujours est-il que nous avons à concrétiser beaucoup de financements annoncés pendant la Cpad en plus de ces 330 millions de l’accord avec l’Itfc et qu’effectivement le problème de nos capacités d’absorption se pose, puisque c’est près de 4milliards annoncés à la Cpad dont 70% du secteur privé restent encore à concrétiser.
Au niveau du Commissariat général au Plan, l’on évoque des capacités techniques limitées pour être en phase avec les ambitions des bailleurs. Comment comptez-vous y remédier ?
C’est vrai que le Commissariat général au Plan ne dispose pas des ressources humaines indispensables pour la mise en œuvre et le suivi du Plan Comores Emergent. Nous n’arrivons pas à garder certains de nos meilleurs éléments qui partent exercer ailleurs, souvent dans des institutions internationales. Cependant, en plus des formations internes, une consultation est aujourd’hui en cours pour la formulation d’un projet ambitieux de renforcement des capacités du Commissariat général au Plan qui verra le jour en 2022 et sera financé par nos Partenaires techniques et financiers.