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Conférence des partenaires au développement de l’Union des Comores (Cpad) I Mettre fin à l’éternel recommencement

Conférence des partenaires au développement de l’Union des Comores (Cpad) I Mettre fin à l’éternel recommencement

Économie | -

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Les Comores s’apprêtent à organiser leur cinquième conférence sur le développement les 2 et 3 décembre prochains à Paris. L’Union des Comores compte bien jouer son va-tout pour mobiliser l’ensemble de ses partenaires, les pays amis, la communauté financière internationale et les investisseurs potentiels dans l’objectif de lever des fonds pour soutenir un développement socio-économique inclusif.

 

Les défis sont immenses. De l’énergie à l’emploi, des infrastructures à la cohésion sociale, de la justice à l’autosuffisance alimentaire en passant par des services publics de qualité qui profiteront à tous. Les autorités espèrent mobiliser jusqu’à 900 milliards de francs comorien et projettent une croissance économique de 7,5% à partir de 2021. En tout, le gouvernement a ficelé 12 grands projets phares à soumettre aux bailleurs.

Si l’engagement reste fort au plus haut niveau, le suivi demeure essentiel pour combler la soif d’un peuple qui n’aspire qu’à une vie décente. Un peuple longtemps livré à lui-même, noyé dans la misère avec des services sociaux qui vont de mal en pis, plongé dans le désespoir et dont son caractère pacifique légendaire a épargné le pays de l’embrassement malgré les feux de braise attisés ici et là.

En 44 ans de souveraineté, le pays a connu quatre grandes conférences qui ont certes permis de poser quelques actes mais dont les ambitions affichées n’ont pas été à la hauteur des attentes. Le pays n’a pas pu veritablment tourner la page noire de la léthargie.
En avril 1982, sous le pouvoir d’Ahmed Abdallah Abderemane, avec la grâce du roi Fahad Ibn Abdelazizi d’Arabie Saoudite, des partenaires des Comores se sont retrouvés à Moroni pour une conférence sur le développement des îles aux parfums. L’un des résultats majeurs obtenus est la mobilisation des 17 millions de dollars, par la Bad, qui ont permis de construire le Port de Mutsamudu.
En juin 1992, à l’occasion du sommet de Rio, les mêmes partenaires se sont retrouvés à Moroni pour faire le bilan de la conférence de 1982 avec des conclusions décevantes puisque une bonne partie de la manne financière mobilisée a été absorbée par l’expertise internationale. L’instabilité politique y a beaucoup pesé dans la contreperformance de l’administration comorienne, son incapacité à absorber les fonds promis.

En décembre 2005, le pays organise sa troisième conférence à Port-Louis à l’Ile Maurice dans un contexte particulier marqué par une transition politique nourrie par des controverses qui ont été préjudiciables au pays et à sa population. La crise politique de l’époque a mis le pays en haleine avant le débarquement militaire de mars 2008. Les temps étaient têtus. En mars 2010, le pays organise sa quatrième conférence à Doha au Qatar avec la grâce de l’ancien émir Hamad Bin Khalifa Al-Thani.

Des annonces importantes avaient été faites, des projets avaient été engagés mais l’esprit de la conférence et le suivi se sont encore heurtés à un climat politique délétère. Les donateurs s’étaient montrés généreux jusqu’à augmenter le montant des annonces à l’occasion d’une mini table ronde organisée en janvier 2011 au Palais du peuple mais là encore le pays fera face à l’hypothétique question de l’absorption des fonds faute de projets finis et bancables.

Les autorités nationales ont aujourd’hui la responsabilité historique de poser les véritables bases du développement, s’assurer des mécanismes idoines d’absorption des fonds, définir et soutenir des politiques publiques cohérentes et inclusives, les seules à pouvoir leur permettre de mettre fin à l’éternel recommencement dont le pays a connu ces quarante dernières années dans sa lente marche vers le progrès.

A.S.Kemba

 

 

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