logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Corruption, vols et détournements de fonds publics : Plus de 60 cas révélés par les medias ces 30 dernières années

Corruption, vols et détournements de fonds publics : Plus de 60 cas révélés par les medias ces 30 dernières années

Économie | -

image article une
Surfacturations, falsification d’écritures comptables, blanchiment d’argent, vols à la source et pots-de-vin supposés, les faits de corruption et de détournements sont pour la plupart portés devant la Justice.Certains sont, soit au stade des rumeurs, soit bloqués en toute complicité ou punis à divers degrés, alors que d’autres restent étonnamment sans suite judiciaire.

 

Les faits de corruption se multiplient aux Comores. Le phénomène tend à se banaliser et met à nu des réseaux mafieux et associations de malfaiteurs, qui connectent aujourd’hui facilement avec les plus hautes institutions de l’Etat. De la simple surfacturation, on aperçoit avec l’impunité qui va crescendo, des délits graves et sans précédent comme le fait de «blanchiment d’argent» considéré par le Groupe d’action financière (Gafi) de la Banque mondiale comme l’un des pires de tous les délits financiers.

«76 millions» à l’Assemblée nationale

La rocambolesque affaire des «76 millions» dont serait impliqué un député à l’Assemblée nationale trouble la conscience et prouve combien le phénomène de la corruption touche l’âme du pays. «Le mal est profond, très profond et implique presque tous les niveaux de la société», avait souligné l’enseignant-chercheur Ali Mohamed Djalim au cours d’une conférence-débat, lundi dernier, consacrée au sujet, place Mtsangani à Moroni.


Les medias comoriens et étrangers ont révélé plus d’une soixantaine de cas, faits et affaires de corruption présumés depuis la fin des années 1980 à nos jours. . Parmi ces cas figurent notamment l’affaire Inter-Trade qui a révélé une escroquerie de grande ampleur entre l’Etat comorien et la haute mafia italienne. Il y a aussi l’affaire Ashley au début des années 1990 du nom de Roland Ashley qui, avec la complicité d’officiels comoriens, a été l’origine de la faillite et de la liquidation de la compagnie comorienne Air Comores.

Les détournements en série depuis juin 2011 à la Société nationale des postes et services financiers (Snpsf) prouvent, selon des financiers comoriens, beaucoup plus «une faille de la morale des hommes qu’un simple défaut de management».

L’affaire Ashley au début des années 1990

Il y a aussi le programme de la vente des passeports comoriens qui aurait dépassé le stade de crime économique, à en croire un rapport officiel. Le pays est spolié, son image à terre, ses entreprises bradées et ses caisses vidées. Les faits de corruption se font sous diverses formes et techniques jusqu’ici rodées, tant les présumés auteurs sévissent dans le marigot de l’impunité. On y voit, entre autres, des surfacturations des services ou commandes au bénéfice de l’Etat, des montages de documents administratifs pour se faire payer des services fictifs et, pire encore, des détournements de l’argent à coups de perdiems sous couvert de voyages officiels. Ou plus pire encore, les complicités supposées entre affairistes, banquiers et professionnels du droit.


Lire aussi : Programme de citoyenneté économique : La Mafia au sommet de l'Etat



Au cours de la conférence-débat, les participants se sont, à plusieurs reprises, demandés si la corruption en elle-même ne tire pas sa source dans notre modèle de société «lui-même corrompu», comme l’a rappelé le rappeur Cheikh Mc. «Il peut y avoir certes des facteurs d’ordre social», répond l’avocat Mze Azad» mais il s’agit d’un mal accepté, partagé et assimilé» dans notre pays, insistant ainsi sur «un facteur anthropologique» pour justifier l’ancrage et la persistance du phénomène à tous les niveaux de la société.

L’ancien procureur de la République a fait savoir que le Comorien lui-même n’aime pas la justice et que celle-ci est bonne pour lui quand seulement ses décisions vont en sa faveur. «Et que faire», demande l’artiste Salim Ali Amir. Les participants se sont donné rendez-vous à «un autre débat», cette fois, pour échanger sur les solutions à préconiser pour lutter contre la corruption et limiter ses conséquences dans la société.                                  

A.S.Kemba

Commentaires