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Covid, hausse du fret, pénurie de denrées de base I Le gouvernement défend sa stratégie anti-crise

Covid, hausse du fret, pénurie de denrées de base I Le gouvernement défend sa stratégie anti-crise

Économie | -

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Prise en charge à 100% des patients, abattement de 30% à la douane, baisse du taux de réserves obligatoires, facilités bancaires, suspension de la vignette automobile 2020 au plus fort de la crise ou encore le gel, depuis le 27 juillet dernier, de la base de calcul de la valeur en douane en fonction du coût du fret et de l’assurance des marchandises d’avant-crise, trois ministres ont estimé hier que «le gouvernement fait de son mieux» pour atténuer les effets fâcheux de la crise et accompagner la population. Et la pénurie persistante des denrées alimentaires ? Les conférenciers ont répondu que l’Etat n’a pas vocation à faire du commerce et que, depuis le Consensus de Washington de 1989, la libéralisation de l’économie fait que le secteur privé s’en occupe. «L’intervention est limitée au seul motif de régulation», se sont-ils justifiés devant la presse.

 

Le gouvernement, par le bais des ministres de l’Economie, des Finances et des Transports, a défendu hier, sa stratégie anti-crise au cours d’une rencontre avec la presse organisée à la salle de conférence du ministère des Finances.Les conférenciers ont rappelé «les moments difficiles» marqués par la fermeture des frontières et «le choc» caractérisé par la multiplication des décès.

«L’ordre a été donné pour fermer les frontières pour d’abord protéger la population, c’était une décision difficile mais nécessaire», a rappelé le ministre des Transports, Djaé Ahamada Chanfi. «Il fallait d’abord protéger nos concitoyens avant de penser à quoi que ce soit, c’est ce qu’avaient d’ailleurs fait tous les pays du monde», a-t-il enchaîné.

Le Plan national de riposte

«Le gouvernement a vite réagi pour prévenir des situations qui auraient engendré d’autres qui seraient encore plus difficiles. La grande priorité était, d’abord de prendre en charge tous les patients. Il fallait à tout prix respecter le protocole sanitaire établi», a rappelé le ministre des Finances, Said Ali Said Chayhane. «Pour nous, il fallait tout faire pour faire face à l’urgence tout en veillant à ce que la crise sanitaire ne menace pas les fondements voire l’existence même de notre économie, surtout que nous avons des bases fragiles», a-t-il mentionné.


Le ministre a rappelé la première grande mesure prise par le chef de l’Etat, Azali Assoumani, à travers le décret N°20-087/Pr «relatif au versement d’une indemnité exceptionnelle aux personnels soumis à des sujétions exceptionnelles dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid 19», signé le 4 juin 2020. Said Ali Said Chayhane rappellera encore les douze mesures prises dans l’arrêté N°20-007/Mfbsb/cab, en date du 30 mars 2020.

«Les pays du monde entier ont été tous touchés. Les frontières étaient fermées, il fallait des mesures pour accompagner le plan national de riposte menée contre la crise multisectorielle (finances, économie et transport). Car la Covid a impacté tous les secteurs», a expliqué Houmed M’saidie. «Les Comoriens doivent savoir qu’il y a des pays qui n’ont pas pu se relever comme nous alors qu’ils ont largement les moyens», ajoute-t-il.

La fermeture des frontières

Les trois ministres ont rappelé la prise en charge à 100% des patients, la mesure d’abattement de 30% à la douane au profit des opérateurs, économiques et dont le manque à gagner est estimé à un milliard de franc, la baisse du taux de réserves obligatoires. «Si nous avons procédé à la baisse du taux de réserves, c’est pour permettre aux banques de disposer de nouvelles marges de financement pour soutenir les entreprises et la population», a indiqué le ministre des Finances.

L’arrêté du 27 juillet

«Je ne veux pas aussi rappeler les sacrifices déployés pour accompagner les préparateurs de vanille qui n’ont pas pu vendre leurs produits à cause de la fermeture des frontières. Il fallait soutenir la filière», a encore rappelé le ministre des Finances. Ce dernier a aussi évoqué les facilités bancaires avec le gel des agios, la suspension de la vignette automobile 2020 au plus fort de la crise ou encore la suspension, depuis le 27 juillet dernier, de la base de calcul de la valeur en douane en fonction du coût du frêt et de l’assurance des marchandises d’avant-crise.


«Afin d’atténuer l’inflation des prix des produits à la consommation, les montants du fret et de l’assurance, entrant en compte dans la détermination de la valeur en douane des marchandises à l’importation, sont désormais ceux en cours jusqu’à la date du 31 mars 2021», indique l’arrêté N°21/044/Mfbsb/Cab.

La problématique de la pénurie des produits carnés…

Au cours de la conférence, les trois ministres ont estimé hier que «le gouvernement fait de son mieux» pour atténuer les effets fâcheux de la crise et accompagner la population. Et la pénurie persistante des denrées alimentaires ? Les conférenciers ont répondu que l’Etat n’a pas vocation à faire du commerce et que, depuis le Consensus de Washington de 1989, la libéralisation de l’économie fait que le secteur privé s’en occupe. «L’intervention est limitée au seul motif de régulation», se sont-ils justifiés.

Le choix de sensibiliser encore une fois les Comoriens s’explique en grande partie par l’énorme cacophonie née autour de la pénurie persistante des denrées de premières nécessités, les produits carnés, en particulier. Les autorités sont souvent pointées du doigt de laxisme supposé face à une crise qui touche tous les secteurs d’activités. La flambée des prix devient de plus en plus insupportable pour bon nombre de Comoriens.


«Que les choses soient claires, nous l’avons dit et nous le dirons encore. L’Etat ne fait pas du commerce, c’est le privé qui en est chargé», a cadré Houmed M’saidie, ajoutant que la crise du fret et la hausse des cours des matières premières ont bouleversé les circuits de l’économie mondiale.. Son collègue des Finances a apporté la nuance. Il a expliqué que l’Etat comorien a réussi à limiter les effets exogènes de la crise sanitaire mondiale en assurant ses premières missions fondamentales tout en soutenant le secteur privé. «Il y a trois produits stratégiques qui sont sous le monopole de l’Etat : les produits pétroliers, le riz ordinaire et les médicaments essentiels à des degrés limités», a indiqué Said Ali Said Chayhane. La problématique des chaînes d’approvisionnement entretient des filières clandestines d’approvisionnement.

 

Des commerçants de fortune profitent pour faire monter, tous les jours, de nouvelles marges bénéficiaires au grand dam de la population. Les prix des produits de première nécessité montent en flèche. «Le monde fait face à une réorganisation de la logistique internationale. Les grands navires vont là où c’est rentable. Le fret est en hausse, c’est normal que cela ait un impact. Mais nous venons de prendre une mesure pour geler la base de calcul à partir du 31 mars», a résumé le ministre des Finances qui a précisé que «le gouvernement est toujours disponible pour échanger avec le secteur privé au sujet des moyens de transbordement, notamment l’acquisition d’un bateau pour assurer le transport des conteneurs.

«Nous sommes dans un monde en crise. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est comment faire pour importer en grande quantité et éviter les pénuries cycliques car c’est ce qui permettra de lutter contre le développement du marché noir et la hausse des prix tous les jours», souligne Houmed M’saidie pour qui, les autorités ne peuvent pas placer des policiers devant chaque commerce. «Nous avons trois mille agents des forces de l’ordre, des militaires, des gendarmes et des policiers. Et la population est à 860 mille habitants. C’est impossible. Le ministre promet de tout faire «pour rendre obligatoire l’affichage des prix des produits à l’entrée de tout lieu de commerce».

AS Kemba

 

 

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