Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (Fmi) a approuvé ce mercredi 22 avril «une aide d’urgence» de 12 millions de dollars (5 milliards 473 millions de francs comoriens) en faveur de l’Union des Comores. L’organisation financière internationale s’est montrée sensible à la situation budgétaire du pays qui risque d’être encore impactée par la pandémie du Covid-19 après avoir été sérieusement affectée par le cyclone Kenneth, an après jour pour jour.
La fragilité de l’économie comorienne
«Les autorités comoriennes devraient utiliser la politique budgétaire pour amortir les effets négatifs du choc Covid-19 et ramener la situation budgétaire sur les trajectoires à moyen terme une fois la crise passée», a déclaré Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint qui présidait la réunion du Conseil exécutif du Fmi. Les fonds serviront à faire face aux effets négatifs du Coronavirus sur l’économie nationale et à répondre aux besoins du pays en matière de santé. «La pandémie génère d’importants besoins de financement extérieur et budgétaire», a encore justifié Mitsuhiro Furusawa.
Les experts du Fmi ont fait état de la fragilité de l’économie comorienne qui dépend en grande partie des envois extérieurs aujourd’hui au ralenti à cause de la crise sanitaire. Mais aussi des aides des partenaires internationaux, eux-mêmes, touchés par le Coronavirus. Comme l’a rappelé mercredi le chef de l’Etat, dans son discours sur l’état de l’Union, les efforts entrepris pour maintenir un rythme de croissance ont été anéantis par le cyclone Kenneth et «aujourd’hui encore par la pandémie de Coronavirus». Le Fmi souligne ainsi que «le choc Covid-19 survient après deux années difficiles pour les Comores, et moins d’un an après le cyclone Kenneth», ajoutant que même si «les autorités n’aient jusqu’à présent signalé aucun cas de la maladie aux Comores, la pandémie a déjà un impact économique grave car les envois de fonds ont ralenti».
Une croissance estimée à 3,5% en 2019
Les envois extérieurs représentent environ 25% du produit intérieur brut (Pib). Aux Comores, la croissance économique estimée à 3,5% en 2019 risque de connaitre une décélération en 2020 à cause des mauvaises perspectives sur l’économie mondiale, comme l’attestent de nombreux analystes. Le Fmi, lui-même, «prévoit une contraction de 3 % Pib de la planète en 2020». L’organisation multiplie les thèses les plus alarmistes sur les petites économies d’Afrique subsaharienne qui devraient, selon les premières prévisions, connaitre leur «première récession depuis un quart de siècle avec une croissance négative de – 1,6 % en 2020».
Les besoins de financement extérieurs aux Comores ont été estimés à «5,2% du Pib» par le Fmi alors que le pays doit trouver des ressources additionnelles pour compenser les pertes budgétaires, elles-mêmes évaluées à «4,7% du Pib» pendant la période de la crise sanitaire. «Le Fmi continue de suivre de près la situation des Comores et est prêt à fournir des conseils en matière de politique et un soutien supplémentaire si nécessaire», indique un communiqué officiel. Il s’agit, d’une part, de permettre à l’Union des Comores d’amortir les effets de la baisse des ressources provenant de ses partenaires, et, d’autre part, disposer des ressources essentielles pour pouvoir maintenir sa politique macro-budgétaire.
Une requête du gouvernement
«En plus d’augmenter très sensiblement les dépenses de santé pour répondre aux besoins de la population en cas de pandémie, les autorités devraient envisager d’apporter un soutien ciblé et temporaire aux plus vulnérables», souligne le communiqué du Fmi qui annonce, par ailleurs, un mécanisme d’allégement du service de la dette des Comores, en accordant une période de grâce de six mois. Le pays devrait orienter les ressources générées pour soutenir des programmes dans des secteurs sociaux. Le Fmi annonce l’éventualité de prolonger cet allègement pendant une période de deux ans.
Cet appui budgétaire et cet allégement du service de la dette font suite à une requête du gouvernement comorien signée par le ministre des Finances, du budget et du secteur bancaire, Saïd Ali Saïd Chayhane, et le gouverneur de la Banque centrale des Comores (Bcc), Younoussa Imani, adressée, début avril, à la directrice générale du Fmi, Kristalina Georgieva. «Pour faire face aux importants déficits budgétaires, le gouvernement de l’Union des Comores demande un financement d’urgence au FMI», peut-on lire dans cette requête. Le Fmi s’apprête à plaider la cause de l’Union des Comores auprès des autres partenaires et des créanciers comme le Club de Paris ou le G20 en vue des allègements substantiels de sa dette extérieure.
A. S. Kemba