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Créances bancaires douteuses I Un cabinet international pourrait bientôt être mandaté pour un audit

Créances bancaires douteuses I Un cabinet international pourrait bientôt être mandaté pour un audit

Économie | -   Faïza Soulé Youssouf

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La Banque Centrale des Comores (Bcc) va recruter un cabinet international pour auditer les créances douteuses qui s’élèvent à près de 20 milliards de francs. La Bcc répond ainsi à une doléance du secteur privé, qui veut «tourner la page des créances douteuses» et à terme réduire le coût lié à l’emprunt bancaire.

 

Le portefeuille des créances douteuses bientôt audité par un cabinet international ? C’est en tout cas ce que laisse entrevoir un courrier de la Banque Centrale des Comores adressé aux organisations patronales, dont Al-watwan s’est procuré une copie. «La Banque Centrale des Comores a engagé le processus de recrutement d’un cabinet international pour auditer le portefeuille des créances en souffrance », lit-on dans le courrier daté du 14 mai 2025. «L’objectif étant de pouvoir distinguer le capital restant dû, les intérêts et commissions, les pénalités de retard ainsi qu’un état de lieux de la procédure engagée pour la réalisation des garanties en ce qui concerne les créances en souffrance », explique-t-on dans la missive.

L’affaire remonte à quelques semaines. Au mois de mars dernier, une réunion ayant regroupé le Mouvement des Entreprises Comoriennes (Modec) l’Uccia et le Syndicat National des Commerçants (Synaco) et la banque des banques s’est tenue au siège de la Bcc. Objet de la rencontre : trouver une solution aux créances douteuses. En 2024, le montant que les banques ne parvenaient pas à recouvrer était de 19 milliards de francs Une situation qui justifierait le taux d’intérêt élevé appliqué par les institutions bancaires, soit 14%, sans compter les frais annexes, à l’exemple du taux d’effectif global ou encore le taux d’usure (qui est de 7%). «Les banques calculent leurs taux en fonction de la capacité à récupérer leurs créances si jamais elle est compromise. Or bien souvent dans notre pays, on constate qu’arriver à un certain seuil, les banques n’arrivent pas à récupérer l’argent. Cela augmente la prime sur le risque», expliquait le président de l’Association Professionnelle des Banques, Aliamani Mzé Saïd, il y a quelques semaines.

«Un impact nocif sur le pouvoir d’achat»

En tout cas, selon un courrier du Modec adressé au gouverneur de la Bcc le 28 avril, qu’Al-watwan a pu consulter, les discussions entre les organisations patronales et la Banque centrale ont abouti à plusieurs engagements. Il est notamment prévu «la mise en place d’une structure de médiation pour faciliter le dialogue entre les banques et les auditeurs», «la création d’une commission de surveillance chargée de suivre l’évolution du traitement de ces créances » et «le lancement d’un audit indépendant, confié à un cabinet de renommée internationale, afin d’examiner les créances, avec ou sans garanties». «L’objectif est de dissocier clairement le capital dû des intérêts et de déterminer un montant réaliste que les débiteurs pourront enfin rembourser, car celui-ci sera incontestable et accepté par toutes les parties concernées», peut-on lire dans le document.

La dernière doléance du patronat semble être celle qui a particulièrement retenu l’attention du gouverneur de la Bcc. Le patronat veut, à l’en croire, tourner la page des «créances toxiques». «Certaines remontent aux années 1980, l’impact négatif sur l’investissement n’est plus à démontrer. En finir une bonne fois pour toutes avec les créances douteuses représentera un signal fort à l’égard de nos partenaires institutionnels et internationaux, et c’est toute l’économie comorienne qui se portera mieux», argumente le Modec dans le courrier.Et de conclure : «Les banques et institutions financières de la place ne semblent pas vouloir en sortir car c’est leur principal argument pour maintenir des taux extrêmement élevés. Ce qui a un impact nocif sur le pouvoir d’achat de nos concitoyens du fait que cela crée une forte inflation générée par le coût élevé de l’emprunt (…) »

 

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