Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (Fmi) a conclu le mardi 24 juin, avec les Comores, au titre du programme Facilité élargie de crédit (Fec), la quatrième revue de l’accord. L’accord du programme Fec, d’un montant total de 32,04 millions de Dts (environ 43 millions de dollars), sur une durée de quatre ans, vise à «soutenir les réformes économiques engagées par les Comores pour renforcer la stabilité macroéconomique, améliorer la gouvernance et accroître la résilience du pays face aux chocs internes et externes».
Des progrès et des objectifs partiellement atteints
En validant cette quatrième revue, le Fmi a également approuvé plusieurs dérogations sollicitées par les autorités comoriennes en raison du «non-respect de certains critères quantitatifs fin décembre 2024», notamment en ce qui concerne les recettes fiscales et le solde primaire intérieur. Des ajustements aux objectifs fixés pour décembre 2025 ont également été entérinés, en tenant compte des mesures correctives mises en œuvre.Malgré ces manquements, deux des cinq critères quantitatifs ont été respectés et huit des onze repères structurels prévus entre novembre 2024 et mai 2025 ont été atteints. Le Fmi note ainsi «des progrès importants» mais souligne que «des efforts soutenus restent nécessaires pour maintenir la dynamique des réformes».
Le programme de réformes appuyé par le Fmi s’articule autour de trois axes prioritaires, à savoir «la mobilisation accrue des recettes intérieures, via une réforme de l’administration fiscale et douanière, et une rationalisation des exonérations fiscales ; la stabilisation du secteur financier, à travers la restructuration de la banque postale publique Snpsf et le renforcement du rôle de supervision de la Banque centrale ; et le renforcement de la gouvernance, avec un accent sur la transparence budgétaire, la lutte contre la corruption et la réforme de la gestion des finances publiques».
Le Fmi fera savoir que la situation économique des Comores reste globalement stable, mais exposée à des risques importants. «Le Pib réel devrait croître de 3,3% en 2024, pour atteindre 3,8% en 2025, et cela est soutenu par l’investissement public et la reprise du crédit. L’inflation, quant à elle, s’élève à 5% en moyenne en 2024 et a atteint 7,3% en glissement annuel en mars 2025. Cela est due aux perturbations d’approvisionnement causées par les cyclones et une forte demande saisonnière».
La prévision d’inflation moyenne pour 2025 a ainsi été révisée à la hausse, à 3,8%. Concernant les finances publiques, «la consolidation budgétaire a été freinée par des recettes inférieures aux attentes, mais des mesures correctives sont en cours pour 2025». Le déficit du compte courant reste modéré à 2,2 % du Pib, avec des réserves internationales couvrant 7,4 mois d’importations, un chiffre appelé à dépasser 8,5 mois durant la période du programme.Selon le directeur général adjoint du Fmi, Nigel Clarke, «les autorités comoriennes restent pleinement engagées dans leur programme de réformes, malgré les défis liés à une longue transition politique et à des chocs climatiques».Il a alors salué «la résilience du pays», tout en appelant «à maintenir le cap des réformes».L’institution note «des avancées significatives » dans le domaine monétaire, avec notamment «une meilleure gestion de la liquidité par la Banque centrale des Comores (Bcc)», qui a publié son calendrier d’opérations et renforcé ses outils d’absorption de la liquidité. «La mise en œuvre opérationnelle de la nouvelle banque postale (Bbc) marque également une étape clé dans la réforme du secteur bancaire».
Sur le plan institutionnel, la Chambre anti-corruption est désormais opérationnelle, et de nouveaux règlements de gestion budgétaire ont été adoptés. Toutefois, l’on apprendra que «des défis persistent», notamment en matière de gestion de la trésorerie, de fiabilité budgétaire et de capacités techniques pour mettre en œuvre les réformes.L’institution de Bretton Woods estime que la relance de la mise en œuvre du programme, après le ralentissement observé fin 2024, «est un signe encourageant». C’est ainsi que l’on a tenu à préciser que «l’engagement continu des partenaires au développement reste essentiel pour mobiliser les financements nécessaires, renforcer les capacités institutionnelles et consolider la stabilité macroéconomique à long terme».