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Green reloads / La startup agricole 3.0 se lance dans l’agro-technologie 

Green reloads / La startup agricole 3.0 se lance dans l’agro-technologie 

Économie | -   Abdou Moustoifa

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«Le taux démographique ne cesse de croître. Il va falloir réfléchir sur comment nourrir ce monde dans les années à venir, déjà ce que nos agriculteurs produisent se révèle quasi-insuffisant. En analysant de près ces difficultés, on s’est dit pourquoi ne pas songer à des alternatives. Voilà l’origine du projet», a expliqué le créateur de Green reloads, Adinani Nacerdine, dans un long entretien accordé à Al-watwan, samedi 24 août.

 

Les nouvelles technologies sont capables de résoudre tous les problèmes, dit-on. Et l’agriculture n’a jamais été en reste. C’est ce que vient de prouver en tout cas Green reloads. Cette startup comorienne s’attend à relever un défi depuis bientôt deux ans : utiliser les Ntics au service de l’agriculture nationale. Ayant constaté que son pays, vit de l’agriculture et que pour multiples raisons ceux qui y travaillent peinent à nourrir même la population locale, Adinani Nacerdine s’est fixé un challenge.
Celui-ci consiste à se tourner vers l’agro-technologie en proposant des solutions pour résoudre les problèmes qui touchent l’agriculture. « Le taux démographique ne cesse de croître. Il va falloir réfléchir sur comment nourrir ce monde dans les années à venir, déjà ce que nos agriculteurs produisent se révèle quasi-insuffisant. Pire encore, on importe presque tout. Puis sont venus s’ajouter les menaces environnementales. Ce n’est pas en utilisant des tonnes de pesticides et en accentuant la déforestation que l’on résoudra le problème. En analysant de près ces difficultés, on s’est dit pourquoi ne pas songer à des alternatives. Voilà l’origine du projet», a expliqué ce dernier qui est le créateur de Green reloads, dans un long entretien qu’il a accordé à Al-watwan, samedi. Grâce à cette révolution connue sous le nom d’agro-technologie, développée par Green reloads, il sera possible de cultiver des légumes et des fruits dans un container mobile sans l’usage de pesticides. L’idée est d’aider l’agriculture comorienne à devenir à la fois beaucoup plus productive et performante en tenant compte des aléas climatiques et environnementaux.

Tout dans un container

Pour son équipe, composée de plusieurs personnes dont Kadahouddine Abdallah, Faissoil Mahmdou, Assadillah Moumine, Mbae Djoumoi Said et Dallal Abderemane, pas question de se lancer dans l’agriculture connectée (drone, capteurs, système d’arrosage automatiques pour savoir la période pendant laquelle, il faut cultiver). «Notre technologie se développe dans un environnement fermé. On produit dans des containers de 40 Pieds. L’équivalent d’un terrain de 4000 m2 de surface», a-t-il précisé.
A l’intérieur, on utilise environ 10% de l’eau qu’un champ ayant les mêmes dimensions en aurait besoin. «Soit 90% d’eau de réserve. C’est beaucoup. Surtout lorsque nous savons que l’eau demeure vitale pour l’agriculture. Côté engrais, les 40 pieds consommeraient 80 % de moins qu’un champ de culture de 4000 m2… On produit plus avec moins d’espace. Autre avantage, la mobilité de la boite. On peut transformer un parking en usine. Il suffit de déplacer son container», a-t-il révélé. Intempéries, inondations, cyclones, les changements climatiques n’y feront rien.

Un climat adapté

Tout comme en termes de sécurité. «Pour voler, il va falloir ramener une remorque, ou défoncer les serrures qui seront installées. Ce qui n’est pas évident ni facile à faire», a indiqué Nacerdine, avec un air joyeux.
Pour le moment, un container laboratoire a été installé à Moroni. Parmi les cultures qui s’y trouvent, on a des tomates, du piment et de la salade.
En ce qui concerne les besoins vitaux de la plante : air, soleil, lumière et tout, la startup a fait appel aux outils technologiques en créant un espace adapté. « On a reproduit à l’intérieur un micro climat. Des Led horticoles. Ce sont des lampes conçus pour assurer l’éclairage dans l’agriculture à la place du soleil. Nous sommes capables de gérer et de contrôler la température, le système d’aération, l’humidité. Quelle que soit la saison. Nous serons en mesure de connaître quelle température pour telle culture et avec quelles tonnes de récoltes. Tout est contrôlé à distance. Notre choix des variétés dépendra de nos clients. On ne dépend pas des saisons», a-t-il souligné.
Des caméras y seront installées pour détecter l’évolution des cultures, des maladies.


En ce qui concerne la durée des récoltes, on estime pour les légumes à feuilles par exemple, 10.5 de cycles par an. Soit une récolte tous les mois. Pour les autres produits comme les poivres, les tomates ou les piments, les études prévoient 4 cycles par année (une moisson tous les trois mois). Il n’y a pas que les fruits et les légumes que la startup songe révolutionner mais les éleveurs aussi.
En ce moment même, il existe un prototype qui permettra de produire (si tout va bien), de la nourriture destinée aux animaux tels que les bœufs, les chèvres, les moutons. Ils tablent sur une production de 500 kg de foin par jour sur un seul containeur.

Abdou Moustoifa

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