Devant la presse, le patron de l’Agid de l’île a fait savoir qu’à «l’heure actuelle, il reste quinze jours avant le délai, et je ne voudrais pas que l’on se bouscule avec les commerçants plus tard. Le 31 mars, notre service ouvrira jusqu’à minuit. Au-delà de ce délai, nous nous trouverons dans un contexte de contentieux et voie de recours pour patente non payée, laquelle occasionne, au même titre qu’une fausse déclaration fiscale, une majoration de 100 %», a-t-il attiré l’attention.
Si le directeur de l’Agid se montre ferme vis-à-vis du contribuable en général, il l’est encore plus vis-à-vis des établissements publics. «Je commencerai cette fois encore par les sociétés publiques avant les petits gargotiers et les commerçants. Et je serai intraitable avec eux, car il est inadmissible qu’un petit restaurateur paie, et que pendant ce temps ceux qui réalisent d’énormes chiffres d’affaires veuillent s’y soustraire», a-t-il averti.
Djaanfar Salim dit en effet vouloir combattre une «injustice fiscale» qui règne dans l’île, et qui se traduit notamment par une concentration de la pression fiscale sur la baie de Mutsamudu, auprès des mêmes contribuables. «J’ai déjà écrit au chef de l’Etat, au ministre des Finances et au directeur général de l’Agid au sujet du fait que toute la pression fiscale se concentre entre Mutsamudu et Ouani ici à Anjouan», a-t-il affirmé. Il a aussi rappelé avoir commencé à implanter des centres de recouvrement dans les régions, pour essayer à la fois de réparer cette injustice et de capter tout ce manque à gagner. Il se heurterait toutefois à une insuffisance des moyens, notamment de locomotion, d’endroits devant abriter ces agences régionales mais aussi d’effectifs. «Pour l’heure je dois avouer que je n’ai pas un aperçu de la carte fiscale de l’île», admet-il.
Il faut noter qu’en dehors du champ de recouvrement géographique limité (la baie de Mutsamudu représente à peine deux préfectures sur les cinq que compte l’île), de nombreuses catégories de contribuables continuent d’échapper au fisc. Il s’agit notamment des cabinets dédiés aux professions libérales (avocats, huissiers, médecins privés etc.), de nombreuses écoles privées, de locataires de maison et de terrains, des garages, bijouteries etc. Malgré tout, dans son rapport annuel de 2019, le Centre régional d’assistance technique pour l’Afrique australe (Afritac Sud) estime que «le ratio des recettes fiscales au Pib -Produit intérieur brut- a depuis augmenté de 6,6 points de pourcentage et est passé d’un plancher de 11,1 % en 2015 à un ratio prévu de 17,7 % à la fin de 2018». Une progression encourageante, dit-on.
SM