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Inauguration du nouveau bâtiment de la Bcc : “La Banque centrale doit tourner une page…”

Inauguration du nouveau bâtiment de la Bcc : “La Banque centrale doit tourner une page…”

Économie | -   Mohamed Youssouf

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Le président Azali Assoumani a coupé le ruban des nouveaux locaux de la Banque centrale hier dans la matinée. Au cours de son allocution, il a appelé la Bcc à intensifier ses relations avec les établissements bancaires en particulier la Bceao et la Beac. A l’heure où l’on parle d’émergence pour l’horizon 2030, le chef de l’État veut voir les banques être au rendez-vous et pour cela, selon ses propos, la Bcc doit rester une institution de référence et un conseiller économique et financier fiable. “Vous devez tout faire pour que les banques deviennent des institutions solides capables de répondre au besoin de développement économique et social du pays. La Bcc, et l’ensemble des Banques doivent servir de levier en matière de politique monétaire, donc de politique de crédit pour le développement économique et social”.

 

C’est devant le président de la République, Azali Assoumani que la Banque centrale des Comores (Bcc) a inauguré officiellement ses nouveaux locaux flambants neufs. L’inauguration des nouveaux locaux de la Banque centrale des Comores s’est déroulée en présence du vice-gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), Dieudonné Evou Mekou et du secrétaire général de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), Abdoulaye Seck.

Le président Azali Assoumani a profité de leur présence pour appeler à l’intensification des relations entre la Banque centrale des Comores et ces deux institutions.

Cet imposant bâtiment d’une valeur de 940 millions de francs permettra aux dirigeants et aux personnels de la Bcc, selon les dires d’Azali Assoumani, de disposer d’un “cadre de travail et de recherche moderne au pays”. En marge de son allocution, le chef de l’Etat est revenu sur la situation du secteur bancaire et sur les missions qui échoient à la banque centrale.

 

Pour lui, tout doit être fait pour que la Bcc reste cette institution de référence, car respectée et respectueuse de la Loi et des intérêts du pays. C’est à ces conditions que nous pourrons, ensemble, faire de la Bcc, un cadre de confiance, au service du financement de l’économie nationale, en vue de créer un environnement favorable à un meilleur financement de cette économie et permettre au pays de poursuivre avec optimisme, son ambition de s’inscrire parmi les pays émergents du continent africain, à l’horizon 2030.


Pour que la Bcc joue pleinement son rôle et reste une institution de référence, la transparence doit être son leitmotiv. “J’ose espérer qu’à propos de ce que j’ai lu dans la presse (Al-watwan du lundi 18 décembre, inauguration du nouveau bâtiment de la Banque centrale : y aura-t-il un audit interne et externe pour lever toutes les zones d’ombres) ces derniers jours, concernant cette institution, toute la lumière sera faite et toutes les responsabilités seront clairement dégagées, aussi bien pour la Bcc elle-même que de son Conseil d’Administration” a-t-il dit en faisant allusion aux informations selon lesquelles, des zones d’ombres subsisteraient quant au processus du choix de l’entreprise devant assurer la construction du nouveau bâtiment de la banque. 

 


Lire aussi : Inauguration du nouveau bâtiment de la Banque centrale : Y aura-t-il un audit interne et externe pour lever toutes les zones d’ombres ?




Trop d’embûches


Estimant par ailleurs que le secteur bancaire connait bon nombres de difficultés, Azali Assoumani a appelé la Bcc à tourner une page “en devenant plus active dans son rôle de conseil pour le développement économique”.

“Vous devez tout faire pour que les banques deviennent des institutions solides capables de répondre au besoin de développement économique et social du pays. La Bcc, et l’ensemble des Banques  doivent servir de levier en matière de politique monétaire, donc de politique de crédit pour le développement économique et social. Le système bancaire sous l’impulsion de la Banque centrale doit être au rendez-vous de 2030 et nous n’avons pas droit à l’erreur” a-t-il exhorté.


Booster le secteur productif

Pour le président, la Bcc a un rôle important dans la politique monétaire et dans la stabilité financière du pays. Si le chef de l’Etat insiste sur le rôle de la banque centrale, c’est pour éviter “les situations difficiles vécues dans le passé” par plusieurs établissements bancaires dans la mesure où, “un meilleur suivi de ces banques aurait permis d’éviter l’aggravation de certains faits”. Il fera allusion à des problèmes de gouvernance, d’actionnariat et de respect de la loi bancaire.

Profitant encore une fois de la présence de la Beac et de la Bceao, Azali Assoumani estime que la Bcc doit “s’inspirer de leurs expertises et de leurs expériences et de les répliquer aux Comores car notre appartenance à la zone franc hier et nos liens avec la zone euro aujourd’hui constituent un bouclier de stabilité pour notre économie et notre population”.

Au chapitre des bons résultats, selon les propos du président, le crédit de l’économie est passé de 10 milliards en 2005 à 80 milliards en 2017, avec la création de la banque postale, plus de 15 000 agents de l’État sont bancarisés, le paiement manuel a pris fin et aujourd’hui il y a une dizaine de banques, d’établissements financiers et de micro-finances alors “qu’il y a dix ans de cela, le paysage bancaire comorien était composé d’une seule banque commerciale et d’une banque de développement”.

 

 

Intervenant en premier pour souhaiter la bienvenue à l’assistance, le gouverneur de la Bcc s’est notamment attardé sur les difficultés que rencontre le secteur bancaire. Pour Younoussa Ben Imane, “des contraintes importantes limitent aujourd’hui le financement du secteur privé”.

Il citera entre autres l’absence de ressources pour le financement à long terme, la concentration des banques dans le milieu urbain, une faible bancarisation de la population, le peu de crédits destinés à des investissements productifs, l’insuffisance des infrastructures de base, des taux d’intérêt trop élevés et les dysfonctionnements de la justice.

Malgré toutes ces insuffisances, la Bcc cherche à multiplier sa supervision et à jouer pleinement son rôle de conseiller économique et financier afin de soutenir la politique de l’émergence prônée par les autorités actuelles.

Pour y parvenir, selon le gouverneur de la Bcc, Younoussa Ben Imane, “la banque centrale a engagé de nombreuses réflexions pour identifier les moyens afin de mieux mobiliser l’épargne et l’orienter vers des investissements productifs”.


S’ouvrir aux autres banques

Ainsi, ces réflexions tourneraient autour de la mobilisation de l’épargne intérieure et celle de la diaspora, la mise à jour du système national de paiement, le renforcement du marché interbancaire et le développement du secteur productif pour ne citer que ces points.

Réagissant sur les propos du président Azali Assoumani qui demande de la transparence et que des responsabilités soient établies quant au projet de construction du nouveau bâtiment de la Bcc, Younoussa Ben Imane a tenu à informer que “toutes les réalisations du passé, du présent et du futur feront l’objet d’un audit pour s’assurer de leur transparence”.

 “Le président Azali Assoumani a réagi sur des informations qu’il a lues dans la presse et nous avons engagé le processus pour établir les responsabilités de tout un chacun. Je ne peux évidemment pas vous divulguer les résultats puisque les travaux sont en cours” devait-il réagir. Il a tenu à informer également que désormais, la Bcc allait s’ouvrir aux autres banques de l’Océan Indien et de l’Afrique de l’Est, histoire de développer le secteur bancaire.


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