Un arrêté conjoint du ministère des Finances et celui de l’économie a acté la baisse du prix du riz ordinaire. Cette mesure répond-elle à un besoin immédiat à l’image du mois de Ramadhwani ou est-ce qu’elle s’inscrit dans une logique de longue durée ?
Cette décision s’inscrit dans la volonté du chef de l’Etat d’alléger le quotidien des Comoriens en particulier les plus démunis. Le fait qu’il y ait le Ramadhwani est une heureuse coïncidence parce que depuis deux ans, l’on cherche les voies et moyens de réduire le coût du quotidien des plus vulnérables. Après des études et autres analyses poussées, la décision de revoir à la baisse le riz ordinaire a été entérinée. Il s’agit d’une continuité des mesures du président de la République contre la vie chère après la baisse des prix des produits pétroliers, des inscriptions à l’université entre autres. Il ne s’agit donc pas d’une décision ponctuelle, c’est du long terme.
De telles décisions pour la baisse des prix des produits de première nécessité sont souvent prises mais là où le bât blesse, c’est le respect de ces mesures.
Que pourrait faire l’Onicor pour que les prix soient respectés?
Il revient à l’Onicor de mettre tout en œuvre pour s’assurer du respect des prix. Raison pour laquelle, une campagne publicitaire est actuellement lancée dans les médias pour sensibiliser la population sur l’importance de cette baisse. C’est la population qui se trouve être la première bénéficiaire de la baisse du prix du riz ordinaire.
Il appartient à cette dernière de s’impliquer dans le respect de la mesure. L’Onicor vend le riz aux grossistes et s’applique, en collaboration avec le service de contrôle des prix et le commissariat central de la police, à veiller sur l’application des nouveaux tarifs. Ce qu’il faut que tout le monde sache c’est qu’à Ndzuwani et Mwali, il n’y a aucun problème quant à l’application des tarifs arrêtés. A Ndzuwani, la population a joué son rôle dès la publication des nouveaux prix tout comme elle avait garanti le respect des anciens prix alors qu’à Ngazidja, ils n’étaient pas respectés. L’irrespect des prix est un problème de Ngazidja donc.
Cette baisse du prix traduit-elle une santé financière solide pour la société ?
Effectivement, l’Onicor présente aujourd’hui une santé financière saine. A mon arrivée en 2016, la société traversait un déséquilibre financier et notre première mission consistait à y remédier. Nous avons remis un plan quinquennal au président de l’Union dans lequel, nous avions l’engagement de redresser la société, harmoniser ses comptes. Deux ans plus tard, l’objectif est atteint et l’Onicor est à même de mieux accompagner la politique du président Azali Assoumani contre la vie chère. Dans le budget prévisionnel 2018 de l’Onicor, la somme de 1,8 milliard est distribuée à la population avec cette baisse pour un pouvoir d’achat revu à la hausse. Cette somme aurait pu être remise au gouvernement pour le financement de certaines réalisations au profit de la population. Le président Azali Assoumani a entériné la distribution actuelle au lieu de le faire à travers des projets à l’image de l’hôpital El-maarouf ou des routes.
Pourtant, dernièrement, le ministère des Finances a pointé du doigt le fait que la société n’a pas atteint ses prévisions budgétaires pour le premier trimestre…
Le budget prévisionnel est basé sur la taxe unique sur l’importation du riz. Depuis 2017, nous avons constaté une baisse tendancielle de la consommation du riz ordinaire. Pourtant, des efforts ont été consentis pour améliorer la qualité du riz en passant de 15% à 10% de brisure. Devant cette situation paradoxale, on s’est posé la question de savoir si cette baisse profitait au riz de luxe. Mais à notre grande surprise, après une enquête diligentée et à en croire les données de la douane, la consommation du riz de luxe a fortement chuté en 2017 soit 40% par rapport à 2016. Des enquêtes sont en cours pour trouver de meilleures explications. Pour répondre à la question, effectivement, nous n’avons pas atteint nos prévisions budgétaires pour le premier trimestre parce qu’on paie moins à la douane du fait que la consommation a fortement diminué. Qui dit moindre consommation, dit forcement moins d’importation et donc moins de droits de douane. En parlant de la baisse de la consommation du riz ordinaire, aujourd’hui, de plus en plus de Comoriens consomment du riz d’une qualité supérieure bien que plus cher et malgré vos statistiques.
Il n’existe pas une politique qui vise à diversifier la qualité du riz que vous importez ?
La diversification des produits de l’Onicor est un projet en gestation. Rien ne nous interdit d’importer du riz Basmati. D’ailleurs, en se lançant dans l’importation du riz de luxe, l’Onicor occasionnerait forcement l’accessibilité de ce produit pour une grande partie de la population. Ce n’est pas exclu malgré le fait que les données officielles ne montrent pas un certain engouement au profit du riz de luxe. A titre d’exemple, l’importation du riz Basmati par l’Onicor aurait comme conséquences une révision à la baisse de son prix mais également une meilleure contribution au niveau du budget de l’Etat.
Depuis quelques temps, on en a fini avec les pénuries du riz. Qu’est ce qui a été réalisé et comment pérenniser cet état de fait ?
Dans le plan quinquennal que nous avons soumis au chef de l’Etat, nous avons démontré la volonté de construire des magasins de stockage sur l’ensemble du territoire. Nous sommes un archipel avec les vulnérabilités qui vont avec. Il suffirait qu’il y ait une guerre dans les pays d’approvisionnement ou que les navires soient détournés par les pirates. Ces magasins de stockage permettraient donc de faire face en attendant le rétablissement de la normalité. Les magasins de stockage sont la solution parfaite pour lutter contre les pénuries. Avant, nous n’avions aucun endroit où stocker le riz dans le pays. Dès l’arrivée du produit, tout partait chez les grossistes qui pouvaient par la suite simuler une pénurie pour mieux vendre. Aujourd’hui cette possibilité est quasi nulle dans la mesure où, les clients savent qu’en organisant une pénurie, l’Onicor est capable de réinjecter immédiatement le riz sur le marché. Soutenir l’émergence, c’est investir dans ce genre de réalisation. Nous avons déjà les places et le terrassement est en cours pour les magasins de stockage dans les régions du pays. Le but étant de rapprocher le produit à la population et réduire le coût du transport chez les grossistes. Je tiens également à signaler que plusieurs emplois seront créés à travers cette initiative.
Dans quelques jours, ce sera le second anniversaire du régime. Quel bilan tirez-vous de vos deux ans à la tête de l’Onicor ?
Encore une fois, nous avons un plan sur 5 ans que nous réalisons petit à petit. A mon arrivée, j’ai trouvé que la société était dépourvue d’un système d’information pour gérer les activités de l’Onicor. Une société qui fait tout de même un chiffre d’affaire annuel de 13-14 milliards. Actuellement, nous sommes en train de réparer cette anomalie. La société est également engagée dans ce projet de magasins de stockage pour lutter contre les pénuries et rapprocher le produit des consommateurs. A mi-parcours, l’équipe actuelle de l’Onicor a redressé la situation financière de la société.
Les sociétés d’Etat sont régulièrement prises à partie pour une gestion incertaine et des contrats signés sans appel d’offres. Le président de l’Union appelle à dénoncer ces pratiques… En ce qui nous concerne, des audits ont été effectués par des compétences étrangères et rien de particulier n’a été révélé. Au moment où je vous parle, la Cour des comptes mène un audit sur l’Onicor. C’est pour vous dire que nous avons le souci d’avoir une gestion saine.