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La dernière compagnie aérienne comorienne mise en bière

La dernière compagnie aérienne comorienne mise en bière

Économie | -   Ahmed Ali Amir

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Même dans les Etats les plus libéraux, lorsqu’une entreprise connaît des difficultés et qu’elle n’est pas en cessation de paiements, des dispositions d’aides déterminantes sont mises en place pour la sortir de l’eau. Les vieilles recettes du «protectionnisme» sont partout activées pour protéger les industries locales.

 

Inter iles met la clé sous le paillasson, licencie plus d’une centaine d’employés et s’apprête à rembourser ses clients. Une telle chose peut arriver au monde, sauf que cela suppose que l’Etat aura au préalable épuisé tous les moyens permis par la loi pour sauver l’entreprise en difficulté.

 


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Par contre, dans aucun pays au monde, on ne dresse des obstacles contre les entreprises en crise, encore moins les entreprises florissantes, en pleine expansion comme Int Air Iles.

Investir et réussir dans le transport aérien tient aujourd’hui de la gageure, un défi presque impossible à relever. Tous les opérateurs historiques dans le monde traversent des problèmes sérieux. La compétitivité et le rendement s’en trouvent affectés, au point de plomber leur modernisation et la restructuration de leurs services. 

Le défi des pouvoirs publics consiste à soutenir l’entreprise en proie à la concurrence, réinjecter de l’argent quand elle est au bord de la faillite, négocier des prêts à des taux bas pour renflouer ses caisses, rechercher un repreneur, quand elle est à bout de souffle. C’est quand toutes ces initiatives prises échouent que l’Etat entérine les licenciements économiques et admet la faillite des entreprises.

La procédure engagée par les Etats vise à sauvegarder l’entreprise pour assurer le maintien de l’activité et de l’emploi et si besoin est, d’apurer son passif. Même dans les Etats les plus libéraux, lorsqu’une entreprise connaît des difficultés et qu’elle n’est pas en cessation de paiements, des dispositions d’aides déterminantes sont mises en place pour la sortir de l’eau. Les vieilles recettes du «protectionnisme» sont partout activées pour protéger les industries locales.

Il existe des structures d'examen des problèmes de financement des entreprises et des organes interministériels de restructuration industrielle pour intervenir en amont et en aval pour sauver les sociétés commerciales.

Dans les pays du golfe, les compagnies «prospères» sont largement subventionnées (Etihad, Qatar Airways et Emirates). Selon une étude récente, elles ont obtenu des subventions de l’ordre de 42 milliards de dollars en dix ans, les plaçant dans une position hautement concurrentiel par rapport aux autres compagnies européennes, se permettant ainsi d’appliquer des tarifs relativement bas.

Le transport aérien ne cesse de croitre dans le monde. Malgré cette forte croissance, les compagnies peinent à réaliser des bénéfices, leur marge ne dépassant pas les 2.4%. Elles se trouvent englués dans des contentieux graves, incapables d’apporter des réponses notamment sur les salaires, les retraites, les réductions des couts…

Ici, l’Agence nationale de l’aviation civile a presque enterré Ab Aviation alors que la compagnie s’est pliée à toutes les exigences imposées. Aujourd’hui, nous assistons impuissants à la mise en bière de la dernière compagnie qui a apporté les preuves de son sérieux et de son engagement pour se développer à l’international.

L’unité et la cohésion nationale ne peuvent se renforcer sans liaisons permanentes entre les îles. Aucun investisseur sérieux ne peut s’aventurer à injecter de l’argent dans le secteur touristique, si le pays n’est pas desservi par des compagnies internationales de prestige. Or l’atmosphère ne s’y prête pas.

Après le communiqué d’Int Air Iles annonçant la fermeture de la compagnie, les regards se tournent vers l’ultime négociation que l’Etat promet d’ouvrir ce matin.

 

 

 

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