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Lancement du premier chéquier de la Bdc : La Banque de développement élargit ses moyens de paiement

Lancement du premier chéquier de la Bdc : La Banque de développement élargit ses moyens de paiement

Économie | -

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Devant de gros et petits clients, la Banque de développement des Comores (Bdc) a lancé lundi son premier chéquier au cours d’une cérémonie organisée au Golden Tulip. La première banque des Comores a connu de nombreuses étapes de transformation ces dix dernières années suite à l’ouverture de son capital depuis 2012. L’institution souhaite «aller plus loin» dans sa politique de diversification de ses produits afin de toucher une couche importante de la population non encore bancarisée. Quatrième banque en termes d’encours de crédit, la Banque de développement des Comores, créée en 1982, compte poursuivre les réformes engagées depuis 2008 afin de retrouver ses marques d’antan, comme l’ont d’ailleurs souhaité des clients nostalgiques, en marge de cette cérémonie.

 

La Banque de développement des Comores (Bdc) a lancé lundi au Golden Tulip hôtel «son premier chéquier» de l’histoire, soit trente-six ans après sa création et dix ans après que l’Etat (ancien principal actionnaire) a décidé d’ouvrir le capital de la banque à des privés. La Bdc deviendra alors une banque commerciale à part entière. Les responsables de l’établissement ont remis symboliquement des carnets de chèque à une vingtaine de clients spécifiés et conviés à cette cérémonie particulièrement sobre.


«C’est un événement que nous attendions depuis longtemps», a souligné le directeur général adjoint de la Bdc, Mohamed Moussa Moudjahid, pour qui le lancement du carnet de chèque permettra à la banque d’engager «un nouvel élan» et satisfaire des clients de plus en plus tournés vers des activités, jusqu’ici, non inscrites dans l’agenda de l’établissement. «Nous sommes en mesure maintenant d’offrir à nos clients une gamme de produits et de les accompagner à réaliser leurs projets», a poursuivi le jeune banquier.

S’ouvrir à de nouvelles perspectives

À la question de savoir pourquoi trente-six ans après, la Bdc était restée à la traine, le responsable de la communication, Saïd Abdallah Tourqui a fait part d’un problème de statut : «la banque avait des missions spécifiques qui consistaient à soutenir des gros projets de développement. Mais, depuis 2008, la Bdc est devenue une banque commerciale, des études étaient nécessaires pour arriver là». Et lui de poursuivre ; «nous avons une autre vision, les conditions techniques ne nous permettaient pas d’émettre des chèques. Mais maintenant, les clients nous font confiance, nous sommes obligés d’être en phase avec leurs besoins».


Le directeur général adjoint a indiqué que l’établissement a consenti un investissement de «500 millions» de francs comoriens pour doter l’institution d’un logiciel aux multiples facettes, capable de répondre durablement aux besoins d’une institution en pleine mutation et souhaitant réussir une politique de diversification de ses produits. Avec le lancement de ce chéquier, la Bdc vient ainsi élargir ses moyens de paiement et compte poursuivre avec d’autres produits à l’avenir. «Bientôt, nous allons lancer les cartes, disons d’ici six à douze mois», indique Saïd Abdallah Tourqui.


Au nom des clients, Sitti Djaouharia Chihabiddine s’est particulièrement réjouie de la dimension prise par l’établissement et sa capacité à s’adapter au marché bancaire de plus en plus rude. Pour elle, la Bdc ne doit pas, qu’elle que soit la concurrence, renoncer à sa vocation première et aux missions qui ont fait d’elle «la vraie» banque du pays. «Nous vous demandons de continuer à diversifier vos activités mais n’oubliez pas ce que faisait la banque au début de sa création, à savoir le soutien à des grands projets d’investissements», a-t-elle conseillé.


La nouvelle direction générale dit vouloir ouvrir prochainement des bureaux et poursuivre la politique engagée afin de toucher une couche importante non encore bancarisée. «On avait jusqu’ici des moyens techniques et technologiques limités, cette fois, rien ne peut nous empêcher d’envisager d’autres activités. La clientèle est le socle de développement de notre institution», a encore ajouté Mohamed Moussa Moudjahid qui a refusé de nous faire un commentaire sur le retrait de l’agrément accordé à l’ex-directeur général, Marc Athiel, mis à la porte après des lourds soupçons de favoritisme présumés.


Quatrième établissement financier, selon la banque centrale, en termes d’encours de crédit, derrière l’Union des Meck, la Bic et Exim Bank, la Bdc veut rester «confiante» à la nouvelle vision. L’établissement compte environ 25.000 clients avec un encours de crédit estimé à «neuf milliards de francs comoriens», selon le directeur des crédits, Natukouddine Saïd Ali. «Ce sont les gros investissements des privés, suivis des activités commerciales qui sont beaucoup plus financés par la banque», a-t-il souligné.
La Banque de développement des Comores compte aujourd’hui une soixantaine d’agents. On compte quatre actionnaires à savoir le Groupe français I&P (37,5%), l’Etat comorien (37,5%), l’Afd (12,5%) et la Banque européenne d’investissement (Bei, 12,5%).  


L’Etat comorien est en train de finaliser des négociations avec le Group français Duval qui, selon toute vraisemblance, devrait obtenir les parts du Group I&P et une partie du capital de l’Etat pour devenir actionnaire majoritaire de la banque.


A.S.Kemba


Banque de développement des Comores Une banque avant-gardiste depuis les années 1980

La première banque des Comores (Bdc) a été créée par Ahmed Abdallah Abderemane sept ans après l’indépendance pour accompagner le pays à réaliser des investissements dans les secteurs productifs à forte croissance économique. L’idée, à l’époque, était de soutenir les secteurs de l’agriculture et de la pêche en vue d’assurer une autosuffisance alimentaire. La croissance économique était estimée au milieu des années 1980 à plus de 8,7%, d’après des études fournies à l’occasion des travaux techniques des Assises nationales de février dernier.


Mais devant les besoins immenses du pays, la Bdc a élargi son champ d’intervention en soutenant la mise sur pied d’importants projets dans le secteur du Tourisme et des Transports. L’institution avait joué un rôle important au milieu des années 1980 dans le démarrage des projets phares à l’époque comme le lancement de la société de papeterie des Comores (Sopac), la défunte Air Comores ou encore l’hôtel Ylang (ancien Comotel) devenu aujourd’hui l’hôtel le Retaj.

Au début des années 1990 jusqu’aux années 2000, la Bdc a accompagné des grands opérateurs privés dont certains font la fierté du pays comme les entreprises Egt (Entreprise générale de terrassement) ou Cbe (Concassage, bétonnage, enrobage). «C’était l’une des plus grandes œuvres réalisées par la banque», se félicite le directeur du crédit à la Bdc, Natukouddine Saïd Ali.  Face à la concurrence et aux difficultés de trésorerie, la Bdc, par la volonté de l’Etat, change de stratégie et ouvre son capital à d’autres privés. Viendra ensuite la diversification des produits avec la monétique.


L’établissement a dû faire face à un mini scandale ces dernières années non encore élucidé et qui a poussé la banque centrale à retirer l’agrément accordé au directeur général sortant, Marc Athiel. Tous les responsables de la Bdc refusent de nous apporter un éclairage sur ce qui s’est réellement passé. «Cela reste du ressort des autorités (de la Bcc, Ndlr) qui ont pris cette décision, ce sont elles qui devraient vous répondre», a ainsi lâché Natukouddine Saïd Abdallah.

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