La commission d’enquête mise en place le 15 juin dernier par le parlement pour se pencher sur l’”affaire” dite de la “Citoyenneté économique” va entrer dans une phase décisive : l’organisation des premières auditions des personnes qui, de près ou de loin, ont joué un rôle dans la vente de passeports comoriens dans le cadre de la loi sur la citoyenneté économique.
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De l’avis général, c’est la première fois depuis sa révélation, il y a déjà neuf ans, que cette affaire va faire l’objet d’un vrai débat.
Pour le moment les membres de la commission multiplient les rencontres avec les différents acteurs et partenaires qui pourront jouer un rôle primordial dans l’enquête.
Ces travaux “préliminaires”, comme les qualifie le président de la commission, le député Dhoulkamal Dhoihir, servent à réunir tous les ingrédients permettant à l’enquête de répondre aux attentes.
“La tâche qu’on nous a confiée n’est pas du tout facile et demande autant d’abnégation que d’efforts et nous n’avons pas droit à l’erreur. Par conséquent nous devons nous mettre au travail et veiller au grain. Raison pour laquelle nous avons commencé à rassembler les pions du puzzle pour que la machine entre en marche le plus vite possible”, a-t-il indiqué.
Impliquer tout le monde
Selon ce vice-président de l’Assemblée nationale, son équipe est ouverte à toutes les formes d’aides et consultera toutes les personnes qu’elle juge aptes à les accompagner.
Tous les acteurs seront les bienvenus, nous avons commencé à consulter plusieurs personnalités, dont le patron de l’entreprise Cbe, Mahmoud Mohamed Ali et l’avocat Me Said Larifou. Et nous aimerions, également, avoir l’aide d’experts. L’objectif de ces entrevues est de nous permettre d’être prêts à réaliser un travail objectif,
explique-t-il. Jusqu’à maintenant, la phase des rencontres avec les acteurs se poursuit. C’est le cas avec l’avocat et homme politique, Saïd Larifou, sensé “apporté son expertise juridique”.
De la même manière, Dhoulkamal se serait entretenu, vendredi dernier par vidéo conférence, avec la journaliste indépendant et auteur d’un livre appelé “Citoyenneté à vendre” paru en septembre 2016 aux éditions Luxediteur, Atossa Araxia Abrahamian.
Dans ce livre, Atossa se penche sur la question de la vente de la citoyenneté économique à travers le monde y compris les Comores.
Durant cet entretien, la journaliste aurait accepté d’apporter son aide à la commission. A en croire toujours Dhoulkamal, la journaliste s’est dite prête à se charger de la communication à l’échelle mondiale à travers les médias comme le New York Times ou Aljazeera avec lesquels elle collabore.
Atossa Araxia aurait confié que l’ancien homme d’affaires, Bashar Kiwan, qui aurait joué un grand rôle dans cette affaire aux Comores était visé par un mandat d’arrêt émis par le Koweït.
Un constat, un chiffre et de mesures
Si la commission espère commencer les auditions à partir du 15 de ce mois, elle devra néanmoins faire tout le nécessaire pour atteindre ses trois principales missions à savoir : élaborer un constat sur la séance parlementaire du 27 novembre 2008 au cours de laquelle la loi a été adoptée, le nombre exact des passeports vendus et enfin proposer des mesures préventives pour qu’un tel phénomène ne se reproduise plus.
Durant les six mois prévus pour l’enquête, la commission va interroger tous ceux et celles qui ont joué un rôle de près ou de loin dans cette affaire et “si tout se passe comme prévu”, les personnes impliquées directement ou indirectement dans ce que certains qualifient déjà de “scandale” seront entendues par la commission.
Le vice-président de l’Assemblée nationale a précisé que la commission n’avait pas défini une période spécifique de travail mais que, toutefois, elle compte se focaliser, dans un premier temps, sur la période couvrant la mise en place du programme de la citoyenneté à la date de sa fin plus particulièrement en 2015.
“Nous avons une responsabilité énorme envers le peuple comorien. Certes plusieurs sources affirment que la vente de passeports se poursuit et nous espérons aller plus loin même jusqu’en 2017 bien sûr si les moyens nous le permettent.
De notre côté nous nous engagerons par tous nos moyens. Concernant ces auditions nous avons déjà informé le ministre de la justice”, conclura-t-il.