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L’incidence de la pauvreté s’aggrave à Ndzuani en milieu rural

L’incidence de la pauvreté s’aggrave à Ndzuani en milieu rural

Économie | -

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À Ndzuani, 46,6% des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté contre 44,9% à Mwali et 39,8% à Ngazidja, selon les dernières études sur l’état de la pauvreté aux Comores. Et comme toujours, depuis 1995, ce sont les zones rurales qui sont fortement touchées par le phénomène avec plus de 65% des ménages incapables de subvenir aux besoins minimaux de base.

 

L’île de Ndzuani connait le taux le plus élevé de la pauvreté dans l’archipel. C’est ce que révèle le dernier rapport officiel sur la pauvreté intitulé «Evaluation de la pauvreté dans l’Union des Comores», rendu public cette année 2018. Le document de 36 pages est un condensé du rapport co-rédigé par des experts de la Banque mondiale avec l’appui de l’Institut national des statistiques et des études économiques et démographiques (Inseed) basé au Commissariat général au Plan (Cgp).


Un taux de pauvreté extrême


Si les conclusions de la pauvreté sont plus ou moins encourageantes au niveau global, elles demeurent sévères sur l’état du phénomène dans l’île de Ndzuani où l’on note «un taux d’extrême pauvreté» plus élevé par rapport aux deux autres îles de Ngazidja et Mwali. Tout comme à Mayotte. (Lire encadré ci-dessous). «La pauvreté est inégalement repartie sur le territoire (…). Elle (la pauvreté) est moins répandue à Ngazidja»et reste très élevée»dépassant les 45% à Ndzuani», selon le document qui précise que 70% des pauvres (à Ndzuani) vivent en zones rurales où les habitants sont livrés à eux-mêmes avec une érosion continue de leurs modestes revenus.

La croissance démographique rapide avec un taux de fécondité toujours très élevé à Ndzuani explique, en grande partie, les causes de l’accroissement de la pauvreté dans l’île.

Le revenu minimum estimé est de 1,9 dollar par habitant et par jour (indicateur international) et de 3 dollars (indicateur national). Mais la faible croissance observée dans le pays (0,2% par an durant la période 1995 à 2015) peut aussi expliquer la paupérisation d’une bonne partie des habitants vivant dans les zones rurales à Ndzuani.

23,5% de la population vit dans l’extrême pauvreté.

Les changements climatiques ont grandement contribué à «cette sévérité de la pauvreté » dans ces zones où plus de «90% des habitants dépendent des cultures vivrières et maraîchères», indiquent d’autres sources. Dans l’ensemble du pays «environ 23,5% de la population vit dans l’extrême pauvreté et est donc dans l’impossibilité de subvenir à ses besoins nutritionnels minimaux de 2.200 kilocalories par personne et par jour», souligne le rapport.

La pauvreté a connu un léger recul ces vingt dernières années. Elle a été estimée à 54,7% en 1995 et à 44,8% en 2004, selon le 4ème rapport sur les OMD (Objectifs du millénaire pour le développement) rendu public au Palais du peuple en octobre 2013. En 2014, la pauvreté touchait 42,4% «soit environ 316.000 personnes», selon toujours les dernières données officielles. Le prochain rapport sur la pauvreté est attendu «au plus tardfin 2019».

A Ndzuani, 46,6% des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté contre 44,9% à Mwali et 39,8% à Ngazidja.

Et comme toujours, depuis 1995, ce sont les zones rurales qui sont fortement touchées par le phénomène avec plus de 65% des ménages incapables de subvenir aux besoins minimaux de base.

L’enquête intégrale des ménages (EIM) et l’enquête démographique et de santé (EDS) qui servent de supports incontournables pour évaluer la pauvreté montrent que malgré «ce léger recul», les inégalités persistent entre les îles et entre les zones rurales et urbaines.


Mauvaise répartition des fruits de la croissance


Les fortes inégalités sont surtout aggravées par une mauvaise répartition des richesses produites sur l’ensemble du pays. Le rapport note «peu de progrès…en faveur de la prospérité partagée» et que les répercussions de la croissance sur la pauvreté ont été lentes» au cours de ces vingt dernières années. «Malgré les progrès observés en matière de pauvreté, les groupes pauvres et vulnérables de la population ont proportionnellement moins bénéficié de la croissance et de l’amélioration du niveau de vie», détaille le rapport qui précise que les groupes riches et aisés ont connu «une croissance plus élevée» entre 2004 et 2014 alors qu’à la même période, la consommation moyenne des personnes pauvres et des plus démunis n’a augmenté que respectivement de 4 et 15,5% contre 30% de la consommation moyenne par habitant sur l’ensemble des catégories sociales.

 

Le rapport précise par ailleurs que «les faibles niveaux d’éducation et l’emploi agricole ainsi que l’emploi informel et à faible productivité» contribuent à la pauvreté, précisant que les Comores connaissent une transformation de la structure de l’économie. L’agriculture a été jusqu’ici le maillon fort de la croissance. Mais elle est détrônée par le secteur des services qui apporte une part importante au PIB avec une «main d’œuvre qui est entrain de transiter progressivement de l’agriculture vers les autres secteurs», selon le rapport qui conditionne la réduction de la pauvreté à la stabilité politique du pays.


A.S.Kemba

 


Mayotte, la pauvreté touche 84% des habitants, selon l’Insee

Bien que les critères et indicateurs d’évaluation de la pauvreté ne soient pas les mêmes entre les quatre îles de l’Union des Comores, le phénomène touche une proportion importante des habitants de l’île au lagon. L’Institut national (français) des études économiques (Insee) souligne «un taux de pauvreté élevé» à Mayotte où les conditions de vie des habitants sont «très précaires», selon une enquête «Budget famille» réalisée toujours en 2014 et intitulée «Entre faiblesse des revenus et hausse de la consommation». Cette enquête précise que les disparités sont très importantes entre la catégorie aisée et les plus modestes. Le coût des besoins de base mensuel dans les trois îles est évalué à 25.341 francs comoriens alors qu’à Mayotte, il est estimé à 87 euros (soit environ 43.000 francs comoriens). «Entre 2005 et 2011, les dépenses de consommation par ménage ont presque doublé en moyenne, passant de 652 euros à 1 155 euros par mois. Hors inflation, elles progressent de 50 % sur la période, à un rythme plus rapide (+ 7 % par an) qu’entre 1995 et 2005 (+ 3 % par an)», indique l’Insee.


 

 

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