Les Sanduk de l’île de Ngazidja sont intégrés dans le système bancaire de la place et peuvent désormais se considérer comme des institutions financière décentralisées (Ifd) à part entière, a-t-on appris hier auprès des hauts responsables du réseau.La Banque centrale des Comores (Bcc) vient en effet de délivrer l’agrément enregistré sous le numéro 001-2018/AG/IFD et permettant, depuis janvier 2018, de mettre fin “au statut quo” observé depuis 2007, année à la fin de laquelle les Sanduk de Ngazidja ont vu leurs partenaires, l’Afd en tête, cesser l’accompagnement après une série de détournements à l’origine des faillites de nombreuses caisses villageoises.
Confiance retrouvée
“C’est le début d’une renaissance des Sanduk de Ngazidja”, a souligné hier le directeur général du réseau de l’île, Chakira Moegni. “En 2007, toutes les caisses étaient pratiquement en faillite, personne n’était en mesure d’assumer le passif, mais avec le temps, nous nous sommes débrouillés, et, maintenant, tout est presque revenu à la normale”, a-t-il détaillé avec un brin d’amertume. Au cours de cette période d’observation, les Sanduk de Ngazidja ont dû serrer les ceintures et engager un plan de restructuration suivi par des reformes qui ont permis au réseau de renouer la confiance avec la Banque centrale et les autres établissements financiers. A compter de 2018, la plus haute institution inclurait les statistiques des Sanduk de Ngazidja dans ses données officielles, indique-t-on à la Bcc.
Une épargne estimée à 2 milliards
L’intégration du réseau des sanduk de Ngazidja dans le système bancaire a été saluée par l’Association des professionnels des banques et établissements financiers (Apbef) qui y voit “une preuve du bon travail accompli” par le réseau des Sanduk. “C’est une bonne nouvelle, cela montre qu’il y a eu des sacrifices et des efforts importants à saluer”, s’est félicité hier la secrétaire permanente de l’Apbef, Touffaha Abdoulmadjid. Le réseau des Sanduk de Ngazidja enregistre un volume de dépôt important comparativement à la période d’avant 2007. L’épargne globale est estimée “aujourd’hui à 2 milliards de francs comoriens”, selon toujours Chakira Moegni qui indique “un encours de crédit de plus d’un milliard”.
A l’entendre, la vision projetée à l’avenir est la poursuite du plan d’extension et de rentabilité du réseau.”Nous sommes en train de bâtir un réseau solide, maintenant, ce n’est pas de l’artisanat. Notre objectif est d’offrir des services financiers de proximité accessibles au plus grand nombre pour soutenir le réel développement socio-économique”. Le réseau compte aujourd’hui neuf Sanduk réunis autour de trente-et-une agences à Ngazidja. “On parle de Sanduk lorsque l’épargne se situe entre 200 et 300 millions de francs”, explique le directeur général qui annonce des mesures de contrôles systématiques et inopinés ainsi qu’un vaste plan de formation de ressources humaines.
“Là où il y a l’argent, il y a toujours de la tentation, le plus important est de mettre les garde-fous, renforcer les mesures de contrôle”, dit encore Chakira Moegni.Les caisses villageoises se limitaient jusqu’ici à des services classiques de base comme les prêts commerciaux, individuels et les prêts “mariages”. L’agrément obtenu cette année offre également des nouvelles marges d’action au réseau des Sanduk avec la possibilité d’étendre désormais le champ d’activités comme les transferts d’argent.