Après plusieurs jours de tensions marquées par la fronde des opérateurs économiques contre le nouveau mode de calcul de certaines taxes, le Syndicat national des commerçants des Comores (Synaco) affiche sa satisfaction à l’issue «d’un compromis » trouvé avec le ministère des Finances et les responsables de Moroni Terminal. Réunis ce lundi 14 juillet sous la présidence d’Abdou Boina, président du Synaco, les membres du patronat ont restitué les grandes lignes de l’accord conclu avec les autorités. Étaient notamment présents Nidhoimi Houmadi, ancien candidat aux élections des gouverneurs à Ndzuwani, et Hamidou Mhoma, vice-président de l’Opaco. Cette rencontre faisait suite à l’entrée en vigueur, le 1er juillet dernier, d’une réforme de la fiscalité douanière, par le biais d’une note circulaire du ministère des Finances.
Le même jour, dans l’après-midi, un moratoire de 60 jours a été signé au ministère des Finances en présence du ministre Ibrahim Mohamed Abdourazak, de ses collaborateurs, et des représentants d’organisations patronales comme la nouvelle Opaco et le Modec. Ce moratoire suspend temporairement l’application de la réforme afin de permettre une meilleure préparation des acteurs concernés. Le ministre des Finances a reconnu une erreur de méthode. «Nous regrettons d’avoir agi un peu trop vite dans l’application de cette mesure. Mais aujourd’hui, nous nous sommes entendus pour signer ce moratoire de 60 jours, afin de prendre le temps nécessaire pour mettre en place la réforme dans de bonnes conditions», a-t-il admis.
Renforcer le dialogue entre secteurs public et privé
Il a salué «le bon fonctionnement du dialogue public-privé» qui a permis d’aboutir à ce compromis. Et de conclure : «Les deux parties ont convenu de se donner deux mois, pour se préparer moralement et financièrement. Au terme de cette période, la mesure sera activée et permettra de corriger les irrégularités légales que nous subissons depuis plusieurs années.» Côté opérateurs, Hamidou Mhoma s’est félicité de cette avancée. « Ce délai permettra d’évaluer la légalité, la légitimité et les modalités de mise en œuvre de cette réforme, notamment sur les acomptes aux impôts (Ai), les dispositions d’application du Code des douanes communautaire (Dac) et les taxes sur la consommation (Tc)», a-t-il dit.
Il a également mis en avant les acquis obtenus auprès de Moroni Terminal, la société de manutention qui opère au port de Moroni : fin de la facturation des jours fériés et des périodes d’inactivité, ainsi qu’une extension du délai de déstockage des conteneurs, porté de 8 à 12 jours. «Ces mesures visent à alléger les charges sur les importateurs et à mieux prendre en compte les réalités du terrain», a-t-il souligné, tout en rappelant que la démarche s’inscrit dans la volonté du chef de l’État de renforcer le dialogue entre secteurs public et privé. Pour sa part, Abdou Boina a défendu «une fiscalité plus équitable».
Selon lui, «certaines entreprises étrangères bénéficient de plusieurs exonérations et échappent totalement à l’impôt, alors qu’elles génèrent des milliards. Il faut commencer par là avant d’alourdir les charges des petites entreprises », a-t-il plaidé. Le président du Synaco a également réclamé «un audit» sur le dispositif complet d’imposition au cordon douanier après le moratoire. « Le gouvernement semble réticent à l’idée de faire une étude, mais s’il ne le fait pas, nous le ferons nous-mêmes afin de comprendre les enjeux et veiller au respect des règles», a-t-il suggéré.