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Nodjimba Assiata à l’assaut du jus de canne à sucre

Nodjimba Assiata à l’assaut du jus de canne à sucre

Économie | -   Abouhariat Said Abdallah

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Elle a vécu à Lyon en France pendant plus de 30 ans. Au fil des années, Nodjimba Assiata a pensé revenir au pays s’y installer. Elle a beaucoup voyagé et a découvert cet appareil avec lequel elle fait le jus de canne à sucre. Après avoir découvert les vertus de ce jus qui est notamment un remède contre plusieurs maladies, (voir les vertus de la canne à sucre), Nodjimba Assiata va décider d’acheter cet appareil et venir s’installer aux Comores pour faire et vendre ce jus à la population. A-t-elle réussi ?

 

Cela fait deux mois depuis qu’elle s’est installée à Volo-volo, tout près du bâtiment de Comores Télécom, avec son activité de vendeuse de jus de canne à sucre. Elle s’est déjà fait des clients fidèles, femmes et hommes, tout âge confondu.

Elle c’est Nodjimba Assiata originaire de Dzahadju ya Itsandra. La cinquantaine passée, elle semble s’émouvoir pour ce travail. Avec toujours le sourire aux lèvres, elle accueille et sert ses clients. Sans s’arrêter de travailler, elle répond à nos questions, empoche l’argent d’un verre de jus qu’elle vient de vendre et sert d’autres clients.

Le regard fixé vers une autre cliente, elle ramasse les déchets de la canne à sucre que son collaborateur vient de sortir de la machine, met du jus dans une bouteille pour un autre client qui a commandé à emporter avant de se charger de nous.

C’est dans ce rythme que la patronne, si on peut l’appeler comme ça, nous a accueillis. Le regard n’est fixé nulle part ailleurs. Elle regarde toujours et encore les clients qui défilent. Ce qui veut dire que notre présence l’a, peut-être, fait perdre du temps.

Sûrement pas, si on prend en compte l’attitude très calme avec laquelle elle nous a répondu avec passion. Nodjimba Assiata a un objectif. Elle veut contribuer à lutter contre le chômage. Elle a embauché cinq employés. Elle estime qu’aux Comores, les gens ne font pas assez et ne cherchent pas à travailler, pourtant il y a beaucoup de choses à faire.

 

De Volo-volo à Magudjuu, tout le monde vend des boubous (robe pour femmes) pourtant il y aurait autre choses à faire. Ces gens voyagent et achètent les mêmes marchandises à Dar-es-Salam et Nairobi, mais personne ne pense varier. Pourtant, il y aurait plusieurs activités à faire, regrette-t-elle.



Est ce que cela répond à tes attentes ?     

…(Sourire) “Parfaitement, car ce n’est pas le fait de gagner de l’argent qui m’importait. En premier temps, ce qui m’importait c’etait de vivre et travailler dans mon pays. Cela me fait autant plaisir de voir des gens venir m’encourager et d’autres venir témoigner des vertus après avoir pris pendant plusieurs jours le jus de canne à sucre”. On a plusieurs choix pour ce jus. Soit tu bois directement le jus de canne sucre, soit il est mélangé avec du citron ou encore avec du gingembre.

 

Les gens viennent de plus en plus, et j’ai des nouveaux clients chaque jour. Nous avons entre 150 et 300 clients par jour et encaissons près de 40.000 francs par jour, a indiqué Ali Ibrahim, collaborateur de la patronne.  


Adinane Toihir, administrateur, s’est pointé pour la première fois, hier à midi, pour prendre un verre de ce jus. “C’est une bonne initiative et j’aime ce jus grâce à ses vertus. Je sais que je bois un jus naturel, fait sur place. Elle me rappelle quand je le buvais lorsque j’étais à l’extérieur, et c’est la première fois que je le vois ici” dit-il. Pour sa part, Mohamed Mbaraka, un client fidèle a raconté que chaque fois qu’il passe dans le coin, il achète toujours un verre de jus.

 

Ce jus est bon pour les maux d’estomac et nettoie l’appareil digestif. Ensuite il n’est pas cher dit-il.

 

Nodjimba Assiata pense élargir son marché et s’acquérir d’autres appareils et les installer dans plusieurs coins de la capitale afin que plusieurs personnes aient accès aux délices du jus de canne à sucre.

Pour se procurer du produit, Nodjimba Assiata parcourt toute la région d’Itsandra. Selon elle, les cannes à sucre  de cette région sont de bonne qualité. “J’achète la canne à sucre dans toute la région d’Itsandra. Je me procure également à Mbadjini, mais comme c’est loin, je n’y vais pas souvent”, a-t-elle fait savoir avant de détailler qu’on lui amène d’abord l’échantillon qu’elle teste d’abord avant d’aller acheter.

 

“Nous y allons avec un camion et coupons les cannes à sucre avec les employés” informe-t-elle. A en croire Ali Ibrahim, la canne à sucre résiste jusqu’à 15 jours. “Nous achetons un paquet de 12 à 15 cannes à sucre pour 2000 à 3000 francs”, fait-il savoir confiant que pendant les achats la patronne profite également pour sensibiliser les cultivateurs à cultiver davantage la matière.

“Maintenant on a des livreurs qui sont devenus des clients. Il nous arrive d’acheter carrément un champ de canne à sucre”, indique la patronne dévoilant son investissement qui avoisine les 2000 euros.

Des difficultés malgré tout

Malgré le succès enregistré par Assiata dans cette opération, quelques difficultés sont mentionnées, notamment le manque de produit ou l’absence d’employés, des fois.

 

Il est très difficile de trouver un employé qualifié. Cela fait plus de deux mois que nous avons commencé et on peine à trouver des employés, regrette-t-elle.

 

Concernant les cannes à sucre, elle déplore le fait que les produits  cultivés cette saison soient seulement disponibles l’année prochaine et même en 2020. “Or nous espérons nous enquérir de dix à quinze machines en 2018 et nous aurons besoin de beaucoup plus de cannes sucre. Nous sommes partis à Madagascar pour voir les cultivateurs de canne à sucre. Nous envisageons d’aller également à Dar-es-Salam également, pour s’assurer qu’il n’y ait plus de rupture une fois les machines sur place”, informe Ali Ibrahim.

Nodjimba Assiata appelle les femmes à ne pas rester les bras croisés car il y a beaucoup d’argent dans ce pays mais il faut travailler pour l’avoir. “Il y a plein de choses à faire dans ce pays. Au lieu de rester à la maison, les femmes doivent bouger.

J’ai des enfants et des petits enfants pourtant je continue à travailler, je vais jusqu’aux champs pour couper les cannes à sucre. Les jeunes doivent travailler aussi” conclut-elle.
 

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