L’immense travail, mené depuis dix ans déjà pour la recherche pétrolière, a abouti à l’acquisition et à l’analyse des données géophysiques sismiques (visualiser les structures géologiques en profondeur grâce à l’analyse des échos d’ondes) et gravimétriques qui confirment la présence d’un système pétrolier et lève les doutes des plus sceptiques.
Les résultats ont donné lieu à «des avancées importantes dans la connaissance et la compréhension de l’histoire et la nature géologiques de la zone économique exclusive des Comores», lit-on dans un rapport confidentiel succinct.
Primo, confirme l’ancien chef du centre de géologie, Naoildine Houmadi, des roches (turbidites : écoulements de sédiments) présentent des similitudes avec les réservoirs trouvés au Mozambique. Elles démontrent, selon lui, la présence d’une roche réservoir. Deuxièmement, des structures de plissements et de failles associées à ces terrains sont identifiées.
Elles prouvent la présence d’une roche couverture qui assure l’étanchéité du réservoir. Tertio, il est également aussi prouvé la présence de la Roche mère (jurassique, crétacé) qui génère le pétrole qui va remplir le réservoir. Tous ces éléments mis en évidence, sont, selon lui, favorables au processus de maturation.
L’existence d’une roche sédimentaire aux Comores (iles volcaniques) faisant débat, l’équipe s’est appuyée sur une étude ancienne faisant état d’une roche sédimentaire ancienne. En effet sur la zone de la cuvette à Ndzuani, des échantillons ont été prélevés et des analyses, effectuées à Londres et aux Etats-Unis, apportent la preuve que ce sont des roches continentales qui datent, retenez votre souffle,……. de - 201,3 à – 145 millions d’années.
Des données multiclients
Si les statistiques démontrent que sur six forages, un seul donne un résultat probant, aux Comores, les scientifiques sont de plus en plus confiants. Répondant à la question de savoir pourquoi Safari n’ pas été autorisée à communiquer par voie de presse les données qu’elle dispose, une source nous retourne la question.
Pourquoi demander une autorisation de rendre publiques des données qui t’appartient ?
ION (Gtx technologies) dispose de 10 ans pour commercialiser les données dont elle dispose, les premières de la campagne 2011 et celles de la campagne de 2014 (ION avait affrété deux navires différents).
Safari dispose d’un contrat signé en mars 2014. Il devrait recourir aux services de ION pour acheter les données sismiques. Safari a commandé près de 5, 6 millions de dollars pour acquérir les données de ces blocs, pour aussi d’autres blocs qui ne sont pas de sa superficie.
N’ayant déboursé aucun rond, ION reprend ses données. Son concurrent Bahari a déboursé prés de 1,5 million dollars pour acheter les données qui concernent ses blocs. L’achat de ces données donne droit à des royalties pour les Comores de l’ordre de 10% qui sont versés à la Banque centrale et sont placés sous la responsabilité du trésor public.
Des royalties de l’ordre de 10%
Plus d’une quinzaine de sociétés pétrolières, qui n’ont pas de contrats de partage avec les Comores, ont acheté ces données à ION telles que les multinationales BP, Shell, Total, Exxon, et des sociétés chinoises.
Jusqu’alors, deux types de contrats sont en cours, un contrat de prospection et deux contrats de partage de production (CPP). Le contrat de prospection avec ION/GXT a été signé dans le but d’acquérir des données géoscientifiques (notamment sismiques) impératives pour la connaissance du milieu géologique.
Au total, 9991 km de données ont été acquises par ION/GXT. Ce sont des données multiclients destinées à la vente auprès de plusieurs compagnies acheteuses. Les données commercialisées auprès d’ION sont donc à la disposition des compagnies pétrolières.
Les Contrats de partage de production (CPP ou contrat pétrolier) ont pour objectif, la recherche puis l’exploitation d’hydrocarbures dans le cas où la recherche s’avère positive. Deux contrats pétroliers sont en vigueur, d’abord avec Bahari Resources / Discover Exploration, sur les blocs 35, 36 et 37. Puis avec Safari Petroleum / Western Energy, sur les blocs 38, 39 et 40. Un troisième contrat avec Rhino Resources a été signé avec le gouvernement portant sur les blocs 17 et 24, mais reste encore en attente d’approbation par l’Assemblée nationale.
*Les activités du pétrole sont régies par la loi No12- 19/AU du 27 décembre 2012 promulgué par le décret No.13-17/PR du 6 février 2013, portant code pétrolier ainsi que le décret d’application No13-30/PR du 7 mars 2013.
Le centre de géologie demande la mise en demeure de Safari depuis février 2017
Le Contrat de partage de production, signé entre le gouvernement et le consortium Safari Petroleum et Western energy, est mis en cause par le Bureau de géologie depuis le mois de février 2017, rapporte-t-on à Al-watwan.
Depuis cette date, le Bureau de géologie a demandé au gouvernement comorien, très officiellement par courrier, de mettre en œuvre «la procédure de mise en demeure telle que prévue par le contrat», en cas de défaillance. Cette procédure, engagée,
obligera le contractant soit d’honorer ses engagements et relancer les programmes d’activités, soit de libérer les blocs concernés en vue de les attribuer à une société qui présente les capacités techniques et financières requises.
Le Contrat de partage de production, signé entre le gouvernement et le consortium Safari Petroleum et Western energy, est entré en vigueur le 19 mars 2014. Le Bureau de géologie était jusqu’ici satisfait du respect des engagements du contractant. Dès l’entrée en vigueur du contrat, un bonus de signature a été payé.
Le programme d’activité élaboré tous les ans, assorti d’un plan du travail de recherche pétrolière est approuvé par le Comité de direction. Durant les quatre premières années, le programme tourne autour de «l’acquisition de données sismiques, leur traitement et l’interprétation de ces données.»
Le contractant (Safari & Western) est engagé à acheter, dès l’entrée en vigueur du CPP, les données sismiques existantes dans les blocs 38, 39 et 40, et de procéder à l’acquisition de nouvelles données géophysiques en 2D puis en 3D.
Le fournisseur de services géophysiques, ION, signe un contrat s’engageant à réaliser une campagne d’acquisition de données sismiques.
300.000 $ de manque à gagner
Une fois le travail réalisé, WE & SP ne respecte pas sa part et ne paie pas le travail réalisé depuis le deuxième semestre 2014. Or cet accord est d’un montant de 5, 6 millions de $.
Une réunion du Comité de direction, tenue les 21 et 24 septembre 2016, approuve un nouveau programme de travail ainsi que «le principe de l’achat de 3121 km de lignes sismiques 2D auprès d’ION pour un montant de 1, 5 million de dollars.
L’approbation a été formalisée le 24 septembre 2016 et adressée au drecteur général de Western Energy East Africa Limited. Rien ne sera fait, alors que la date limite pour cet achat a été fixée au 13 octobre 2016. Une réunion de rappel sera organisée sans suite.
Safari multiplie, selon le centre, les déboires et accumule des arriérés de frais de formation et des projets communautaires.
Au-delà des frais des obligations financières prévues dans le cadre du contrat de partage, notamment les engagements liés au frais de formation et de développement communautaire ainsi que des frais de surface, le bureau s’inquiète surtout du non respect des clauses d’achats des données sismiques stipulées à la fois dans le CPP et dans la convention entre Western/Safari et ION. Le manque à gagner pour le Bureau géologique est d’un montant qui dépasserait les 300.000 $.
Selon une source digne de foi, «le consortium Safari/Western n’a pas montré de bons signes et ce constat révèle le manque de capacités, notamment financières, du contractant à pouvoir honorer les engagements pris et à conduire le projet au niveau des blocs pétroliers qui lui sont alloués.»
Outre le manque à gagner financier provoqué par le non respect du CPP, «ce sont les objectifs du contrat, c’est-à-dire la connaissance et la mise en valeur du potentiel en hydrocarbures dans les blocs 38, 39 et 40 qui sont compromis.»
Il appartient maintenant au Bureau de géologie de balayer par des preuves comptables les chifres avancés par Safari et l’utilisation efficiente des frais réels versés pour financier les formations et les contributions destinées aux projets communautaires.