Le Fonds monétaire international (Fmi) a exprimé, mercredi 9 février, sa satisfaction sur les réformes engagées aux Comores dans le cadre d’un accord avec le gouvernement comorien qui devrait ouvrir la voie à la conclusion d’un programme dit de Facilité élargie de crédit (Fec) en 2022. Les reformes en question se résumaient sur les réalisations faites jusqu’au 30 septembre 2021.
A la demande des autorités comoriennes, le Fmi a effectué une mission qui a pris fin le 23 août 2021. Elle avait comme objectif de proposer les services du Fmi à l’Union des Comores dans son plan de relèvement post-Kenneth et de redressement post-Covid-19. “Des réformes transformationnelles viseront à résorber les points de fragilité économique et institutionnelle en s’appuyant sur la stratégie proposée lors de la consultation”, avaient indiqué les experts du Fmi dans leur rapport de mission.
Des repères quantitatifs et structurels
L’objectif global étant de “maîtriser la pandémie” mais aussi “ouvrir la voie à une croissance plus vive, plus robuste et plus inclusive”. Le cyclone Kenneth et la pandémie de Covid-19 ont causé un lourd préjudice au pays, mettant à rude épreuve une reprise économique. La croissance s’est contractée à cause des dégâts engendrés. Les secteurs productifs ont été lourdement touchés, les frontières fermées pendant plus de huit mois, les chaînes de production paralysées et le secteur informel fragilisé.
“Le programme de référence est destiné à aider les autorités à établir des antécédents en matière de mise en œuvre des politiques publiques en vue d’un possible accord au titre de la Fec”, indique un rapport du Fmi qui précise que “les politiques publiques viseront à maîtriser la pandémie et à redresser l’économie et à conduire des réformes pour surmonter la fragilité, stimuler la croissance inclusive et limiter les risques”. Le Fmi a fixé des repères quantitatifs et structurels. La mission avait notamment demandé “des efforts” pour améliorer les recettes intérieures, augmenter de 5% le nombre de contribuables à la direction des grandes entreprises et de 10% au niveau de la direction des petites et moyennes entreprises.
Il a été aussi demandé au gouvernement de réaliser un audit sur la dette intérieure, accompagner les ménages les plus pauvres pendant la pandémie, améliorer la transparence dans le processus d’attribution des marchés publics, mettre en place une entité autonome de lutte contre la corruption et accélérer la procédure d’obtention de l’agrément de la future banque postale, entre autres.
Mettre en place une entité autonome anti-corruption
Jusqu’au 30 septembre, de nombreuses conditions avaient été déjà satisfaites sous l’impulsion de l’ancien ministre des Finances, Said Ali Said Chayhane. Les recettes ont été estimées à 27 milliards, le nombre des contribuables s’est amélioré, un programme de transfert monétaires aux ménages pauvres avait été exécuté, l’audit sur la dette intérieure avait été réalisée, une note circulaire portant sur la passation des marchés publics avait été publié. Seul le projet de création d’une structure anti-corruption et la procédure d’obtention de l’agrément de la future banque postale (Snpsf) n’ont pas été menés à terme.
Les réformes menées jusqu’ici semblent toutefois convaincre l’institution de Breton-woods qui a exprimé sa satisfaction après des mois de surveillance. Les autorités comoriennes ont jusqu’au 28 février pour satisfaire les autres conditions d’éligibilité du programme qui n’ont pas pu être satisfaites au 31 décembre dernier. “La mise en œuvre du programme à fin septembre 2021 a été satisfaisante. Compte tenu des retards dans les préparatifs de plusieurs réformes structurelles dont l’achèvement était prévu fin décembre 2021, ces mesures ont toutefois été reportées à février 2022”, indique le communiqué de la Direction du Fmi en date du 9 février.
“Les autorités ont fait des progrès satisfaisants dans leur programme de réforme jusqu’à fin septembre 2021. En particulier, elles ont réussi à augmenter les recettes fiscales et à fournir des transferts monétaires substantiels aux pauvres”, souligne encore le communique qui ajoute que “la mise en œuvre en temps voulu des réformes en suspens envisagées dans le cadre du programme sera importante pour améliorer les conditions économiques et établir un bilan en vue d’un éventuel accord Fec”.
Le troisième programme Fec après 2005 et 2009
Le nouveau ministre des Finances, Souef Kamalidini, a poursuivi les réformes dans l’objectif d’améliorer la crédibilité budgétaire avec des dépenses rationnelles caractérisée par une gestion rigoureuse et maîtrisée des fonds publics. Le Fmi s’en est même félicité dans son communiqué du 9 février. “Les autorités visent également à renforcer la qualité des dépenses, la gestion des finances publiques, la surveillance des entreprises publiques (EP) et le secteur financier”, indique la direction de l’institution. Le ministre a, par exemple, signé une note circulaire, le 30 novembre dernier, rendant obligatoire la "déclaration des bénéficiaires effectifs des marchés publics".
Côté économique, le Fmi se dit également rassuré des capacités potentielles des autorités comoriennes à renouer avec la croissance. “Les conditions économiques des Comores s’améliorent lentement, la croissance passant d’environ zéro en 2020 à environ 1,6 % en 2021. Une nouvelle augmentation de la croissance est attendue pour 2022”, souligne le communiqué.
Le programme Facilité élargie de crédit (Fec) permettra au pays de disposer “de disposer de nouvelles fenêtres d’opportunités” et réduire sa vulnérabilité économique et financière. “La priorité du gouvernement sera d’accroître les recettes fiscales afin de réaliser des investissements de plus grande ampleur en capital humain et physique et de renforcer la viabilité de la dette”, lit-on dans le communiqué. Si tout se passe comme prévu, ce sera le troisième programme de Facilité élargie de crédit (Fec) que le pays aura enregistré ces 20 dernières années après celles de 2005 et de 2009.