Le projet de budget 2019 a été validé hier par le gouvernement à l’issue d’un séminaire dédié à son examen définitif et qui a mobilisé tous les responsables des administrations financières du pays. Le chef de l’Etat a assisté personnellement aux travaux qui ont duré cinq heures de temps au palais de Beit-Salam. Le ministre des Finances a dévoilé les grands principes qui fondent le budget 2019 au cours d’un point de presse organisé peu après la clôture du séminaire. Saïd Ali Saïd Chayhane a expliqué que le gouvernement poursuivra sa politique de mobilisation des infrastructures économiques, les routes en particulier. «Nous venons de valider le budget. Je peux vous dire que nous allons privilégier beaucoup plus les investissements en finançant les grands chantiers d’Etat», a-t-il indiqué dans sa présentation liminaire. L’argentier de l’Etat reste convaincu de réussir un tel pari, se fondant sur les réalisations de ces dernières années et les ressources potentiellement mobilisables. «Nous allons continuer à investir sur financement propre», a-t-il insisté, précisant qu’il s’agit bien de «la grande particularité» du budget 2019. La dernière mouture devrait être déposée ces jours-ci au bureau de l’Assemblée nationale.
Le ministre annonce des recettes prévisionnelles de l’ordre de 113 milliards de francs comoriens dont 69,5 milliards de ressources internes et des dépenses prévisionnelles de l’ordre de 116 milliards, soit un déficit de deux milliards de francs comoriens.
«En 2019, nous comptons mobiliser environ 21 milliards de fonds propres pour soutenir des programmes d’investissements dans des secteurs stratégiques», a souligné le ministre, citant les routes secondaires financées sur fonds propres. Des routes circulaires ou des voiries urbaines sont en cours de reconstruction ou de réhabilitation dans de nombreuses zones du pays. «C’est un budget qui prend en compte les grandes préoccupations du chef de l’Etat qui insiste beaucoup plus sur l’investissement et donc la mobilisation des infrastructures de base», a rappelé Saïd Ali Saïd Chayhane.
Le ministre a souligné, toujours lors du point de presse, les efforts engagés par ses services pour, d’un côté, réduire les coûts de fonctionnement par la réalisation des économies, et de l’autre, permettre à l’administration générale des impôts de «toucher le maximum des activités génératrices de revenus» sur l’ensemble du territoire. «L’impôt et les taxes ne doivent pas se limiter dans les grandes villes», dit-il, appelant à «un grand travail» pour élargir l’assiette fiscale.
Devant les journalistes, Chayhane affiche une volonté ferme d’innover et donc de disposer d’un budget tourné vers le développement socioéconomique du pays et «non à se limiter seulement sur les salaires». Il compte renforcer le dispositif actuel de maitrise des dépenses. Les prévisions des recettes étaient établies à 66,6 milliards de franc comoriens en 2018. Les réalisations, en 2017, sont de l’ordre de 56,6 milliards de francs comoriens, selon le dernier rapport de la Banque centrale des Comores (Bcc). Les dépenses prévisionnelles en 2018 sont de l’ordre de 102 milliards contre 111,7 milliards en 2017. À la lecture des budgets de ces quatre dernières années, on constate une maîtrise relative des dépenses de l’Etat avec, par exemple, un déficit primaire de 8,9 milliards en 2017 contre 13,7 milliards en 2016. Selon la Bcc, «les dons extérieurs…diminueraient de 35,8%» et que cela est «en liaison avec la baisse des aides budgétaires». Le gouvernement compte «poursuivre la politique de maîtrise des dépenses» publiques, d’après le ministre des Finances qui espère bien faire des économies après la suppression des nombreuses superstructures de l’Union et la disparition de certaines institutions au niveau des îles. Aujourd’hui, la masse salariale absorbe environ 75% du budget de l’Etat. Et les services des impôts ont du mal à identifier les activités qui échappent les fiscs. «Un travail d’actualisation du fichier des contribuables sera engagé», a annoncé le ministre. Le gouvernement souhaite ramener la masse salariale à un niveau soutenable, soit 35% du budget pour orienter les ressources vers le Programme d’investissement quinquennal (Piq). S’agissant des réformes au niveau de l’administration des impôts, Saïd Ali Saïd Chayhane a annoncé la mobilisation d’un spécialiste pour accompagner l’administration générale des impôts dans ses réformes visant à lutter contre la fraude et l’évasion fiscales.
A.S.Kemba