La Justice vient de sommer les responsables le patron de la Sonelec et du Projet du Fonds d’Abu Dhabi de payer tous les salaires impayés au sein de l’Unité de gestion dudit projet. Dans cette «ordonnance d’injonction de payer», signée mardi, 15 octobre 2019, F°2093 N°1317/AC, par le président du tribunal de première instance de Moroni, dont Al-watwan s’est procuré une copie, il est signifié à la Sonelec de payer la somme de 33.6 millions de francs.
Une décision motivée par une convention signée entre le gouvernement comorien, représenté par le ministère des Finances, et le Fonds Abu Dhabi pour le développement, à travers un mémorandum signé le 12/04/2018 entre le ministère des Finances et du budget, le ministère de l’énergie et Ma-mwe et Eda, les bénéficiaires dudit projet de verser respectivement 2.9 millions et 1.4 millions par mois à l’unité de gestion en attendant l’approbation d’un fonds permanent et entre autres.
Dix mois de salaires impayés
Cependant, ces sommes ne sont pas versées. Une situation à l’origine d’un contentieux qui a incité des membres de l’unité de gestion du projet Adfd à monter au créneau la semaine dernière au siège dudit projet, pour dénoncer «le non-respect d’une partie du mémorandum signé en août 2017». Pour eux, l’article 3 qui dispose que la partie bénéficiaire doit fournir les moyens financiers et les prérogatives nécessaires à l’unité de gestion du projet afin de pouvoir assurer le bon fonctionnement du projet, «n’est pas respecté». Les conférenciers ont tenu à informer que d’ici peu le projet arrive à terme alors qu’ils sont toujours en attente des salaires des quatre premiers mois de la signature de leurs contrats.
Faharidine Mouigni, chargé du contrôle et suivi du chantier, a expliqué qu’il revient à la société nationale de l’électricité (Sonelec), bénéficiaire du projet, de fournir ces moyens pour que les douze contractuels puissent travailler. A l’en croire, tous les conflits au cours desquels lui et ses confrères observent entre le directeur général de l’ex-Mamwe et le coordinateur du projet ne cessent de faire des victimes. «La prise en charge de l’unité de gestion, du siège du projet et un d’un dépôt de stockage des matériaux devait être assurés par la Sonelec. Soit un budget mensuel de fonctionnement estimé à quatre millions de francs. Comment peut-on ignorer plus de dix mois d’arriérés de salaires pendant que des familles galèrent», s’est-il interrogé.
Saïd Bacar Hamadi, agent dans le département technique du projet, a préféré rappelé la patience que ces responsables de familles faisaient preuve malgré le refus de la Sonelec de verser le budget de fonctionnement de l’unité de gestion. «On pourra se demander les raisons pour lesquelles le directeur général de l’ex-mamwe payait le loyer du projet à chaque mois pendant qu’il refusait de payer l’autre partie du budget pour qu’on soit payés», s’est-il demandé lui aussi. Selon lui, «le patron de la Sonelec ne fait que défier le gouvernement» car c’est lui qui a pris l’engagement auprès du Fonds Abu Dhabi. «Il a été à maintes reprises interpelé par rapport à ce budget de fonctionnement. Il préfère payer seulement le loyer car cette maison lui appartient», a-t-il avancé.
La goutte d’eau qui
fait déborder le vase
Faharidine Mouigni a, en outre, fait savoir qu’un propriétaire d’une voiture allouée par le projet vient de cadenasser le portail du siège pour non-paiement de ses factures de location. «Heureusement qu’il y avait une petite entrée. C’est regrettable d’en arriver là, car la partie bénéficiaire a partiellement refusé d’honorer ses engagements. Qu’allons-nous devenir après la fin du projet ? Nous n’avons pas besoin des hitma, nous avons besoin de nos salaires. Nous allons mener ce combat pour que nos droits soient versés», a-t-il insisté.
Interrogé à ce sujet, le directeur général de l’ex-Mamwe, Abdou Saïd Mdahoma, a préféré rappeler qu’il a été mentionné, dans ce projet de 4 milliards de francs, près de 200 millions de francs pour des imprévus. «La somme de 150 millions de francs devait initialement être versée par le Fonds Abu Dhabi pour financer cette unité de gestion. Malheureusement, la somme n’a pas été déboursé. Du coup, nous avons revu à la baisse ce budget pour payer seulement six agents, le loyer du siège, une voiture, l’électricité et l’eau pour faciliter les travaux», s’est-il expliqué. Il a montré qu’au lieu de déflater le personnel de l’unité de gestion faute de budget, le coordinateur dudit projet en aurait augmenté.
Abdou Saïd Mdahoma a par ailleurs rassuré que l’ex-Mamwe et l’ex-Eda ont déjà versé à peu près 40 millions de francs à l’unité de gestion. «Cette somme devrait suffire pour régler les dépenses de cette dernière. Comme elle voulait encore de l’argent, moi et mon comptable avons organisé une rencontre avec le coordinateur et le Daf du projet pour qu’ils fournissent des justificatifs de la somme versée. Ils ont refusé et ont dit qu’ils n’ont des comptes à rendre qu’au ministère des Finances ou de l’Energie», a-t-il expliqué.
Le patron du producteur et distributeur public de l’électricité a à cet effet souhaité que toute personne, estimant avoir des impayés dans le cadre du projet, se présente à la direction générale de la Sonelec pour bénéficier de ses droits. «Qu’ils viennent pour régler leurs problèmes car il n’est pas question de verser de l’argent au projet sans justificatifs. Nous avons pris des dispositions pour que le projet arrive à bon port», a-t-il promis.
Nier la véracité de ….
A son tour, le coordinateur dudit projet, Ahmed Youssouf Mohamed, a contredit Abdou Saïd Mdahoma et a nié catégoriquement la somme évoquée précédemment à savoir les 40 millions. Selon lui, l’ex-Mamwe et l’ex-Eda devaient respectivement à peu près verser 32.6 millions et 16 millions de francs en 2018 alors qu’ils n’ont versé que 20 millions et 6.5 millions de francs.
«Ils n’ont rien versé depuis. L’unité de gestion ne demandait pas d’avenants pour fournir des justificatifs auprès de la Sonelec, mais il s’agit d’un budget qui a ses rubriques. Nous allons rendre compte au ministère des Finances «, a-t-il souligné. Le coordinateur dudit projet Adfd a enfin soutenu que l’ex-Mamwe et l’ex-Eda ont été tenus à verser 16.7 millions et 8 millions de francs à chaque semestre car ces derniers sont les principaux bénéficiaires. «Pourtant, ils n’ont respectivement versé que 20 millions et 6.5 millions pour une période de dix-huit mois. C’est presque une dette à hauteur de 36 millions que la Sonelec devrait payer plus de trente millions de francs», a-t-il estimé. Une plainte contre le directeur de la Sonelec serait sur la table.
Nazir Nazi