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Pénurie de farine. Le ministre de l’Economie veut éviter à tout prix une aggravation de la crise du pain

Pénurie de farine. Le ministre de l’Economie veut éviter à tout prix une aggravation de la crise du pain

Économie | -   Faïza Soulé Youssouf

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Alors que la pénurie de farine s’enlise, contraignant les boulangeries à baisser drastiquement leurs productions journalières de pains au mieux ou à cesser leurs activités au pire, le ministre de l’Economie Mze Abdou Mohamed Chanfiou a convié importateurs et boulangers à une réunion, samedi 23 octobre dernier. Objectif affiché de cette rencontre : éviter à tout prix une aggravation de la pénurie du pain.

 

«La dernière fois, je me suis rendu dans un commerce, j’en suis ressorti avec 2 Coca-Cola et 3 yaourts que j’ai payés 2500. Une grande somme pour 3 fois rien. Maintenant, si le Coca-Cola est cher, l’on peut s’en passer. Je ne peux en dire autant pour le pain », a lancé le ministre de l’Economie sur un ton grave alors qu’il avait réuni les importateurs de farine et les boulangers le 23 octobre dans ses locaux.

300 conteneurs de marchandises bloqués à Longoni

A l’ordre du jour de cette rencontre qui a réuni 20 participants : les raisons de la pénurie de farine et les réponses à y apporter pour qu’elle prenne fin. Les acteurs ont tous fait savoir qu’ils avaient bien passé commande mais que leurs conteneurs de farine étaient bloqués depuis au moins deux semaines au port de transbordement de Longoni à Mayotte.« Il s’avère que nos commerçants ont plus de 300 conteneurs de marchandises bloquées à Longoni ; les transporteurs assurent qu’ils seront à Moroni entre le 31 octobre et le 1er novembre », a expliqué au téléphone, le directeur général de l’Economie, Abdou Nassur.

 

Les pouvoirs publics voulant à tout prix éviter une crise du pain, ce qui ne manquerait pas d’arriver si le bateau n’arrivait pas dans les délais fixés, le ministère de l’Economie a saisi par voie de courrier, les directeurs des agences de transports maritimes, que sont « Sornav » et « Spanfreight ». Dans le document, il leur a été demandé de bien vouloir assurer l’acheminement des conteneurs bloqués à Mutsamudu et à Mayotte. Il était aussi question de garantir la disponibilité de tous les produits de première nécessité en souffrance dans les ports précités en les acheminant à Moroni.

 

Le patron de l’économie a ainsi demandé une augmentation de la rotation des bateaux en favorisant l’embarquement des conteneurs de produits carnés, etc.En attendant l’arrivée inespérée de la principale matière première des boulangers, ceux-ci se plient en 4 pour maintenir leurs activités, et ils y parviennent tant bien que mal en ayant baissé drastiquement leur production de pains pour les plus chanceux. « Nous avons divisé par 3 notre production journalière, passant de 18300 à 6100 pains, soit de 30 à 10 pétrins », a assuré le directeur exécutif des Établissements Nassib qui comptent 3 boulangeries dans la capitale. Celui-ci est conscient qu’il doit sans doute changer de fournisseur s’il veut travailler normalement.

 

« J’importe ma farine de l’île Maurice, le délai de livraison est trop long pour un trajet qui dure normalement 7 jours, mais ma marchandise se retrouve bloquée, comme en ce moment au port de Mayotte depuis plusieurs semaines », a-t-il déclaré. Son stock de farine, il devait l’avoir reçu depuis le début de ce mois. Aussi, il pense se tourner vers la Tanzanie «où la farine est vendue plus chère (650 euros la tonne pour 500 euros à Port-Louis) mais avec des délais de livraison raisonnables». Le risque étant celui qu’il soit obligé d’augmenter le prix du pain, à moins d’une baisse des tarifs douaniers.

 

D’autres n’ont eu d’autres choix que de mettre la clé sous le paillasson. C’est le cas de la boulangerie située non loin de la place de l’indépendance. Son gérant, Abbas Mahmoud Soidiki a été contraint de fermer « parce que je n’ai plus de farine. La mienne, je la faisais venir de la Turquie mais l’acheminement est de plus en plus compliqué ». Il espère reprendre ses activités au début du mois prochain.

Mettre le port de Moroni aux normes

Il faut rappeler que le gouvernement a octroyé une ligne de crédit de plus de 5 milliards de francs aux plus gros importateurs à un taux d’intérêt préférentiel (6,5% au lieu de 13%) afin de faciliter l’importation des produits de première nécessité comme la farine, l’huile. Maintenant, lors de la rencontre qui a eu lieu samedi entre le ministre de l’économie et les importateurs de farine, la vétusté du port de Moroni a été pointée du doigt pour expliquer sa désertion par les transporteurs.

Un participant à la réunion s’est ainsi demandé, dans une question pour l’instant rhétorique, « comment rendre le port de Moroni attractif afin d’attirer les porte-conteneurs ? ». En effet, comment ? Mais cela, c’est une autre question.

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