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Rapport annuel 2020 de la Banque centrale I Les Comores gagnent «3 points» au classement mondial de l’indicateur des affaires

Rapport annuel 2020 de la Banque centrale I Les Comores gagnent «3 points» au classement mondial de l’indicateur des affaires

Économie | -   Nassila Ben Ali

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Les Comores enregistrent une croissance de 0,2% contrairement à d’autres pays ayant le même statut. Pour le gouverneur de la Banque centrale des Comores (Bcc), cette situation n’est pas tout à fait bonne, mais elle est encourageante, sachant qu’elle n’est pas négative. Cette croissance s’explique, selon Younoussa Imani, par la valeur ajoutée positive tirée par la reprise de l’activité du sous-secteur agricole, lequel a enregistré +2,8% en 2020 contre -4,7% en 2019. Il évoquera également les envois de fonds de la diaspora et la rentrée des devises beaucoup plus importantes que l’année 2019.

 

Le rapport annuel 2020 de la Banque centrale, a été présenté, mercredi 4 août, à la presse après la remise de la première copie au chef de l’Etat la semaine dernière (Lire notre livraison du jeudi dernier). A cette occasion, le gouverneur de la Banque centrale des Comores (Bcc), assisté par la vice-gouverneure, a tenu à exprimer sa satisfaction par rapport au nouveau classement des Comores dans l’indicateur des affaires. Younoussa Imani a indiqué que le pays a gagné «trois points» au niveau mondial et quatre points au niveau continental. «C’est une grande satisfaction si le pays gagne des points au niveau mondial et continental. Cela poussera les investisseurs à nous faire confiance», s’est-il réjoui.


Le gouverneur de la Bcc a également annoncé une autre information à savoir le déclassement des Comores par le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent (Giaba) de la surveillance renforcée à la surveillance normale concernant les questions relatives au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme. «Si le pays est retiré de la surveillance renforcée, cela encouragera davantage les investisseurs à venir dans notre pays», a-t-il fait savoir.
S’agissant de la croissance économique, Younoussa Imani a noté une autre satisfaction contrairement à plusieurs pays du monde entier. Le conférencier a expliqué que cette situation s’explique, selon lui, par une maîtrise de la situation sanitaire, une maîtrise relative, mieux que les autres pays. «L’Union des Comores a pu, malgré la crise sanitaire, enregistré une croissance positive estimée à 0,2% en 2020 contre 2% en 2019 et 3,8% en 2018. (…) La valeur ajoutée du secteur primaire a connu une croissance positive tirée par la reprise de l’activité du sous-secteur agricole (+2,8% en 2020 contre -4,7% en 2019) qui a bénéficié d’une reprise post Kenneth favorable en 2020», a-t-il mentionné expliquant que cette croissance peut également s’expliquer par la demande intérieure et la rentrée des devises beaucoup plus importante que l’année 2019.

Apport de la diaspora passe
de 50 milliards à 106 milliards

Le patron de la banque des banques comorienne a informé que les Comores ont pu améliorer leur position extérieure de 30%. Les envois de fonds de la diaspora et la mobilisation des ressources par l’Etat au niveau extérieur ont beaucoup augmenté en 2020. «Les envois de fonds par la diaspora comorienne et les aides extérieures ont augmenté, passant de 80 milliards en 2019 à 106 milliards en 2020, soit une augmentation de près de 30%», a-t-il indiqué.
Pour l’inflation, le gouverneur a mentionné une inflation de 0,9% pour 2020. Après avoir atteint 3,7% en 2019, l’inflation moyenne mesurée par la variation de l’Indice harmonisé des prix à la consommation (Ihcp), s’est nettement affaiblie en 2020. «Cette décélération s’explique essentiellement par la baisse des prix des produits alimentaires sous l’effet conjugué d’un accroissement de l’offre en produits agricoles et d’une diminution de la demande émanant des hôtels, des restaurants et de la diaspora», a-t-il souligné.
Concernant le commerce extérieur, la fermeture des frontières a bien évidemment a, selon Younoussa Imani, impacté négativement le secteur. Selon lui, les exportations ont diminué de -46 et les importations ont diminué relativement de -2,5%.

Manque à gagner de 2 milliards

Pour ce qui est des finances publiques, le secteur a pu, malgré les mesures mises en place pour soutenir le secteur privé, les recettes n’ont pas connu vraiment une augmentation significative. «On a enregistré 49,5 milliards en 2020, contre 50 milliards en 2019, soit 500 millions de moins. C’est une relative baisse par rapport à la situation», a-t-il expliqué. Concernant les dépenses intérieures, ça a augmenté de très peu de 400 millions, passant de 58,1 à 58,5 milliards.
Le gouverneur de la Bcc a tenu à souligner les efforts consentis par les banques par rapport à la Covid-19 en accordant un report des échéances de paiement des entreprises, lesquelles «ont coûté un manque à gagner de 2 milliards» aux banques sachant que celles-ci ont dû rééchelonner ces échéances. Cela a pu, selon lui, aider le secteur privé. «La banque centrale a aussi a assoupli sa politique monétaire, en abaissant son taux de réserve obligatoire de 15 à 10%. Ce qui a mobilisé de trésorerie au niveau des banques commerciales», a-t-il fait savoir.


Comme tous les ans, la question de la circulation des petites pièces s’est invitée. Le gouverneur de la Bcc a répondu que la question de la circulation des petites pièces de 5,10, 20 et 25 francs revient à ceux qui fixent les prix. «La banque centrale ne fixe pas de prix, par contre nous continuons à recommander la production des petites pièces, elles sont toujours là», a-t-il certifié, rassurant qu’avec l’avènement de la monnaie électronique la circulation de la monnaie fiduciaire, surtout les petites pièces, va s’améliorer. «Même la pièce de 1 franc qui est hors circuit sera utilisée électroniquement, avec Holo, Mvola et Huri money», a-t-il ajouté.

Les créances douteuses

Concernant l’intérêt des banques qui dépasse la fourchette exigée par la Bcc, à savoir entre 7 et 14%, Younoussa Imani a expliqué que cela est dû aux créances douteuses qui sont actuellement à 21%. Ainsi, selon le conférencier, les banques cherchent à couvrir cette perte de 21% qui est toujours là. «C’est ainsi que à travers des taxes ajoutées, les banque augment leurs intérêts. Il va falloir trouver une solution ensemble pour baisser cette tendance qui ne favorisent pas le secteur privé», a-t-il proposé mentionnant au passage que 6 des 18 milliards francs de créances douteuses ont trouvés une issue encourageante.
Concernant les situations de la banque de développement (Bdc) et de la Banque fédérale de Comores (Bfc), qui sont sous administration recommandée par la banque centrale depuis déjà plus d’un an, une situation contraire à la loi bancaire, le patron de la banque centrale a accepté que cela dépasse les normes. Cependant il a indiqué que pour l’heure aucun prétendant ne s’est manifesté pour reprendre la gestion de ces banques. «On continue d’attendre un preneur. En attendant, elles resteront sous administrées», a-t-il déploré.

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