Le ministre des Finances, du Budget et du secteur bancaire est revenu hier sur le discours à la Nation du chef de l’Etat dans une longue entrevue avec la presse au cours de laquelle il a expliqué en détails les mesures économiques annoncées par le président de la République et leur impact attendu sur le quotidien des Comoriens.
La population d’abord
L’argentier de l’Etat a d’abord informé les medias de l’entrée en vigueur de l’ensemble des mesures «dès aujourd’hui» et à insisté, sur l’impérieuse nécessité de sensibiliser l’opinion sur la portée économique du discours du président limité à une crise qui pourrait encore durer et avoir des conséquences fâcheuses sur la vie socio-économique. «Le chef de l’Etat vient d’apporter des réponses économiques à ce stade de la crise sanitaire qui inquiète le monde. Il était de notre devoir de venir vous faire les détails et vous dire que ces mesures ont été prises dans le seul but d’accompagner la population dans cette période exceptionnelle», a-t-il soutenu, précisant que les mesures prises sont adaptées à la situation présente et que d’autres mesures pourraient être prises en fonction de l’évolution de la pandémie.
Assouplissement fiscal, réduction de 30% des taxes douanières, rééchelonnement des créances, gel des agios et autres pénalités bancaires.
Said Ali Said Chayhane a fait part de l’obligation de l’Etat de soutenir les entreprises, les operateurs économiques, en général, en jouant les facilitateurs auprès des institutions de crédit pour, d’une part, alléger la pression bancaire et, d’autre part, éviter une crise de liquidité dans les banques et permettre à ces établissements d’obtenir de fonds supplémentaires pour accroître leurs capacités de soutien à l’ensemble des agents économiques.
«Nous avons demandé un rééchelonnement des créances, un gel des agios et autres pénalités bancaires pendant cinq mois. Le taux de réserves obligatoires passe de 15% à 10%. Ce qui apportera une bouffée d’oxygène aux établissements bancaires avec de nouvelles marges pour soutenir le financement de l’économie», a expliqué Said Ali Said Chayhane, ajoutant que l’intervention de l’Etat vise à parer à une éventuelle rupture des moyens de production et à une cessation des capacités d’approvisionnement des produits et autres denrées de premières nécessités.
Le système de production et d’approvisionnement
«Ces entreprises et ces commerçants ont des engagements auprès des banques. Nous sommes dans une période de crise. Leurs difficultés auront un effet direct sur la population. Si nous ne soutenons pas ces entreprises, nous risquons, par exemple, de faire face à une rupture de stock de produits de base ou voir certaines entreprises fermées ou des commerçants cesser leurs activités, notre système de production et d’approvisionnement sera compromis, et c’est la population qui en pâtira», a expliqué Said Ali Said Chayhane.
Revenant sur la réduction de 30% des taxes douanières pour trois produits de base (les médicaments essentiels, les produits hygiéniques et certaines denrées alimentaires), le ministre des Finances a pris le soin de faire les simulations financières. «Un conteneur d’une valeur totale d’un million, l’Etat va supporter les 300 mille francs. Si le conteneur doit être dédouané à 2 millions, l’Etat va prendre en charge les 600 mille francs. Tout cela est fait pour accompagner les operateurs économiques. Le citoyen est le bénéficiaire final des mesures prises par le chef de l’Etat», a-t-il insisté.
Sur ce point, le directeur général des douanes a rappelé que les taux applicables restent en vigueur mais l’Etat va prendre en charge les 30% du coût total des taxes. «Les procédures seront simplifiées. Les démarches seront engagées jusqu’à la phase de paiement. Et, à ce moment, l’usager bénéficiera des 30% annoncés par le chef de l’Etat», a clarifié Souef Kamalidini, annonçant «un manque à gagner mensuel de 375 millions de francs comoriens» au niveau de la douane d’ici au 31 juillet prochain. «L’Etat n’attend aucune contrepartie que la baisse des prix dans le marché. C’est pourquoi, nous devons ensemble travailler pour faire en sorte que ces mesures profitent à toutes les couches de la société dans cette période exceptionnelle de crise sanitaire», a ajouté le ministre des Finances.
100 millions chaque mois
Said Ali Said Chayhane a montré que la date de la déclaration de l’exercice fiscal 2019 est prorogée au 31 mai prochain au lieu du 31 mars. «Ceux qui sont dans le régime forfaitaire peuvent s’acquitter de leurs obligations fiscales en trois échéances, c’est une façon d’assouplir le paiement dans cette période exceptionnelle», a-t-il indiqué, rappelant les autres mesures prises au niveau de l’Inrap dont la finalité est d’alléger le coût des services des usagers notamment les frais de surestaries.
Le ministre a aussi annoncé une enveloppe de «100 millions de Fc chaque mois» dédiée aux entités opérant dans le secteur aérien (Anacm, les aéroports des Comores, Com’Air Assistance). Il s’agit, selon lui, d’un fonds d’accompagnement destiné à couvrir les charges salariales en cette période de cessation de leurs activités génératrices de recettes. «Je répète encore une fois, il s’agit de sacrifices légitimes, l’Etat ne perdra rien car c’est la population qui va gagner et que l’Etat est là pour travailler au profit de la population», a conclu Said Ali Said Chaynane.
A.S. Kemba