Le gouverneur de la Banque Centrale des Comores (Bcc), Younoussa Imani, aux côtés de la vice-gouverneure Faouzia Radjabou, a présenté, hier mardi 16 septembre dans les locaux de l’institution, le rapport annuel de l’année 2024. D’emblée, l’institution note une embellie relative de l’économie comorienne caractérisée par « une croissance de 3,4% en 2024 contre 3,1% » en 2023, affichant une forme de résilience face aux chocs exogènes.La Bcc note « une inflation qui a reculé à 5,1 %, stimulée par la baisse des prix de l’énergie (-1,3 %) et la stabilité des transports (+0,4 %), tandis que l’inflation alimentaire reste elle, préoccupante à 7,4 % ». Elle confirme «un apaisement des tensions sur les prix, même si l’inflation alimentaire reste élevée, soit 7,4 % en 2024 contre 6,8% en 2023, montrant une inflation en nette baisse, avec 2,4% en 2024 contre 10,5% l’année précédente». Les conférenciers ont fait valoir «les chocs climatiques et sanitaires qu’ont subi le pays au cours des deux premiers trimestres de l’année 2024 » pour justifier le ralentissement de l’activité économique, reconnaissant toutefois «un redressement qui est survenu lors du deuxième semestre et qui doit beaucoup aux mesures du gouvernement comorien ainsi qu’à l’appui des partenaires extérieurs».
Le rapport souligne «des déséquilibres», notamment «le déficit du compte courant qui s’est aggravé à 14,2 milliards de francs comoriens», en raison «d’une hausse des importations, mettant les finances publiques sous pression». S’agissant justement de ces finances publiques, la Bcc note «une légère hausse» des recettes intérieures puisque celles-ci «se sont établies à 63,8 milliards en 2024 contre 61,7 milliards un an auparavant, enregistrant une progression de 3,4%, soit un taux de réalisation de 95,5% de la Loi de Finance Rétroactive (Lfr)». L’institution constate toutefois une augmentation de «12,3% des dépenses, passant de 74,1 milliards en 2023 à 83,3 milliards en 2024, pendant que la dette publique reste contenue à 28,4 % du Pib, inférieure à celui de nombreux pays voisins».
Le gouverneur de la Bcc s’est félicité de la performance des établissements financiers en termes de mobilisation de l’épargne et de l’octroi de crédits. «Les dépôts ont atteint 193,6 milliards de francs comoriens en 2024 contre 176 milliards en 2023. Quant aux crédits bruts, ces derniers sont en hausse de 6 % avec 135,7 milliards de francs contre 126,4 milliards de francs». Les réserves intérieures, elles, «peuvent assurer une couverture confortable de 8 mois d’importation».
Younoussa Imani a profité pour défendre les chantiers entrepris par l’institution pour promouvoir l’inclusion financière et faciliter les usagers par la modernisation des systèmes et modes de paiements, citant notamment «le lancement du système automatisé de transferts interbancaires (Ats+), qui permet le traitement automatique et sécurisé des virements et des chèques entre toutes les banques du pays ou d’effectuer des paiements en temps réel», réduisant le délai de trois jours et garantissant ainsi «une traçabilité renforcée ainsi qu’une réduction des risques d’erreur ou de fraude», entre autres. Mais aussi un Swift national, assurant l’interconnexion de toutes les banques et une carte nationale de paiement.
Une économie résiliente
Le gouverner a également annoncé «l’adhésion des Comores au Système Panafricain de Paiement et de règlement (Papss), la création de la Société de Garantie des Comores (Sogak) pour soutenir les Petits et Moyennes entreprises (Pme) et les particuliers, le déploiement du réseau d’agents bancaires Mali Ya Wakazi, le lancement du Switch ou le Crédit-Bail, ainsi que l’élaboration de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (Snif) et plusieurs programmes d’éducation financière».Pour l’année 2025, «la Bcc prévoit des perspectives encourageantes, notamment une croissance économique de 3,9 % », mais aussi « une inflation contenue à 3,1 % soit une baisse de 2%, sous réserve des incertitudes internationales».Enfin, sur le plan interne, l’institution dit avoir enregistré «un résultat net de 4 milliards francs comoriens, une progression de 44 % par rapport à 2023». Pour le gouverneur de la Bcc, ce résultat «traduit la solidité des choix et des stratégies engagés par la Banque centrale des Comores». La Bcc reconnait une résilience de l’économie comorienne, évoque «des avancées» et des réformes qui révolutionnent le système bancaire national et promettant de «jouer son rôle de pilier pour la stabilité financière et le développement des Comores».