Les institutions bancaires avaient lancé un embargo sur les prêts bancaires au Syndicat national pour le développement des pêcheurs comoriens (Sndpc) après des “prêts bancaires non remboursés s’élevant à 157.000.000 de francs comoriens, contractés par l’ancien bureau du syndicat”, révèle Soilahoudine Ahamada, le secrétaire général de Ngazidja.
Hier mardi, le bureau nouvellement élu et les coopératives de la cinquantaine de villages composant le syndicat national des pêcheurs se sont réunies au Snac, en présence des représentants de la vice-présidence en charge la Pêche, de la direction de la pêche et des institutions bancaires, pour annoncer entre autres sujets la levée de cet embargo. La seule condition imposée par les banques, poursuit Soilahoudine Ahamada, c’est que
les pêcheurs des six villages, sur les 58 que compte le syndicat, qui avaient, par voie de privilèges, bénéficié de ces prêts, ne puissent pas prétendre à un nouveau prêt.
Pour autant, les difficultés de la Sndpc sont très loin d’être gommées. Entre l’ancien et le nouveau bureau, les rapports sont plus que tendus. Les deux bureaux revendiquent la légitimité de la direction de la Sndcp. Rappelons qu’il a fallu l’intervention des majors des coopératives villageoises pour déloger l’ancien bureau et nommer un nouveau.
Tensions
“Il n’y a pas eu de coup de force. Les coopératives ont agi conformément aux statuts qui nous régissent”, explique Soilahoudine Ahamada.
Le porte-parole du Syndicat, Ahmed Abdou Mboreha, n’a pas mâché ses mots. Ila accusé Younoussa Ali Djaé et Chaoili, membres de l’ancien bureau, d’avoir
coulé le navire”. “Il ne peut y avoir qu’une seule signature, pour un seul syndicat. C’est celle du bureau ici présent, martèle-t-il,
écartant toute possibilité de négociation avec l’ancien bureau. Les membres mis au ban auraient en effet sollicité un “compromis” en vue de l’organisation de secondes élections dans lesquelles ils seraient candidats.”Nous refusons de travailler avec ces personnes. Si nous en sommes là, c’est à cause d’eux”, déclare Bourhane Ahmed.
Le président du syndicat régional de Ngazidja évoquera un prêt de 6.000.000 de francs “détourné par les anciens dirigeants” ainsi que la vente d’un bateau de pêche et de trois moteurs offerts par l’État.
Carte et licence de pêche
“On t’offre donc une houe pour cultiver la terre, et tu la vends !”, s’offusque-t-il. Aucun compromis, selon lui, n’est possible. Il prévient qu’”il n’y aura pas de second vote. S’ils font appel à vous, n’y allez même pas”.
Bourhane Ahmed, sur un tout autre sujet, appellera les pêcheurs à consentir à acheter la carte professionnelle et la licence de pêche, parce que “la mer est la propriété de l’État. On peut toujours négocier les prix, mais on ne peut pas refuser de se conformer à la loi”.
Même écho du côté du secrétaire national, Sidi Bacar,qui voit là une opportunité “d’obtenir enfin un statut de pêcheur, de professionnaliser le métier”. Ce dernier sollicite, de plus, la cotisation des pêcheurs, histoire de s’assurer une retraite.