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Toimimou Ibrahim / Celui pour qui le digital n’a pas de secret!

Toimimou Ibrahim / Celui pour qui le digital n’a pas de secret!

Économie | -

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D’une enfance paisible passée entre Ntsoudjini où il a effectué l’école primaire, Kwambani ya Washili, sa ville natale où il a effectué le collège et une partie du lycée et Moroni où il a fini le lycée au Groupe Scolaire Fundi Abdoulhamid. De l’activiste social à l’entrepreneur aguerri, parti de rien et tout seul pour arriver à une entreprise en plein essort. L’histoire de Toimimou Ibrahim, ce jeune patron de la société Kinu Ink spécialisée dans le digital, ressemble à un conte de faits qui pourrait inspirer les cénarisites les plus avertis. Focus sur ce pure produit de l’Institut Universitaire des technologies de l’Université des Comores qui a su, en quelques années, se forger une réputation dans l’univers du digital et dont les échos dépassent les frontières de son pays.

 

Il est 10h45 quand nous débarquons dans les locaux de la société Kinu Ink prestataire de service de tout ce qui est digital. A cette heure-là, la fatigue se lit d’ores et déjà sur les visages de Housni Issouffa, dévoppeur «front-end» et Yahaya Mohamed développeur «back-end». Normal, car le metier de développeur n’est pas une mince affaire. Il requiert beaucoup d’habileté et nécessite plusieurs heures, voir des journées de travail. “Je dévelloppe une application mobile à la démande d’un client auquel je dois livrer le travail dans trois semaines”, indique Yahaya Mohamed les yeux scotchés sur l’écran de son ordinateur portable.
“On a des clients ici, généralement et quelques clients à l’extérieur au niveau de la sous-région. Des institutions comme la Coi, l’Union des chambres de commerces de l’Océan Indien sont nos clients au profit desquels nous développons des sollutions et produisons des contenus”, s’empresse d’expliquer Tamimou Ibrahim, directeur executif de l’agance, à la question de savoir qui sont ses clients.
Au coté de Yahaya Mohamed, il y a l’autre développeur, Housni Issouffa qui était “en train de regler un défaut d’affichage sur un site», dit-il. «Je crée des interfaces graphiques. Tout ce que le client voit directement sur un site web ou sur une application.”

Une évolution naturelle,un engagement réfléchi

Ces jeunes développeurs en informatique constituent le maillon fort de Kinu Ink. Une agence digitale qui propose, selon son responsable, une gamme de services repartis sur trois grands ensembles à savoir le design, le développement de sites web et les applications métiers et mobiles – le branding et marketing digital – l’élaboration de stratégies sur le numérique.
A la tête de Kinu Ink depuis 2015, fruit d’une association avec Etic Services, une société d’ingénierie informatique basée à Mayotte, Tamimou Ibrahim avait manifesté, très tôt, son désir de vouloir se lancer dans le monde de l’entreprenariat en lançant en 2013 à partir de chez-lui, Smartview Web Solutions, une agence web avec peu ou pas de moyens.

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Sur le marché local nous sommes une structure de référence sur ce qu’on fait. Nous avons réalisé des projets d’envergure comme l’élaboration de la stratégie nationale de développement de l’économie du numérique», se réjouit-il. Et de poursuivre : «toutefois, nous souhaitons plus d’implication de la part des pouvoirs publics dans les grands projets autour du numérique qui sont exécutés par de grosses firmes internationales ce qui ferait gagner en compétences nos entreprises nationales qui seraient, ainsi, mieux outillées pour s’attaquer au marché régional et international».

Le banc et la vie

La clé vers la réussite de son agence - car ce jeune père de famille reste convaincu qu’ils sont toujours à la poursuite de la perfection - «c’est d’abord qu’on croit et qu’on aime ce qu’on fait», estime-t-il.

«Nous sommes une équipe de passionnés qui cherchent toujours à se distinguer par la qualité de ses prestations et l’attention de tous les instants portées à ses clients qui sont d’ailleurs nos meilleurs commerciaux».
Ce natif de Kwambani ya Washili qui a eu une enfance partagée entre l’école et son amour de la littérature incarne bien un modèle de réussite made in Comores. Pure produit de l’Université des Comores, M.Ibrahim dit avoir gardé une très belle expérience de ces années à l’université. «J’ai très tôt compris que l’on apprend pas que sur les bancs d’une école. La vie nous offre d’autres opportunités d’apprentissage comme le volontariat dans des milieux épanouissants, voyager, découvrir le monde et rencontrer des personnes qui vous inspirent, etc. L’administration de l’Iut m’avait compris et m’a laissé pleinement vivre cela à conditions d’avoir de meilleurs résultats. Ils m’ont permis de m’absenter pour aller apprendre et m’épanouir ailleurs. Je suis plus que reconnaissant car j’ai autant appris à l’Iut qu’à l’école de la vie», est-t-il convaincu.


A la question de savoir si sa réussite dans le monde de l’entreprenariat n’est pas un message à ceux qui laissent entendre que l’Udc ne forme que des chômeurs, sa réponse ne se fait pas attendre : «réussir dans l’entrepreneuriat est un bien grand mot. Disons qu’on est sur la bonne voie. En ce qui concerne l’Udc, bien sûr que c’est exagérer que de dire qu’elle ne forme que des chômeurs». Avant de relativiser: «il ne faudrait pas non plus nier les insuffisances de notre université. L’Etat doit consentir beaucoup d’efforts tant au niveau de l’offre de formation elle-même dans le sens d’une plus grande adéquation avec le marché de l’emploi que dans les infrastructures universitaires». «Cependant, s’est-il laissé convaincre, aujourd’hui on dispose de beaucoup de ressources en ligne pour parfaire ses compétences et rester à jour dans un monde professionnel en perpétuelles mutations. Il suffit, pour cela, de vouloir vraiment».

Aimer, se cultiver,se passionner...

Tamimou Ibrahim s’est découvert un engagement associatif très précoce en tentant de concilier son activisme divers de son activité d’entreprise. Désormais, il milite plus dans des causes et associations autour du numérique et de l’entrepreneuriat notamment des jeunes. Cela m’aide à ne pas trop me disperser». Un engagement qui lui a valu d’être distingué parmi les modèles de leadership de jeunesse en Afrique et à poser dans le prestigieux magazine vanity Fair en 2012.

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“Ce fut dans le cadre d’un événement appelé One Young World qui regroupe chaque année les (meilleurs jeunes leaders du monde) avec des hommes et des femmes parmi les plus influents du monde pour discuter et trouver des solutions sur différentes thématiques d’actualité. C’est un peu le «Davos» de la jeunesse. On y instaure un partenariat avec Vanity Fair et fait apparaitre une petite sélection de jeunes parmi les centaines présents avec des leaders confirmés dans leurs domaines pour mettre en valeur leurs actions dans un numéro du magazine.

Croire en soi

Dans les perspectives du patron de Kinu Ink, il va s’agir de faire grandir Kinu Ink pour aller capter des opportunités en dehors des Comores. «Une chose que nous avons commencé, tout doucement, à faire».
S’il avait un message à lancer à la jeunesse de son pays serait: «à mes jeunes compatriotes, croyez en vous, en ce que vous voulez faire, et faites tout pour tirer de vous le meilleur de vous-mêmes. A ceux qui veulent embrasser l’entrepreneuriat, je n’apprends rien en rappelant qu’il s’agit d’une très belle aventure mais qui demande beaucoup de patience, de persévérance et de discipline. Et que c’est la voie vers notre épanouissement individuel et celui de notre pays».
Des difficultés sur le chemin?. «Comme tout autre entrepreneur comorien, je rencontre les difficultés inhérentes à notre environnement des affaires qui n’est pas des plus incitatifs et celles liées à l’exiguïté de notre marché, le tout dans un secteur pas encore mature», a-t-il répondu.

Maoulida Mbae

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