Tout projet lancé sur la base des données erronées est souvent voué à l’échec, nous dit-on. Aux Comores, la disponibilité des statistiques fait défaut. Pourtant, les structures chargées de la récolte existent, certaines d’entre elles sont même dotées de moyens plus moins conséquents. C’est en partant de ce constat alarmant, que se tiennent depuis mardi jusqu’au jeudi, des états généraux des statistique.Le but de ces assises de trois jours, est de procéder à un diagnostic exhaustif sur les différents problèmes qui touchent le secteur national des statistiques. Chaque groupe travaille sur une thématique précise et sera appelé à identifier les forces, les faiblesses, les menaces ainsi que les opportunités.
Pas de recrutement
Selon les exposés défendus à cette occasion hier, il a été constaté que même l’Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques(Inseed), fait face à des problèmes structurels. Jusqu’à maintenant a tenu à le souligner le directeur du commerce Abdou Nassur, lors de son intervention, le conseil d’administration de l’Inseed est inactif depuis 2011. Au niveau des îles, le gendarme national des statistiques ne dispose pas non plus de structures. Sur les capacités humaines, le manque de ressources humaines a été soulevé. Pire encore, même les quelques cadres et techniciens l’Inseed peinent à les garder. Cette fuite des compétences s’explique surtout par l’absence d’une réelle politique d’intégration.
Et le gel des recrutements au niveau de la Fonction publique n’a fait qu’aggraver la situation. Présent lors de ce séminaire, le directeur de l’institut universitaire de technologie (Iut), a partagé son expérience. Pour rappel, l’Iut reste la seule institution qui dispose d’un département de statistiques. Par an, près de 30 jeunes sortent diplômés. Mais «sans perspectives d’embauche, ils sont livrés à eux-mêmes», a déploré, le directeur de l’Iut, Ahmed Bacar. Ce dernier plaide pour que son institut soit doté de conditions pédagogiques. «Les décideurs doivent comprendre qu’on ne peut pas former au rabais, sans les moyens adéquats.
Une fois la formation terminée, on doit aussi songer à l’après. Car il n’y a aucune politique d’insertion. Alors que le besoin se fait toujours ressentir», a-t-il noté. Même lors du dernier recensement, au lieu de retenir les jeunes statisticiens, les responsables sont allés chercher des contrôleurs dehors. «Comment peut-on expliquer cela», s’interroge le directeur de l’Iut qui propose la mise en place d’un mécanisme coordonné de recrutement. «Et si les partenaires comme les Nations-unies et les différents secteurs des ministères s’accordaient à engager les quelques diplômés formés chaque année. Ne serait-ce que les meilleurs», a-t-il proposé.
Une telle doléance aura-t-elle une oreille attentive de la part des partenaires ? Pour inverser la tendance, il faudrait compter sur la main d’œuvre locale, a rappelé un participant. Mais ce n’est pas la seule problématique relevée hier pendant la première séance à laquelle avaient pris part de nombreuses personnalités notamment le ministre des Finances, Souef Kamalidini et le `Coordonnateur du Snu, François Batalingaya. Un travail d’analyse a également permis de mettre en lumière les autres faiblesses : Manque de vision sur la culture et l’importance des données statistiques, absence de coopération entre l’Inseed et les autres acteurs. Pour la vulgarisation des statistiques nationales, toujours pas accessibles, il a été proposé de mettre en place une plateforme nationale unique de diffusion des données.