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Ahmed Bacar, un directeur pas comme les autres?

Ahmed Bacar, un directeur pas comme les autres?

Éducation | -   Abdou Moustoifa

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Dans moins de cinq mois, Ahmed Bacar doit passer la main ou rempiler – s’il le souhaite – à la tète de l’Institut universitaire des technologies. Mais peu importe : question bilan, depuis qu’il a pris la tête de cet institut, il n’a aucun remords. Avec son statut de maitre-assistant, il a su redonner vie à un institut resté dans l’ombre à un moment où, à l’heure des nouvelles technologies, son rôle est plus qu’incontournable. En mai prochain, une élection est censée avoir lieu pour choisir un nouveau responsable. Ses pairs vont-ils le reconduire ou pas? En attendant, il est “fier d’avoir accompli son devoir en dotant l’Iut d’une visibilité au niveau national et régional”.

 

A l’Institut universitaire des technologies, on le voit partout sillonnant les couloirs en ses rares moments de temps libre. Ceux qui ne le connaissent pas le prendraient, surement, pour un surveillant ou, tout au plus, un enseignant qui dégourdit les jambes. Lui, c’est le directeur général du seul institut technologique du pays. Discret et sympathique, Ahmed Bacar aime bien ne pas laisser apparaitre la moindre apparence d’un “patron”. Depuis son bureau, l’œil ne cesse de scruter la cour.
Ces “patrouilles”, Ahmed Bacar les a initiées depuis quatre ans grâce au concours de ses collaborateurs que sont les enseignants et les étudiants de l’institution. “Tous les jours je viens ici et fais les rondes. Même les dimanches. Dès 5 h 30, je me pointe ici pour surveiller l’état de l’eau vu que les coupures sont récurrentes”, nous a-t-il confié, mardi dernier lors de notre entrevue. Ce jour-là, il avait opté pour un vêtement pas anodin : une chemise blanche à l’effigie de l’institut. “Cette institution, c’est ma seconde vie”, lancera-t-il à l’adresse de notre photographe qui lui avait suggéré de porter une veste à la place.

Pragmatisme

Elu à la tête de l’Iut en juin 2015 à l’issue de sa toute première élection, Ahmed Bacar a, dans un premier temps, cherché à lier entreprise et étudiants. “Nous ne pouvons pas nous enfermer sur nous-mêmes. D’ailleurs si nous organisons les forums pour les métiers, c’est pour créer un espace de connaissance entre nous et les entreprises locales. Une occasion de déceler les besoins de ces décideurs, surtout que nous savons, pertinemment, que nos jeunes sont confrontés à un chômage criant et que les filières existantes “n’ouvrent pas les portes”, a-t-il expliqué.  
Cet enseignant, en système de transmission, est convaincu d’avoir réalisé plus qu’il n’espérait. “Ma première préoccupation était de résoudre le problème de la capacité d’accueil. Nous avons pour la première fois de l’histoire de notre boite élaboré un plan stratégique de cinq ans qui retrace nos besoins”, fait-il valoir.
L’ “hypocrisie” et la paresse sont ses “pires ennemis”, aime-t-il à marteler.
Pour ce faire, il s’est approché des partenaires nationaux et internationaux. Ces derniers n’ont pas lésiné sur les moyens. Deux amphithéâtres flambant-neufs, d’une capacité de plus de deux cent places, deux laboratoires plutôt bien équipés seront dédiés aux étudiants en génie civil et en génie informatique sont sortis de terre dans un site de l’Iut qui accueille quatre cent étudiants, selon les registres de cette année.

Une vie dédiée à l’Iut

A l’heure actuelle quatre salles sont en pleine construction. “Les travaux ont été lancés sans financement particulier mais notre volonté nous a permis d’avancer. Étudiants et enseignants contribuent à travers des activités lucratives. Il faut croire à ce qu’on veut”, dira-t-il.
A propos d’action, quand on lui demande son icône, il évoque le nom de l’ancien leader révolutionnaire, Ali wa Swalihi Mtsashiwa. “Non pas parce que nous venons du même village mais pour son pragmatisme”.
Père d’une fille de 10 ans, Ahmed Bacar est né le 25 décembre 1971 à Shuani ya Hambu, à Ngazidja. Il a décroché son bacalauréat D au lycée Saïd Mohamed Cheikh, en 1994. Il est parti à Madagascar où il obtiendra six ans après à l’Institut supérieur polytechnique un diplôme d’ingénieur en informatique avec trois domaines (intelligence artificielle, système d’information et électronique). Dans la Grande île, il était le premier président de la coordination des étudiants comoriens à Madagascar (Cecom). Revenu au pays en 2001, il intègrera l’Université des Comores dès son ouverture, un an plus tard, comme enseignant. Celui qui a toujours rêvé de faire carrière dans l’international a passé toute sa vie professionnelle à l’Iut où il a occupé, pendant huit ans, le poste de chef de la scolarité avant d’en devenir son directeur pour quatre ans.
Entre temps, il dispensait des cours d’informatique dans certains départements. Côté loisir, il se passionne pour le scrabble, l’internet et l’humour. “Je ne rentre que rarement à Shuani. Si je m’y rends je passe environ quarante minutes avec mon père”, résumera ce quadragénaire, fan de Mamane  à Rfi et Gohou.
En mai prochain, une élection est censée avoir lieu pour choisir un nouveau responsable. Ses pairs vont-ils le reconduire ou pas? En attendant, il est “fier d’avoir accompli son devoir en dotant l’Iut d’une visibilité au niveau national et régional”.

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