Avant-hier lundi, le bureau du comité intérimaire était investi administrativement, en présence du ministre de l’Education nationale. Désormais, l’Université des Comores (Udc) retrouvera une relative stabilité dans son fonctionnement. L’intérim décrié pour sa «longévité» (huit mois) par les syndicalistes, assuré par le secrétaire générale de l’institution, Nassurdine Ali Mhoumadi, n’est que de l’histoire ancienne. Ces changements qui s’opèrent au sein de l’Udc sont inscrits noir sur blanc sur le protocole d’accord signé entre le Syndicat des enseignants de l’université (Sneuc) et le gouvernement, le samedi 8 septembre.
Deux jours plus tard, un décret présidentiel valide ce document qui met fin à une grève déclenchée depuis le mois de juin. Mais derrière ce déblocage salué à mille cris, se révèle une autre décision figurant dans ce décret qui suscite un ébahissement : l’annulation du processus électoral en cours depuis quatre mois à l’Université. Et la question que bon nombre de gens se posent est la suivante : l’annulation du scrutin présidentiel de l’Udc était-il le prix à payer pour que cette institution retrouve momentanément le calme ? Toute personne qui suit de près l’évolution de ce feuilleton se poserait sûrement cette question. Et la réponse n’est pas à chercher plus loin. Puisque le Sneuc a récemment admis avoir accepté de laisser de côté l’élection pour débloquer le fonctionnement de l’Udc lors d’un point de presse, tenu jeudi dernier. En retour, les syndicalistes obtenaient le monopole sur la gestion de l’Université pendant une durée de quatre mois.
Origine du combat
Faut-il rappeler que c’est le report du second tour qui est à l’origine des vagues de protestations du syndicat jusqu’ à la signature du protocole d’accord. Celui-ci devait initialement se tenir le 14 mai. Mais, à la dernière minute, à deux jours de l’échéance, le ministre de l’Education de l’époque, Salime Mohamed Abderemane, l’avait suspendu. Pour ce qui est des raisons avancées par le ministère de tutelle, on retrouve, entre autres, l’absence d’isoloir à M’vuni, un présumé climat d’insécurité d’intimidation à Patsy (Ndzuani), une dénonciation «calomnieuse» par un média, un manquement au droit de réserve et à la déontologie et, enfin, le souci de «redonner à l’Université son image».
En regardant de près, dans cette requête déposée par l’un des candidats, rien, à priori, ne prouve que la crédibilité des résultats du premier tour était entamée. Les candidats battus avaient reconnu leur défaite. Certains commençaient même à former des alliances. D’ailleurs lors de la proclamation des résultats, le président du comité électoral s’est réjoui du climat d’apaisement dans lequel avait bénéficié le scrutin. Toutes ces étapes franchies ne constituent-elles pas une raison suffisante pour préserver ce vote ? Et les efforts consentis par Achmet Saïd et Ouledi Ahmed vont voler en éclats. Le bureau élargi et la cellule de crise qui travaillent en concertation avec le Sneuc évoquent dans leurs arguments les menaces pesant sur l’autonomie.
Conserver les acquis du premier tour
Le nouveau comité intérimaire de gestion dont les membres sont des universitaires va, certes, revoir les textes. Mais pourquoi à défaut d’obtenir l’organisation du second tour en deux mois, le comité n’a-t-il pas tout fait pour préserver les acquis d’une telle élection. Ont-ils songé aux efforts des deux candidats arrivés en tête qui ont toujours exprimé leur disponibilité de participer au deuxième tour une fois la date fixée? Quid des mesures entreprises par le Sneuc ces derniers temps pour obtenir ce second tour : interruption pour la validation des examens de la deuxième session, boycott des concours d’entrée à l’université, plus récemment la grève. On reproche, à tort ou à raison, une politisation du processus électoral. Ce qui aurait terni l’image de l’Université.
S’agissant de l’ingérence politique reprochée au premier tour, la faute revient à qui ? Aux candidats qui mobilisaient leurs proches et intimes pour une élection interne ou à ceux qui ont accepté de porter une étiquette de candidat de gouvernement ? Sinon comment se fait-il qu’on ait osé tenter d’utiliser tous les moyens, y compris les plus condamnables, pour obtenir les voix de certains enseignants ? Mais qu’est ce qui garantit que la politique ne s’ingérera pas dans la prochaine élection censée être organisée au mois de décembre ? Le comité intérimaire de gestion va-t-il inventer des moyens extraordinaires pour éviter toute indiscrétion lors de la campagne de cette élection ? Une multitude de questions qui suscitent la curiosité.