Le président de la République, Azali Assoumani, a visité, en fin d’après-midi du mardi 2 juillet, les groupes thématiques réunis à l’Institut universitaire de technologie de Moroni dans le cadre des assises sur l’éducation nationale. La quasi-totalité des professionnels du secteur éducatif, venus de toutes les îles, ainsi que d’autres acteurs du domaine, étaient présents. Chaque thématique (parmi les neuf sélectionnées) a mobilisé des experts locaux. Ces derniers ont passé en revue les consultations populaires menées dans chaque île, les ont confrontées et enrichies par des diagnostics approfondis. En présence du ministre de l’Éducation nationale, Bacar Mvoulana, lors de la visite de certains groupes, le chef de l’État a évalué les modalités de travail des participants et salué leur concentration ainsi que leur engagement.
Le président a encouragé les participants, affirmant reconnaître leur volonté de transformer le système éducatif. Selon lui, la thématique de la gouvernance constitue le cœur des autres problématiques, car elle englobe notamment les textes réglementaires. Il a ainsi appelé à une analyse rigoureuse des textes en vigueur pour s’assurer de leur conformité et identifier ceux devenus obsolètes. Le chef de l’État a toutefois exprimé certaines préoccupations : «Partout, j’entends parler de bénévolat. Je me demande : qui les a recrutés, et sur quelle base ? Sachant que nous avons déjà des difficultés à rémunérer les fonctionnaires et les contractuels.» Il a ajouté : «Je suis néanmoins favorable au financement du secteur privé, car je connais son importance et sa contribution. Mais il est essentiel qu’il respecte les textes qui régissent le secteur éducatif. »
Le président Azali n’a pas pu visiter tous les groupes, notamment celui chargé de la thématique « Financement de l’éducation », dirigé par Dr Ouleidi Ahmed. Ce groupe a présenté un document d’appui indiquant que le coût unitaire par élève pour l’année 2023-2024 s’élève à 68 700 francs pour le primaire, 185 000 francs pour le collège, 216 000 pour le lycée et 135 000 pour l’enseignement supérieur. En mettant en perspective ces coûts avec les ressources allouées par l’État, le document souligne des défis multisectoriels et propose des recommandations, à l’instar des autres groupes. Il précise que, selon le Pib 2020-2024, les investissements publics programmés dans le secteur de l’éducation atteignent 23,7 milliards de francs comoriens.
Selon les membres de ce groupe, les difficultés de financement sont en grande partie dues à une mauvaise gestion au sein du ministère de tutelle. La défaillance dans la gestion des fonds publics et de ceux des partenaires, ainsi que dans la gestion des ressources humaines, seraient l’une des causes majeures du déclin du système éducatif, d’après leurs échanges. La directrice du budget a notamment fait savoir que le ministère de l’Éducation éprouve souvent des difficultés à présenter ses prévisions à temps pour leur intégration dans la loi de finances. Le manque de rigueur dans la gestion budgétaire et du personnel a également été pointé du doigt. Des déficits en enseignants sont constatés dans la majorité des établissements publics, alors que les masses salariales ne cessent d’augmenter.
Par ailleurs, certains enseignants sont affectés à l’administration en tant que surveillants ou secrétaires, tandis que des classes manquent cruellement de professeurs.
D’autres participants sont revenus sur la question de la carte scolaire, évoquant des établissements publics dans un état déplorable. À Mwali, par exemple, certaines écoles manquent de toitures ou de tables-bancs (comme à Itsamia ou Mlabanda), alors que des classes construites dans des zones moins prioritaires restent fermées, faute de besoins réels.