Le chef de l’État, Azali Assoumani, et son gouvernement ont officiellement lancé les Assises nationales sur la transformation de l’éducation (ANTE) par un atelier de restitution des travaux organisé hier, dimanche 15 juin, à l’Université des Comores, sur le site de Patsy, à Ndzuani.
Des consultations techniques dans les îles
Cet atelier de restitution a réuni de nombreux ministres, élus, enseignants, parents, élèves, religieux et notables. Les Ante s’appuient sur une vaste consultation menée à l’échelle des îles. L’événement de ce dimanche s’est déroulé en simultané dans les trois îles, en visioconférence et a été retransmis en direct. Des ateliers thématiques ont été organisés dans chaque région afin de recueillir des propositions. Neuf axes prioritaires structurent les discussions : la qualité de l’enseignement, la formation des enseignants, la gouvernance, le financement, la réforme des contenus pédagogiques, l’encadrement du privé, entre autres.
La restitution des consultations insulaires a été effectuée. Selon le comité scientifique, 500 personnes issues de six communes ont été consultées à Ndzuani. Certaines thématiques, comme le «Palashiyo» et le financement, nécessiteraient selon eux l’intervention de spécialistes. Plusieurs dysfonctionnements ont été relevés durant ces consultations. «Le déficit d’enseignants qualifiés, accentué par leur migration vers le privé, s’accompagne d’un manque d’encadrement et d’une formation initiale souvent incomplète, entre autres. À cela s’ajoutent des lacunes notables en enseignement linguistique, une absence de laboratoires, ainsi qu’un manque d’expérience pédagogique chez certains enseignants. Sur le plan structurel, les participants ont dénoncé la centralisation excessive des services administratifs à Moroni, ainsi que la vétusté de nombreuses infrastructures scolaires jugées dangereuses », a-t-on noté.
Face à ce constat, plusieurs recommandations ont été formulées. «Le recrutement massif d’enseignants, la mise en place d’une formation continue régulière, l’élaboration et l’utilisation de nouveaux manuels scolaires, l’instauration de mécanismes de suivi et de sanction, mais aussi la décentralisation de la gestion administrative de l’éducation. Il a également été proposé de fixer le seuil d’admission au collège à une moyenne de 8/20 », a-t-il été souligné.
Repenser le système éducatif
Dans son discours, le chef de l’État, Azali Assoumani, a officiellement lancé les Assises, qui ont débuté en fin du mois de mai. «Ces assises sont fondamentales dans notre quête d’un meilleur avenir pour notre chère nation. Elles offrent le cadre idéal pour parler de l’éducation dans tous ses aspects. L’éducation est un droit fondamental pour tous nos concitoyens, en tant que vecteur de développement. Il est important de dresser un bilan clair et honnête, en identifiant les acquis et les insuffisances, et en définissant ensemble les orientations stratégiques nécessaires pour bâtir une école comorienne résiliente et inclusive », a-t-il déclaré.
Le chef de l’Etat a ainsi rappelé l’objectif de ces assises qui, selon lui, sont organisées pour repenser le système éducatif, en harmonie avec le Plan Comores émergent (Pce). «L’avenir de l’école se construit dans l’écoute, le dialogue et la prise en compte des réalités locales. La production d’un document de proposition nationale, accompagné d’un programme d’actions est attendu. Ce document stratégique orientera notre politique éducative», a-t-il souligné.
Pour sa part, le ministre de l’Éducation nationale, Bacar Mvoulana, a réitéré l’engagement de son ministère à répondre aux attentes des populations. «Partout où les difficultés seront exprimées, nous répondrons avec engagement. Les préoccupations exprimées ici, que ce soit la question des enseignants ou celle des infrastructures, s’inscrivent dans une réflexion plus large autour des neuf thématiques. Nous avons voulu croiser les savoirs du terrain, les expertises techniques et les aspirations populaires », a-t-il affirmé.
De son côté, le gouverneur de Ndzuani, Dr Zaidou Youssouf, a tenu à saluer l’organisation de ces Assises. Il s’agit, selon lui, d’un signal fort en faveur de l’éducation. «L’émergence de notre pays repose nécessairement sur l’éducation. Sans une école forte, inclusive et équitable, aucun développement durable n’est possible. C’est pourquoi, au nom de la population de Ndzuani, je tiens à remercier le chef de l’État pour avoir instauré cette démocratie éducative. Elle donne la parole à tous les acteurs, et constitue le socle du progrès collectif », a-t-il déclaré.
Le gouverneur de Ndzuani a également plaidé pour un retour de l’éducation civique dans les établissements scolaires. «Un enseignant ne doit pas se contenter de transmettre des savoirs. Il est aussi un éducateur, un modèle de comportement pour nos enfants. Aujourd’hui, notre société est devenue violente et nous en sommes tous, d’une manière ou d’une autre, responsables. Il est temps de réintroduire les valeurs morales et civiques dans l’école comorienne», a-t-il insisté.
On rappelle que les interventions d’Ibrahim Mzé, gouverneur de Ngazidja, et de Chamina Ben Mohamed, gouverneure de Mwali, ont été retransmises en visioconférence.. Des vidéos ont également été projetées. Des intervenants se sont exprimés sur les activités qui ont eu lieu sur le terrain.Pour rappel, les travaux des Assises nationales sur l’Education ont démarré le 29 mai, à travers des consultations techniques au niveau des îles, le lancement officiel hier 15 juin, et les séances de restitution sont prévues du 30 juin au 2 juillet prochain.