Les difficultés soulevées, hier mardi, par le président l’association des étudiants comoriens en Ouganda (Csau), Mohamed Bousri Mmadi Soilihi, se rapportent – comme à Madagascar, mais en moins dramatique – à la question relative au visa de séjour.
Un accord a été signé entre le président Ali Soilihi et son homologue ougandais à l’époque, Idi Amin Dada. Cet accord permet aux étudiants comoriens de se rendre en Ouganda sans visa. Les étudiants ont par la suite un délai d’un ou six mois pour se procurer le visa, commence par exposer Mohamed Bousri.
Pour pouvoir obtenir ce visa, il faut présenter un certificat de scolarité d’une école agréée par les autorités ougandaises. Le problème est que pour pouvoir être accepté dans une école agréée en Ouganda, pays anglophone, l’étudiant comorien doit avoir une connaissance minimum de la langue anglaise ou présenter éventuellement une attestation d’étude de la langue anglaise, en compléments de son dossier.
C’est le chemin suivi par la plupart des étudiants comoriens. Sauf que l’apprentissage de la langue prend trois voire six mois. Les étudiants qui ont donc obtenu un visa d’un mois au moment de leur entrée en Ouganda doivent donc vivre un peu plus de cinq mois dans l’illégalité, avec les risques inhérents.
“Manque de considération”
Le président de la Csau prend son cas en exemple. “J’ai obtenu un visa d’un mois pour Kampala. Sur place j’ai dû suivre des études de langue avant de pouvoir m’inscrire dans une école agréée, l’enseignement se faisant exclusivement en anglais. Mon visa a expiré, à défaut d’un certificat de scolarité d’une école agréée pour pouvoir le renouveler, j’ai vécu cinq mois dans l’illégalité. Les six mois d’apprentissage de la langue accomplis, au moment de renouveler mon visa, avec mon certificat de scolarité en mains, j’ai dû payer une amende de 100 dollars”, explique Mohamed Bousri.
“On peut bien sûr suivre l’apprentissage de la langue anglaise dans une école agréée”, poursuit-il, “mais elles sont chères et les étudiants comoriens choisissent souvent des écoles avec des frais moindres, non agréées cependant”.
Pour le président de Csau tous ces problèmes résident dans le fait qu’il n’y a pas une ambassade des Comores en Ouganda pour notamment orienter les étudiants. Or, précise-t-il, “le pays compte un peu plus de 350 étudiants comoriens”.
L’association se charge de l’orientation des nouveaux étudiants, mais est parfois dépassée. Mohamed Bousri cite le cas d’un étudiant arrêté à la suite d’un contrôle d’identité.
Un étudiant qui se rendait à la mosquée pour la prière du matin a été arrêté après un contrôle. Il s’est avéré que son visa avait expiré depuis six jours. Il a été emprisonné, l’association a dû négocier sa mise en liberté qui a coûté 50 euros, explique-t-il.
Le Csau a puisé dans sa caisse alimentée par les cotisations quotidiennes des étudiants pour payer le montant réclamé. Les étudiants comoriens s’estiment abandonnés à leur sort par le gouvernement comorien.
Pourtant, affirme Mohamed Bousri, “l’Ouganda est classé troisième en Afrique en termes d’enseignement et premier en termes de pratique de la langue anglaise. Les étudiants comoriens y poursuivent des études de droit commercial international, d’administration économique et sociale, de tourisme et de langues entre autres. Nous méritons donc autant de considération que ceux qui sont à Madagascar, au Sénégal, au Maroc, et en Egypte”.
Mohamed Bousri avance qu’une lettre a été envoyée, depuis un bon moment, par l’association au conseiller honoraire des Comores au Kenya pour qu’il agisse en tant que représentant des étudiants comoriens auprès des autorités ougandaises, mais en vain.