Chaque année, les examens nationaux apportent leurs lots d’anecdotes, soit pendant les épreuves ou après les résultats. On peut dire que la session 2025 n’échappe pas à la règle. En effet, l’histoire de Nassurdine Abdou, élève de l’École Madrassat Al islah al islamia, un établissement privé de Mkazi dans la région de Bambao, a tout d’un miracle pour ne pas dire un coup de chance.
Ce candidat de la TA4, déclaré par erreur fraudeur dans un premier temps, découvre quelques jours après la proclamation des résultats qu’il aurait dû figurer sur la liste des admis du premier groupe. Cette rectification portera à 1 095 le nombre de bacheliers du centre de Moroni.
Il faut rappeler que le 30 juillet dernier, après un report de deux jours, les trois îles ont proclamé les résultats du baccalauréat, avec un taux de réussite national inférieur à 20 %. À Ngazidja, la TA4 ne compte que 354 admis au premier groupe sur un total de 3 377 candidats. Un véritable désastre pour cette série qui regroupait à elle seule la moitié des candidats de l’île.
Par curiosité, le jour même, vers 17 heures, l’élève décide de consulter son relevé via l’application de l’Office national des examens et concours (Onec). « À ma grande surprise, je découvre la mention “fraude” sur mon relevé, accompagnée d’une moyenne de 9,80/20. Cela m’étonne. J’ai immédiatement envoyé la photo à mon professeur de philosophie, qui l’a ensuite transmise aux responsables de mon établissement, lesquels me comptaient parmi leurs espoirs», raconte à Al-watwan ce jeune homme de 22 ans.
Dès le 31 juillet, soit donc jeudi, son école se rend au lycée pour essayer de découvrir ce qu’il a pu se passer, mais ce n’est que vendredi que les réclamations officielles commencent. «Avec un cousin et un mon prof de philo, je me suis présenté au lycée, dans la matinée. Le problème, une fois sur place, on m’accuse directement d’être un tricheur. Car il se serait avéré que j’ai corrigé un sujet de mathématiques de la série D au lieu de TA4. Pour eux, soit j’avais réussi à faire rentrer un téléphone, soit une feuille. Ils m’ont demandé de tout déballer. En tout cas, sûr de moi, j’ai nié en bloc», poursuit le bachelier.
Rapport du coordinateur
Au cours de ces échanges avec les responsables de l’examen, Nassurdine a maintenu sa version. «Je leur ai même souligné que l’épreuve des maths m’a même trahi. J’ai d’ailleurs juste rempli seulement les 3 pages de la copie. A ce moment-là, j’ai exigé qu’on me montre la feuille. Ils ont accepté me promettant cependant de me conduire à la gendarmerie, et une suspension de 5 ans, s’il apparait que j’avais bel et bien triché. Avec la tournure que les choses prenaient, mes proches, eux, commençaient à paniquer, me suggérant de tout abandonner pour ne pas risquer un emprisonnement», se souvient-il.
Si Nassurdine avait fini par se résigner, un enseignant, lui, a quand même pris la peine d’envoyer un collègue chercher la copie en question au secrétariat. On y a finalement remarqué que sa feuille d’examen n’avait aucun problème. «Le rapport du coordinateur des mathématiques nous a trompés. Quand il écrivait les fraudeurs, il a indiqué qu’un élève avait traité un sujet de TD au lieu de TA4 mentionnant le numéro d’une enveloppe. Et nous avons compris qu’il s’agissait d’un numéro de table du candidat. Il devait pourtant présenter les copies des fraudeurs. D’où cette malencontreuse confusion. Mais voyant la sérénité du candidat, on est allé vérifier. Avec les points du rachat, il aurait effectivement dû être déclaré admis dès le premier groupe», a reconnu un membre du jury.
Avant le début des épreuves du deuxième groupe, le président du jury l’a convoqué au lycée et lui a tout expliqué, lui promettant de citer son nom lors de la proclamation des résultats. Ce succès représente aussi un baccalauréat de plus pour son établissement, qui comptait jusque-là 13 candidates admises, toutes des filles. «Mon école, ma ville, mes camarades de classe avaient confiance en moi. Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles mes enseignants se sont impliqués dès le départ. De mon côté, j’étais également sûr de n’avoir commis aucune faute», confie, soulagé, le candidat, qui envisage de s’inscrire en département de langues étrangères appliquées (Léa)