L’Union européenne (Ue), la région Réunion, l’agence française de développement (Afd) et l’ambassade de France à Moroni ont, en compagnie du ministère de l’Education nationale et de l’inspection générale de l’éducation, tenu une conférence de presse vendredi dernier à la salle de conférence de l’inspection générale de l’éducation pour annoncer un projet pilote dans trois lycées, à savoir Moroni, Fomboni et Mutsamudu.

Le montant de l’enveloppe allouée est de 130 mille euros (près de 64 millions de francs comoriens). Ce projet consiste, selon les conférenciers, à mener des visites d’études, à poser des actes allant dans la formation continue en faveur des enseignants des disciplines scientifiques, à doter ces lycées d’équipements de laboratoires et des kits d’expérimentations. Il est également question de fournir à ces établissements secondaires des logiciels éducatifs modernes dédiés à l’enseignement et à l’apprentissage des sciences.

L’objectif étant de multiplier les élèves scientifiques dans la mesure où, selon le doyen de l’inspection générale de l’éducation, Said Hussein, les candidats au baccalauréat scientifique ne dépasse pas les 15% du nombre total. Pour le directeur du centre local du centre international d’études pédagogiques (Ciep) à La Réunion, Jean Jacques Vlody, « nous sommes sur la clôture d’un programme qu’on appelle le renforcement de l’enseignement scientifique, le développement de l’enseignement scientifique et les sciences expérimentales aux Comores. Devant la sollicitation de l’État comorien et du ministre de l’éducation en personne, le Ciep a accompagné l’État dans la mise en œuvre d’un programme de coopération. Ce programme a pu être mis en place grâce à des partenariats financiers et des partenariats opérationnels au premier lieu Interreg et au financement de l’Ue, de l’Afd et de l’ambassade de France aux Comores ».

Le projet vise à mettre en œuvre un enseignement des sciences innovant basé sur l’utilisation des derniers outils numériques et privilégiant les manipulations et les expérimentations dans le cadre d’une démarche pédagogique d’investigation, à en croire la note de presse distribuée par les conférenciers.

Ce projet de 18 mois a commencé en décembre 2017 pour prendre fin en ce mois de mai. En effet, selon Jean Jacques Vlody, quatre sessions de formation des enseignants des trois lycées retenus ont eu lieu, dix formateurs étrangers ont intervenu pour 31 enseignants formés (19 Ngazidja, 6 à Mwali et 6 à Ndzuani).

L’année dernière, nous avions 85 % des candidats au baccalauréat dans les séries littéraires et donc 15% dans les séries C et D. Nous savons pourtant que les séries scientifiques offrent des débouchés plus étendus pour plus de garantie d’emplois après la Licence. Ce qui est tout le contraire des formations littéraires. Nous devons donc diminuer l’enseignement général au profit de l’enseignement technique », a fait savoir Said Hussein, pour qui l’orientation des élèves est à revoir, ainsi que le système de notation des enseignants.

« Nous avons moins d’élèves scientifiques parce qu’entre autres, l’orientation des élèves n’est pas conforme. L’on regarde en premier lieu les matières scientifiques et dès lors que les notes ne sont pas bonnes, l’on oriente automatiquement l’élève vers les classes littéraires sans même jeter un œil sur les notes littéraires. Il y a également des enseignants qui estiment que pour eux, aucun élève aussi bon soit-il, ne peut avoir une note qui excède 13 alors qu’en réalité, il aurait pu donner un 16 », a-t-il déploré avant de proposer d’orienter les élèves vers les classes scientifiques, augmenter les formations techniques et revoir le système de notation des enseignants pour atteindre le chiffre de 50% de candidats scientifiques au baccalauréat.

Selon les partenaires, ce projet de formation des enseignants sur les sciences expérimentales se poursuivra l’année prochaine et au lieu de trois lycées actuellement, il sera question de douze établissements. « Un pôle de formation sera mis en place et formé à La Réunion pour qu’il forme à son tour les enseignants comoriens », a-t-on affirmé.