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Crise du personnel enseignant I À Mde, une école menacée par l’absence de remplaçants

Crise du personnel enseignant I À Mde, une école menacée par l’absence de remplaçants

Éducation | -   Hamidou Ali

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Départs à la retraite non remplacés, classes surchargées, direction vacante : l’école primaire publique de Mde ya Bambao s’enlise dans une crise qui menace la qualité de l’enseignement et l’organisation scolaire.

 

L’école primaire publique de Mde ya Bambao traverse une crise qui s’aggrave d’année en année. Le manque d’enseignants, jamais comblé depuis plusieurs rentrées, pèse désormais sur toute l’organisation de l’établissement. Et la situation pourrait encore se compliquer : l’école risque de perdre son directeur sans que personne ne puisse le remplacer.Le directeur Youssouf Bacar aurait dû faire valoir ses droits à la retraite depuis le 1er octobre 2025. Mais faute de personnel disponible, il continue d’assurer ses fonctions, en cumulant la direction de l’établissement et l’enseignement d’une classe de CP1. « Le ministère de l’Éducation nationale ne remplace plus les instituteurs partis à la retraite. Et plus l’effectif augmente, plus le manque d’enseignants se multiplient», déplore-t-il. «Personne n’accepte de prendre la direction ni d’enseigner la classe de CP1 dans les conditions actuelles », ajoute-t-il.


L’école accueille pourtant 267 élèves, un effectif en baisse selon le directeur, qui attribue ce recul à la difficulté de gestion des enfants dans un contexte de sous-effectif du personnel enseignant. Les sept divisions de l’établissement dépendent entièrement du nombre d’instituteurs affectés par le ministère. Pour alléger la charge, Youssouf Bacar a fait appel à une bénévole qui encadre seule 46 enfants de 3 à 5 ans. Faute d’enseignants, ces élèves devraient normalement occuper deux salles distinctes, mais se retrouvent regroupés dans une seule classe.La surcharge touche également le cycle primaire. Les classes de CP1 et CP2 totalisent 104 élèves, dont 51 pour la seule CP1. Une situation qui interroge les capacités d’encadrement et de suivi pédagogique.

 

Pour le directeur, ce regroupement reste toutefois moins pénalisant que l’alternance des cours, qui aurait obligé les enfants à se partager les jours de la semaine.L’établissement dispose pourtant d’infrastructures enviables : une bibliothèque et plusieurs salles de classe inutilisées faute de personnel enseignant. Et en raison de la baisse des effectifs, l’école ne dispense plus de cours l’après-midi. Les difficultés sont particulièrement marquées de la maternelle à la classe de CE1, alors que les niveaux supérieurs (CE2, CM1 et CM2) ne rencontrent pas les mêmes obstacles.Malgré ces conditions, l’école affichait jusqu’ici de bons résultats à l’examen d’entrée en sixième, avec un taux de réussite avoisinant les 80 %. Un parent d’élève, ancien agent du ministère de la Fonction publique, se dit toutefois inquiet. «Malgré les contrôles effectués ces deux dernières années, aucun rapport n’a été rendu public. Des enseignants continuent d’être payés sans exercer, et ce sont nos enfants qui en subissent les conséquences», regrette ce dernier.

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