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Saïd Ali Ahmed, directeur du lycée d’excellence de Ndzuani  «Il y a plusieurs facteurs qui expliquent ces résultats»

Saïd Ali Ahmed, directeur du lycée d’excellence de Ndzuani  «Il y a plusieurs facteurs qui expliquent ces résultats»

Éducation | -   Sardou Moussa

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Comparés à ceux des sessions précédentes du baccalauréat, les résultats de la terminale du lycée d’excellence de Ndzuani de cette année paraissent moins reluisants. Sur les 19 candidats issus de cette classe, 3 avaient failli rater la marche, tandis 4 autres l’ont franchi de justesse. Dans cette interview, Saïd Ali Ahmed, le directeur de cette unité d’«élites», ne broie pourtant pas du noir. Bien au contraire.

 


Au baccalauréat de cette année, sur les 19 candidats des classes scientifiques d’excellence de Ndzuani, 3 ont du se rattraper aux épreuves orales du deuxième groupe, 4 ont été déclarés admis sans mention élogieuse, 2 avec mention «Bien» et les 10 restants avec mention «Assez-bien». Etes-vous satisfait de ces résultats ?


J’en suis satisfait, car ces résultats ont également satisfait les parents des élèves et l’exécutif de l’île. N’oublions pas que les conditions avaient changé cette année : ces élèves n’étaient plus à l’internat, il y a eu la grève des enseignants, le non-paiement du mois de mai à ces derniers… tout cela a affecté l’enseignement d’une manière générale.

Malgré tout je trouve que ces résultats sont satisfaisants, même si l’on aurait aimé les voir encore meilleurs,  et je félicite l’exécutif, surtout le gouverneur et les responsables du commissariat à l’enseignement, ainsi que les enseignants de ce pôle. L’essentiel est que tous ses élèves ont décroché leurs diplômes, maintenant il reste au gouvernement de les soutenir avec les bourses d’études.

 


Comment pouvez-vous en être, à ce point satisfait, alors que sur les 17 mentions «Bien» décrochées globalement par les séries C et D, 2 seulement ont été attribuées à l’excellence ? Les années précédentes, ce pôle «monopolisait» presque les mentions…


Comme je viens de le dire, il y a plusieurs facteurs qui expliquent ces résultats. Quand le gouverneur Salami a succédé à Anissi, un changement de régime suivi peu après par la rentrée scolaire, beaucoup de gens, de par  ce qui se disait, avaient pensé que ce pôle d’excellence n’allait plus continuer à exister.

Certains de ses élèves l’avaient même fui. Les élèves de cette année ne provenaient donc pas des classes d’excellence du lycée, mais ont été «recrutés» par concours, issus d’écoles diverses. Leurs prédécesseurs vivaient à l’internat, ce qui facilitait leur encadrement, mais eux rentrent chez eux et l’on sait qu’avec l’avènement d’internet, les élèves perdent beaucoup de temps dedans au lieu d’étudier.

A l’internat, ils étaient suivis ; des gens les contrôlaient… s’ils avaient révisé, s’ils s’étaient rendus à la bibliothèque… tout cela a disparu à cause du fait que l’internat n’est plus.

 


Et pourquoi n’y a-t-il plus d’internat, justement ?


L’actuel exécutif a hérité de beaucoup de dettes contractées au non de ce lycée d’excellence, qui tourneraient autour de 18 millions de francs. Il m’arrive encore d’être interpellé par des gens dans la rue, qui réclament de l’argent à l’excellence, et récemment j’ai même reçu une facture d’arriéré de paiement d’Electricité d’Anjouan d’un montant d’1 million. 

Le gouverneur a eu peur de retomber dans la même spirale d’endettement, et il a préféré rogner le budget de fonctionnement du gouvernorat pour financer le lycée.

Aujourd’hui nos charges mensuelles s’élèvent à un peu plus de 2 millions de francs, soit dix-huit millions annuels, alors qu’avant il pouvait parfois dépasser les 80 millions. Pour que l’excellence ne meure pas, le gouverneur Salami, après avoir discuté du sujet avec ses conseillers, a décidé qu’au lieu d’interner les élèves, ces derniers devaient recevoir des bourses.

 


 

Nous l’avons compris, le lycée d’«excellence» d’aujourd’hui à peu à voir avec celui d’hier. Comment est-il maintenant structuré ?


Comme je l’ai expliqué, l’excellence d’aujourd’hui ne loue plus de maison : la seconde, la première et la terminale sont abritées dans trois salles au lycée de Mutsamudu, et il n’y a pas d’internat.

On ne sert plus de repas à ses élèves ; ils perçoivent une bourse de 30.000 ou 35.000 francs, qui leur permet, avec l’aide de leur famille, de louer une maison à plusieurs, de se nourrir et de réviser ensemble. Ce sont les principaux changements opérés, sinon le projet reste le même.

 


L’exécutif précédent, initiateur de ce projet,  avait l’habitude de prendre en charge les tickets de voyage des bacheliers du lycée d’excellence qui souhaitaient aller poursuivre leurs études à l’étranger. Est-ce toujours le cas ?


Je ne sais pas encore si une telle chose est prévue ; il faudrait peut-être interroger le commissariat. Le gouverneur Salami a, toutefois, dit aux parents des élèves qu’il avait reçus dernièrement, qu’il attend de voir ce qu’apportera le gouvernement central en termes de bourses d’études à ces bacheliers, pour voir ce qu’il peut faire ensuite  de son côté.

Maintenant je me demande : ces enfants ont coûté de l’argent, ils ont finalement le bac et ils iront étudier à l’étranger.
Est-ce qu’ils seront suivis dans leur cursus universitaire ? Ont-ils été orientés ? Je crois que cela n’a jusqu’à présent pas été fait, mais c’est ce qu’a souhaité le gouverneur lors de ces échanges.

Un séminaire sera bientôt organisé par l’exécutif et, entre autres sujets qui seront discutés, il y aura cette question de l’orientation des bacheliers de l’excellence.


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