Dans certaines régions, des élèves de terminale quittent les bancs du lycée dès la fin du mois d’avril pour suivre des cours particuliers payants. Un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur, et qui met en cause l’utilité de suivre les cours en classe. Interrogé à ce propos, un élève redoublant de la classe de terminale A4 au lycée de Chezani-Mbwanku, Chouma Mohamed Naoufal, a indiqué que ce mouvement est observé depuis déjà quelques années.
«Il est évident et compréhensible que les élèves de terminale n’assistent plus aux cours durant les dernières semaines du mois de mai pour se consacrer aux révisions. Toutefois, le problème se pose quand ils désertent les classes dès le mois d’avril, voire plus tôt», a-t-il confié. Certains élèves pensent en effet qu’il ne sert à rien d’aller au lycée puisque tous les cours sont dispensés ailleurs de manière plus efficace.
Ce phénomène, devenu un marché lucratif pour certains enseignants, est surtout constaté dans les lycées publics du pays. Des enseignants expliquent que cela est dû au fait que leurs élèves rapportent un retard dans le programme par rapport à ceux des écoles privées. «C’est ce qui fait que les parents de ces enfants sont prêts à payer une somme colossale pour un ou deux mois de cours de soutien avant les épreuves du baccalauréat», explique l’enseignant de français Dahalani Mohamed.
Un marché lucratif
Ce dernier a dénoncé le fait que «certains enseignants, pourtant bien payés pour dispenser le programme dans un environnement éducatif conforme, recourent aux cours payants pour engranger des sommes importantes allant jusqu’à 30 000 francs par mois». Il demande que des mesures soient prises pour mettre un terme à cette problématique qui, «remet en question l’efficacité même du système éducatif».
Un autre élève de terminale D au lycée de Moroni, Abdou Idrisse, a mis en exergue «les méthodes pédagogiques». «Nous ne faisons pas assez d’exercices d’application. Par conséquent, nous n’avons pas le choix. Nous devons suivre des cours particuliers payants. En groupe ou individuellement, nous faisons des exercices et on corrige de sujets de bac basés sur les annales», s’est-il justifié. Les préoccupations varient.
Si certains dénoncent les coûts élevés de ces séances, souvent tenues la nuit, Moustadrane Mohamed s’inquiète surtout des «conditions inconfortables dans lesquelles ces cours sont dispensés». Selon lui, «bien que certains accueillent les candidats dans leurs salons ou des espaces improvisés, d’autres les tiennent même dans des studios dépourvus de toute norme de sécurité et d’hygiène». «Pire encore, ces enseignants attirent des élèves en publiant des annonces sur les réseaux sociaux, prétendant qu’avec eux, le bac est assuré», s’est moqué ce dernier.
Par Mohamed Nourou Athoumani